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Scarlett Jane: «Il y a toujours elle et moi»

Photo: collaboration spéciale

Il n’y a ni Scarlett ni Jane dans le duo Scarlett Jane. Ce qu’il y a? Deux filles passionnées de country folk, qui proposent des airs de cœurs brisés d’une grande élégance.

Depuis janvier, la vie de Cindy Doire a pris un tournant aussi ensoleillé qu’enthousiasmant. Après près d’une décennie à parcourir les routes et à donner des tonnes de concerts, la guitariste, bassiste et chanteuse a vu sa carrière prendre un nouvel envol.

En janvier, la maison de disques Warner a redistribué Stranger, un album que l’artiste avait lancé, en 2012, avec sa grande amie Andrea Ramolo. Complices depuis une décennie, les deux jeunes femmes se produisent sous le nom de Scarlett Jane et créent ensemble des chansons aux accents harmonieux, tristes, raffinés.

Le jour de notre entretien, on attrape Cindy Doire alors qu’elle est plongée dans une «grande discussion» avec sa coloc, Tricia Foster, également musicienne, franco-ontarienne comme elle. «On boit un p’tit café, c’est le fun!» lance-t-elle.

C’est que Cindy et Andrea aiment se tenir en bande de filles, entourées d’autres artistes. «Il faut vraiment unir nos forces et c’est ça qu’on fait!» s’exclame la première moitié de Scarlett Jane dans un français impeccable lorsqu’on la joint à son numéro au code indicatif de Montréal, ville avec laquelle elle vit une grande histoire d’amour.

Vous avez un numéro dans le 514, mais vous habitez toujours à Toronto, non?
Oui! (Rires) J’ai passé beaucoup de temps à déménager et à bouger. Finalement, j’ai décidé de garder mon numéro de Montréal, parce que je suis attachée au Québec. Le numéro, c’est comme un code postal!

Dernièrement, à Ottawa, vous avez participé avec plusieurs musiciennes, dont Tricia Foster, Geneviève Toupin et Lisa Leblanc, au concert De rose et de fer. Trouvez-vous une force dans le fait de partager la scène avec d’autres filles? Est-ce qu’il y a une unité qui se crée?
Oh! Andrea et moi, on adore unir nos forces avec d’autres femmes! «La femme forte a des amies, la femme faible a des amants.» C’est une phrase que ma mère m’a dite et qui m’est vraiment restée dans la tête. C’est vrai, entre amies, on rit de tout et de rien et on peut refaire le monde. Seule, c’est vraiment une aventure qui peut être difficile. Avoir ce soutien indéfectible, ça apporte beaucoup d’inspiration. Avec Andrea, c’est une aventure partagée; on n’est jamais vraiment seules. Il y a toujours elle et moi.

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Sur des chansons comme Ride On, on sent vos influences country western. Vous parlez d’or, de rails de train, d’imagerie tirée de films de cow-boys. Vous en avez écouté beaucoup, des westerns et de la musique country dans votre jeunesse?
Oui! Andrea et moi, on est passées par toutes les phases: Janis Joplin, Led Zeppelin, mais aussi Dolly Parton et tous les chanteurs folk. J’adore le roots, le folk et le vieux, vieux, vieux country western. Il y a une tristesse et une pesanteur qui m’ont toujours attirée dans ce genre de musique. Ride On, c’est inspiré par une ville presque fantôme dans le nord de l’Ontario, qui a cette espèce de feeling d’abandon.

On vous a qualifiées de duo country-pop, parfois de groupe de folk noir. Est-ce que ce sont des adjectifs que vous aimez? Dans lesquels vous vous retrouvez? Qu’est-ce que vous préférez?
C’est drôle parce que, lorsqu’on s’est dit qu’on allait commencer un groupe, on voulait vraiment que ce soit un groupe rock and roll! Finalement, on n’a pas écrit de tounes assez rock! (Rires) C’était plus fort que nous. Dans notre musique, il y a cette pesanteur qui fait le folk noir, mais il y a aussi un côté country-pop, c’est certain. Et puis, il y a quand même un peu de rock and roll… je pense!

