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Soro Solo: monsieur Radio

Photo: Denis Beaumont /Métro

Quand Soro Solo était petit, sa grand-mère lui disait souvent: «Oh! Tu parles trop! Comme la radio!» Comme quoi, les grands-mamans voient toujours juste: Soro est devenu animateur.

Aujourd’hui, Soro Solo parle toujours beaucoup. «Il ne faut pas me lancer; je n’arrête pas!» s’exclame-t-il dans un grand éclat de rire lorsqu’on le rencontre à Montréal, au Club Balattou. Pourtant, comme ses fidèles auditeurs, on pourrait l’écouter longtemps. C’est qu’il en a des histoires…!

Né en Côte d’Ivoire, «à la ville», précise-t-il, Soro Solo a été captivé par les ondes très jeune. «Un jour, mon père a ramené une radio à la maison. J’étais fasciné! Ça m’intriguait, ça me passionnait. Je me demandais, mais c’est quoi cette boîte? Il y a quelqu’un qui parle et on ne le voit jamais sortir pour manger, pour boire ou pour faire pipi!»

Passant son temps à écouter ce quelqu’un qu’il ne voyait jamais, le garçon a commencé à l’imiter. «Quand j’allais jouer avec mes camarades, je répétais le bulletin d’information intégralement et je chantais les publicités que j’avais entendues!»

Ce talent lui a valu un chouette surnom. «Quand ma grand-mère me cherchait, elle demandait: ‘‘Vous n’avez pas vu mon petit-fils, Solo?’’ Et comme il y avait beaucoup de gamins avec le même prénom, on lui disait: ‘‘Mais quel Solo?’’ ‘‘Mon petit-fils! Solo Radio!’’ Du coup, on a commencé à m’appeler comme ça.»

Bien des années plus tard, Solo Radio a monté sa propre émission. «Qui a un peu marché», dit-il humblement, avant de rectifier: «Qui a pas mal marché!» Préoccupé par les questions sociales, l’animateur donnait une voix aux plus démunis. «Dans mon pays, beaucoup de gens n’ont pas été à l’école, ne savent pas lire, ne connaissent pas forcément leurs droits. Ils ne savent pas comment réagir face à la police ou quand ils estiment avoir été lésés, quelle procédure engager pour obtenir réparation. Je leur donnais la parole pour témoigner de tous les abus dont ils avaient été victimes dans l’administration publique.»

En 2001, sa route croise celle de Vladimir Cagnolari, jeune Français en voyage qui devient son complice et «son frère blanc», comme il l’appelle. «Dès l’instant où on s’est rencontrés, on a développé une amitié très forte. On n’avait qu’une envie: se retrouver un jour pour faire de la radio ensemble!» Un an plus tard, quand la guerre éclate en Côte d’Ivoire, Soro est forcé à l’exil. Il se rend en France. «Vladimir m’a accueilli dans sa famille, se souvient-il, ému. Et on a repris notre conversation là où on l’avait laissée.»

Les deux amis reprennent aussi leur idée: créer une émission ensemble. «L’image globale que les Européens ont de l’Afrique, c’est que c’est le continent de la misère, de la dictature, de la famine. Le continent que le monde entier aide. Le continent catastrophique, quoi! Vladimir et moi, on s’est dit d’accord, oui, il y a des dictateurs, de la maladie et de la corruption, mais il n’y a pas que ça. Il y a tout le reste: les inventeurs, les scientifiques, les poètes, les artistes, les musiciens. C’est cette Afrique-là qu’on a voulu raconter à la France.»

De là est née L’Afrique enchantée. Une émission diffusée sur les ondes de France Inter, faite de morceaux d’histoires et de chansons. «Parce que, en Afrique, toute la vie sociale, politique, légendaire, symbolique, mythologique, elle se raconte par la musique», précise Soro.

Samedi, c’est «la transposition sur la scène vivante du concept de l’émission» que Soro et Vlad présenteront sur la place des Festivals. Une grande fête, avec un orchestre, de la danse et, bien sûr, des histoires. «On fait les chœurs, on déconne, on ne se prend pas au sérieux! Moi, je chante faux comme ce n’est pas permis. Mais ça va, je m’éloigne du micro pour ne pas perturber tout ça!» s’esclaffe Soro avant d’ajouter: «Je vous l’avais dit qu’il ne fallait pas me faire parler! Je suis incapable de m’arrêter!»

Le bal de l’Afrique enchantée
Sur la Scène Loto-Québec
Samedi à 21h30

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