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Bethléem: complexité et nuances

Photo: Métropole Films

Salué par la critique, le film Bethléem paraît mardi en DVD. Cette œuvre de fiction aux accents documentaires a été réalisée par le cinéaste israélien Yuval Adler, qui cosigne le scénario avec le journaliste palestinien Ali Waked.

En 2005, un jeune Palestinien devient informateur pour un agent des services secrets israéliens. C’est le point de départ de Bethléem. Avec ce film en arabe et en hébreu qu’ils ont imaginé et écrit ensemble, Ali Waked et Yuval Adler avaient le désir de créer un récit «complexe et nuancé». «On voulait présenter des personnages palestiniens et israéliens sans les idéaliser ni dire ceux-là sont méchants, ceux-là sont gentils, ceux-là sont des victimes, ceux-ci sont des agresseurs, précise Adler, qui s’est également chargé de la réalisation. On souhaitait simplement montrer des gens. On souhaitait simplement montrer leurs vies.» Entretien.

Ne pas prendre parti, est-ce la règle d’or que vous et Ali Waked avez suivie en écrivant le scénario?
Yuval Adler:
Oui. On voulait vraiment montrer ce monde du point de vue des différents personnages, et quand on fait ça, impossible de prendre parti. On suit un personnage; on adopte son point de vue. Ce n’est même pas une chose qu’on s’est imposée ou qu’on a dû équilibrer.

Le lien entre un agent et un indicateur est extrêmement complexe. C’est un lien basé sur la confiance, sur la trahison, sur la récompense… En tant que scénaristes, sentiez-vous que c’était un sujet infini avec des possibilités infinies à explorer?
C’est ce qui nous a attirés, Ali et moi. Nous trouvions que c’est une relation captivante parce que c’est une des plus inéquitables et violentes que l’on puisse imaginer: après tout, elle pousse un homme à trahir tout son environnement! D’un autre côté, c’est aussi une relation bâtie sur un lien intime. Cette dualité est vraiment incroyable.

Dans une scène cruciale, on voit un des protagonistes disputer une partie de backgammon. Était-ce pour vous une métaphore des jeux auxquels les personnages jouent les uns avec les autres?
Je ne sais pas. Je ne pense pas en métaphores. Je ne dis pas que les choses n’ont pas de signification symbolique, elles en ont une. Sans contredit. Mais ce n’est pas mon boulot d’imposer les significations en question. Mon boulot, c’est de faire un film, et ensuite, les spectateurs peuvent lui donner les interprétations qu’ils veulent.

Dans certaines publications, dont Le Monde, on a qualifié votre œuvre de film d’action. D’autres ont dit qu’il s’agissait d’un thriller. D’autres encore ont avancé qu’on avait presque affaire à un documentaire. Qu’en pensez-vous?
Les personnes qui vivent dans cette réalité disent parfois que c’est comme un documentaire, parce qu’elles reconnaissent des faits. Mais ce que nous souhaitions faire, c’était vraiment raconter une grande histoire avec des éléments épiques et tragiques: la terre, la famille, la trahison…. Nous voulions faire un film de genre. Un thriller dramatique. Un film que les gens iraient visionner dans les cinémas de centres d’achats plutôt que dans les cinémathèques. Pas pour faire de l’argent (nous n’en ferons pas de toute façon!), mais parce que, lorsqu’on réalise un film sur un sujet d’une telle ampleur, on souhaite dire quelque chose. On souhaite que les gens le voient.

Bethléem
En DVD dès aujourd’hui

http://www.youtube.com/watch?v=WSwPlEhA308

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