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Le vrai du faux: le gars des vues

Photo: Les films Séville

Après avoir fait deux fois équipe avec Louis-José Houde et Michel Côté, Émile Gaudreault (De père en flic, Le sens de l’humour) a recours pour Le vrai du faux aux services d’un nouveau duo: Stéphane Rousseau et Mathieu Quesnel.

Un cinéaste au bord de l’épuisement professionnel qui décide de faire un film sur un militaire revenu d’Afghanistan en état de choc post-traumatique, mis en contact avec lui par l’intermédiaire de sa psychologue. Cette prémisse apparaîtra peut-être familière aux habitués du théâtre, puisque le nouveau film d’Émile Gaudreault, Le vrai du faux, est basé sur la pièce Au champ de Mars, du coscénariste Pierre-Michel Tremblay, présentée à La Licorne puis au Rideau Vert il y a environ quatre ans.

«J’ai vu la pièce à La Licorne et j’ai beaucoup aimé le sujet et le ton, se souvient Émile Gaudreault. Et j’ai dit à Pierre-Michel: “Je pense qu’il y a un film à faire avec ça.’’» Un film… qui a fini par voir le jour après une trentaine de versions de la pièce. «On est partis de la pièce, on a écrit des versions qui s’en approchaient, puis tranquillement, on a oublié la forme originale, décrit le réalisateur. C’est resté l’ADN de la pièce, mais on en a fait un autre animal adapté pour le cinéma. On a ajouté les personnages de l’ex (Marie-Ève Milot) et des parents (Guylaine Tremblay et Normand D’Amour), on a donné davantage d’importance à la rencontre entre le réalisateur (Stéphane Rousseau) et le soldat (Mathieu Quesnel)… Il fallait que ça soit cinématographique.»

Ce que le cinéaste tenait à garder, toutefois, c’est le traitement d’un sujet grave avec une certaine légèreté, l’équilibre entre charge émotive et rire. La ligne («la cr… de ligne!» rigole-t-il) est mince quand on cherche cet équilibre. Le secret pour y arriver se situait bien sûr dans le montage («Ça nous a pris cinq mois, on a fait une version plus dure, une version plus comique, et aucune des deux ne fonctionnait, jusqu’à ce qu’on arrive au résultat actuel deux semaines avant la fin du montage et qu’on se dise: “Voilà, on l’a’’», raconte Gaudreault), mais surtout dans le choix des acteurs. «J’ai choisi de bons comédiens qui ont du charisme, mais surtout le sens de la comédie, qui sont capables d’être très vrais tout en gardant le rythme, précise le réalisateur. Quand on fait des auditions, on entend encore et encore nos textes dits de la mauvaise façon, sans l’ironie, sans le rythme voulu… C’est comme si on composait une partition avec des notes difficiles à aller chercher et qu’on entendait les musiciens jouer juste la base, jusqu’à ce que quelqu’un arrive et tombe pile sur les notes qu’on avait en tête.»

C’est d’ailleurs la raison pour laquelle le réalisateur travaille souvent avec des humoristes, une chose qui paraît naturelle à l’ancien membre du Groupe sanguin: «Ayant moi-même été humoriste, c’est comme si j’étais un Noir et qu’on me disait: “Tu as choisi un Noir pour ton film”… Je ne vois pas des humoristes, je vois des gens drôles et charismatiques. Quand j’avais engagé Louis-José Houde pour De père en flic, les journalistes me disaient que j’avais pris un gros risque, alors que c’est la chose la moins risquée que j’ai faite dans ma carrière: j’ai choisi le gars de 30 ans le plus drôle au Québec!»

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On aurait pu croire que Mathieu Quesnel (découvert par plusieurs comme un des comédiens maison de SNL Québec) aurait été le choix naturel pour jouer aux côtés de Stéphane Rousseau, puisque c’est lui qui interprétait le soldat sur les planches, mais l’acteur a dû se soumettre au processus d’auditions. «Ce n’est pas parce qu’il était bon au théâtre qu’il le serait aussi au cinéma, fait valoir Gaudreault. Mais j’ai vite constaté qu’il était habité par ce personnage qui, par ailleurs, est plus grand que nature et a un petit côté théâtral. Mathieu dégage à la fois une force et une grande fragilité, il a le sens de la comédie, et tout passe par ses yeux.»

Pour se glisser au grand écran dans la peau de ce personnage qu’il a joué pendant plusieurs années, Mathieu Quesnel a tout de même eu à s’adapter. «Dans la pièce, le soldat était encore plus délabré physiquement et intérieurement; dans le film, on a accès au romantisme du personnage, aussi grossier soit-il, compare-t-il. Et pour la pièce, j’avais fait beaucoup de recherches, écouté tous les films de guerre du club vidéo, des documentaires sur le choc post-traumatique, pour avoir des images en tête quand je parlerais de l’Afghanistan.»

C’est que, rappelle-t-il, «pour les personnages, ce n’est pas drôle. C’était le défi constant, mais en fait, c’est ça, la comédie: montrer l’humain sous toutes ses facettes. Il y a de l’humour dans la comédie, mais des fois, on montre nos travers et c’est plus sombre.»

Le vrai du faux Mathieu Quesnel crédit Séville
«Comme je ne suis pas humoriste de formation, quand l’objectif est de faire rire, ça me stresse. Ce qui était bien dans le fait de jouer aux côtés de Stéphane Rousseau, c’est que je n’avais pas à penser à être drôle.» – Mathieu Quesnel, qui a retrouvé son partenaire de jeu du film Le vrai du faux sur le plateau de SNL Québec / Les films Séville

[youtube https://www.youtube.com/watch?v=ZxVofw6RFn8]
Le vrai du faux
En salle dès mercredi

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