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I Origins: le miroir de l’âme

Photo: 20th Century Fox

Dès jeudi prochain, le festival Fantasia prendra d’assaut Montréal. Parmi les nombreux films de genre à l’affiche, les fanas pourront notamment se régaler de I Origins. Réalisé par le cinéaste brooklynois Mike Cahill, qui s’était auparavant fait remarquer avec Another Earth, cette œuvre de science, de fiction et de spiritualité met en scène Michael Pitt dans la peau d’un chercheur qui découvre que certaines choses transcendent la logique froide et méthodique. Entretien avec Mike-le-cinéaste et Michael-l’acteur, deux artistes qui n’ont pas peur de s’attaquer à de grands concepts.

On utilise si souvent l’expression «les yeux sont le miroir de l’âme» que l’aura mystique de cette maxime a pâli. Pourtant, l’idée reste fascinante, non? Faisant fi de l’enrobage cliché qui l’entoure, le réalisateur et scénariste américain Mike Cahill a basé tout son nouveau film sur cette métaphore. Les yeux offrent une fenêtre vers l’esprit, donc. Mais à quel point profonde, à quel point insondable?

Dans ce long métrage dont le titre joue, bien sûr, sur le lien entre le «je», I, et «l’œil», eye, on suit un biologiste moléculaire, incarné par Michael Pitt, qui s’intéresse, justement, au regard. Il assure ne croire en rien, «sauf aux preuves, aux données et aux faits». Mais sa rencontre avec une mystérieuse jeune femme aux yeux magnifiques chamboule ses convictions. Peu à peu, il réalise que la science et les croyances peuvent, peut-être, aller de pair.

Aussi cérébral que puisse être son protagoniste, Pitt, acteur trentenaire qu’on a pu voir dans Soie, de François Girard, et dans la télésérie Boardwalk Empire, subit un changement majeur dans ce film. Autant extérieur qu’intérieur. Rigide et glacé au départ, il finit par s’ouvrir à l’idée qu’il existe quelque chose de plus grand que lui. Dans son corps entier, on sent alors un relâchement, un calme, une chaleur. «Je crois que, pour chaque rôle, il y a les émotions qui se passent en nous et il y a leur manifestation physique, remarque-t-il. Mais dans ce cas précis, mon intention était vraiment de mettre l’accent sur les deux. C’est ce que je tentais d’accomplir.»

Cette métamorphose graduelle se reflète également sur le plan esthétique. Des teintes bleues, grises et cliniques du laboratoire du héros et de New York, on passe finalement à une lumière éblouissante, pure, éclatante. La seconde partie du récit se déroule d’ailleurs en Inde, ici présentée comme un berceau de la spiritualité. «On voulait passer d’une texture de film indie new-yorkais à quelque chose de plus en plus grand, de plus en plus vif et de plus en plus saturé, explique Mike Cahill. Durant le tournage, comme durant la post-production, on a rehaussé les couleurs afin qu’elles soient en phase avec le point de vue des personnages, avec la forme de l’histoire et avec la dimension épique du thème.»

I, Origins
Le scientifique et la grande rêveuse, incarnés par Michael Pitt et Àstrid Bergès-Frisbey, vivent une folle histoire d’amour dans I Origins./20th Century Fox

Non, Cahill n’a pas peur d’employer des mots comme «épique» pour parler des sujets dont il traite dans ses films. Le réalisateur dit d’ailleurs utiliser le septième art pour sonder les «grandes questions». D’où l’on vient, où l’on va, pourquoi diable sommes-nous ici? Sent-il que, jusqu’à présent, le cinéma l’a aidé à répondre à certaines de ces interrogations? «Hmmm… le cinéma m’a plutôt rendu avide de continuer à explorer ces thèmes, concède-t-il. Je viens de revoir I Origins et, même si je l’ai vu 400 fois, je suis ému aux larmes. À chaque fois. Je suis très fier de cette réalisation et je suis émerveillé par le travail de mes collaborateurs. C’est incroyablement enrichissant et artistiquement satisfaisant. Ça me donne juste envie de continuer.»

Se déroulant à New York, puis en Inde, donc, I Origins explore aussi le clash entre la façon nord-américaine, plus pragmatique, de percevoir la spiritualité, et celle, très naturelle, de l’Asie. Présentant également deux histoires d’amour, entre Michael Pitt et deux femmes aux antipodes l’une de l’autre, le long métrage s’intéresse à deux types de relations. La première, faite de coïncidences dignes des plus grandes romances, de passion complètement folle et de soif insatiable. La seconde, remplie de respect, de compréhension et de partage avec quelqu’un qui pense comme soi, qui voit le monde de la même façon et qui est aussi affamé que soi de vérité.

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Pour rythmer cette épopée, Cahill a notamment utilisé, dans sa bande sonore, une bien nommée pièce de Radiohead: Motion Picture Soundtrack. Était-ce une façon d’ajouter une autre couche à ce film qui en possède déjà plusieurs? Après un moment, Cahill répond lentement. «Je vais vous dire un truc… Je ne suis pas sûr que notre monde soit réel. Je ne suis pas sûr que moi, je suis réel. Je ne suis pas sûr que notre discussion est réelle, que cette table est réelle, que la pluie derrière la vitre est réelle. On parle d’une chanson qui s’appelle Motion Picture Soundtrack et qui fait partie d’une motion picture soundtrack. Ça rend les choses un peu effrayantes. Dans le bon sens du terme. J’ai l’impression… j’ai l’impression que je vais me réveiller. D’un instant à l’autre.»

[youtube https://www.youtube.com/watch?v=Mk4briOLrTQ]
I Origins
À Fantasia le 19 juillet à 17h
En salle dès le 1er août

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