Ça fait des années que vous faites de la tournée. Vous avez travaillé extrêmement fort tout au long de votre carrière. Est-ce que vous sentez que cette année, c’est le moment où tout explose pour vous?
C’est drôle, hier, Andrea et moi, on a eu un p’tit moment où on s’est dit : «Heille, tu te souviens? Le printemps dernier, on se préparait pour une grande tournée de trois mois. C’était une tournée qu’on avait bookée nous-mêmes; on avait plus de 60 dates et on était dans le jus total. On faisait les affiches, on les imprimait, on les envoyait… on faisait toute la promo. Tout, tout, tout. Je ne sais pas comment on a fait pour ne pas virer folles! (Rires) Maintenant, on peut vraiment mettre notre énergie dans la création ou dans le travail de musique. Mais on ne le tient pas pour acquis!

Stranger est sorti en 2012, a été remixé [par Laurence Currie], puis redistribué par Warner cet hiver. On imagine que ce processus a donné une nouvelle vie à vos chansons?
Vraiment! J’avoue que, au début, lorsque notre gérant nous a suggéré de remixer nos chansons, Andrea et moi on s’est dit pourquoi faire ça? Pourquoi ne pas faire un autre album? On est prêtes, on a les tounes, envoie-nous au studio! Finalement, il nous a convaincues. Et tant mieux, parce que c’est comme si Laurence avait déterré plein de surprises! Il a enlevé la couverture qui cachait plein de belles petites choses.

Vos chansons, comme Oh Darling, par exemple, explorent souvent des choses très tristes, des peines d’amour. Trouvez-vous plus facile d’en parler en musique que dans la vie normale, entre guillemets?
Avoir le cœur brisé, tout le monde le sait, c’est une des pires choses que l’on puisse traverser. Souvent, dans ces moments, on veut communiquer un dernier mot à notre ex pour nous libérer un peu de tout ce qu’on traverse, ou tout ce qu’on n’a pas vraiment eu l’occasion de bien lui dire. Avec la musique, on vit ce processus en album! (Rires) Au lieu d’écrire une lettre à notre ex, on écrit une chanson. Je pense qu’avoir accès à toutes ces émotions, c’est vraiment un outil. Les émotions, on les accueille à bras ouverts. C’est vraiment quelque chose qui nous apporte beaucoup d’inspiration. Donc, bring them on!

L’album s’ouvre sur Aching Heart, une chanson qui démontre à la fois votre grande force et votre vulnérabilité. La dernière piste de l’album, c’est Mon cœur se brise, soit Aching Heart en français. Trouvez-vous que c’est la pièce qui vous représente le mieux? Est-ce celle que vous souhaitiez qui vous représente auprès des francophones et des anglophones?
Absolument, surtout qu’on adore les langues. Je suis bilingue, donc je trouvais ça parfait que Aching Heart se retrouve au début et à la fin de l’album. Et puis oui, musicalement, cette chanson nous représente – toutes nos chansons nous représentent! – mais Andrea et moi, ça fait 10 ans qu’on se connait. On s’est toujours entraidées, tout au long de nos carrières solo. Toutes les deux, on a quitté nos chums en même temps. [Quand c’est arrivé], Andrea m’avait appelée. Elle était sur la route, elle était complètement découragée, elle allait lâcher la musique. Au bout du fil, je lui ai dit : je ne peux pas te laisser faire ça. Pourquoi on ne commence pas un groupe ensemble? C’est maintenant qu’il faut le faire. Et on l’a fait. Pour nous, c’est vraiment la chanson qui représente ces deux parcours, ces deux cœurs brisés qui finissent par en devenir un seul.

Donc, les groupes où on se lance des bouteilles par dessus la tête et où on se chicane, ce n’est pas vous. Vous, l’amitié aide la musique.
Ouais! (Rires) On est quand même comme un couple marié. On a un compte de banque ensemble! (Rires) La communication, c’est vraiment la chose la plus importante dans toutes les relations. Je trouve qu’on a un beau modèle. On respecte toujours l’autre et on s’assure qu’on se sent comprise. On est toujours en train de négocier et… on est bonnes! J’avoue que ça m’impressionne!

Scarlett Jane
Au Savoy du Métropolis
Demain et dimanche à 19h

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