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En tête-à-tête avec Rufus

Photo: Yves Provencher/Métro

Rufus Wainwright a clos avec brio dimanche sa série de trois concerts intimistes au Théâtre du Nouveau Monde. Le Montréalais s’est plongé dans une rétrospective de sa carrière, dans un spectacle qui paraissait tout sauf solo, puisque le public a pu le contempler sous toutes ses facettes.

C’est d’abord Rufus la rock star qui est entré en scène, accoutré d’un costume scintillant et de verres fumés, les papillons dans le ventre comme un jeune premier. Il a attaqué les premières notes au piano avec Grey Gardens, un de ses succès du début des années 2000, révélant encore une fois la richesse harmonique de sa voix. Puis il a rapidement laissé tomber les lunettes de soleil, s’est décontracté un peu et a entonné la touchante Montauk, composée plus récemment pour sa fille Viva, peu de temps après la mort de Kate McGarrigle.

L’esprit de sa mère Kate n’était d’ailleurs jamais bien loin tout au long de la soirée. Notamment lorsque Rufus a poussé a cappella Candles en hommage à cette dernière. Il a ensuite invité à venir sur scène une bonne partie du clan Wainwright-McGarrigle, dont plusieurs membres moins connus. Aux deux habituelles tantes complices, Anna et Jane, se sont jointes Lucy, la demi-sœur de Rufus qui assurait la première partie, et Lily, sa cousine. Ils ont tous en chœur interprété une chanson de Kate pour Kate: On my way to town. Touchant.

Mis à nu, sans artifice, Rufus s’est «enfargé» à plusieurs reprises sur quelques vers, mais le public lui pardonnait immédiatement. C’est tout juste s’il s’en apercevait vu son goût pour l’authenticité de la performance offerte. Le musicien s’est par ailleurs adressé à la foule plusieurs fois dans un français cassé, mais charmant.

Des artifices, il y en a tout de même eu au cours de cette soirée. Si l’on revient aux personnages qui habitent le chanteur canado-américain, il y avait aussi Rufus le comédien. Racontant avoir entendu des voix toutes la journée, il a ressuscité Liza Minelli (sa demi-sœur déguisée) le temps de chanter Me and Liza, de son récent coffret Vibrate: The Best of Rufus Wainwright. La chanteuse, dont Rufus s’avoue fan, s’était dite vexée en 2006 après le concert-hommage à sa mère Judy Garland, produit par le chanteur. La mise en scène, sous des faux-airs de règlements de comptes, était cocasse et le chanteur a blagué sur la remarque de Ellen «not so Dgenerous» aux derniers Oscars, qui avait suggéré que Liza Minelli serait en fait un homme.

Un autre artifice qui a ponctué le concert de dimanche, tout en opéra celui-là, a été l’interprétation d’une des pièces en français (Les feux d’artifice t’appellent) qui figure sur l’opéra qu’il a composé, Prima Donna, et qui raconte l’histoire d’une cantatrice postée sur un balcon de Paris, qui remet en question la poursuite de sa carrière.

Contemplant des feux d’artifice, elle constate qu’ils sont beaux, mais que «ça ne dure pas longtemps.» Prima Donna pourra être monté grâce à une campagne de socio-financement qui a bien fonctionné. En rappel, Rufus a d’ailleurs invité plusieurs fans contributeurs à venir l’accompagner sur scène pour sa célèbre reprise d’Hallelujah.

Rufus Wainwright a dit espérer pouvoir venir présenter son opéra à Montréal. Le public n’avait que les mots «nous aussi» suspendus aux lèvres.

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