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Samian, d’encre et de sang

Photo: collaboration spéciale

L’Enfant de la terre que Samian présentera dans le cadre de Présence autochtone, jeudi soir, n’aura pas été enfanté sans douleur: le rappeur qui trempe depuis 10 ans sa plume dans les plaies des Premières Nations a en effet dû panser les siennes avant de retourner au combat.

«Les positions sociales que je défends me demandent beaucoup d’énergie, confie l’artiste au bout du fil. Après un effondrement physique, psychologique et émotionnel, j’ai décidé de prendre une pause par rapport à l’industrie de la musique.»

Le guerrier a délaissé ainsi pendant un an les champs de bataille qui lui sont chers pour bercer son propre père, décédé en décembre dernier d’un cancer. Une trêve qui a permis à Samian de guérir son âme, qu’il dévoile comme jamais auparavant sur son troisième album.

«J’ai besoin de spiritualité, autant que de mon équilibre physique et mental, pour prendre un micro et faire de la scène, explique celui qui chante pour mettre en mots les maux de notre société. Je crois que ce sont tous des aspects fondamentaux au fonctionnement des hommes.»

De nouveau en paix avec lui-même, Samian retourne à la guerre, défendant le «ghetto» que sont les réserves autochtones avec «le rap dans le sang» et «la rage dans le son», comme il le chante sur Hold the mic.

«Le Canada était une honte totale: il avait un genre de je-m’en-foutisme complet à l’égard des peuples autochtones.» – Samian, à propos de l’attitude canadienne face au rapport accablant remis à l’instance permanente des droits autochtones des Nations unies concernant les conditions de vie des autochtones

Autant le capitalisme qui mord à pleines dents dans l’environnement que l’héritage infâme laissé par les pensionnats autochtones – des institutions mises en place «pour blanchir et pour tuer l’Indien à l’intérieur de [nous]», selon Samian – constituent des accusés de choix dans le troisième réquisitoire musical de l’artiste. Mais lorsque le rappeur s’éloigne du front où il décoche autant de flèches qu’il en reçoit, c’est l’homme derrière le guerrier qui se révèle, vulnérable et à fleur de mots.

«Je suis prêt à militer, pour les miens et pour l’humanité», clame-t-il lorsque vient l’heure de défendre son peuple. Mais quand il écrit À cœur ouvert, on décèle, dans la profondeur de ses vers, qu’au-delà de l’injustice historique à corriger, c’est sa propre paix, aussi, qu’il cherche.

Né d’un père québécois et d’une mère algonquine, Samian, à la fois Métis enraciné dans deux cultures qui peinent à se comprendre et homme enfermé dans une armure de héros, révèle ici ses ombres, ses doubles. Prouvant – s’il devait encore le faire – sa pertinence sur nos scènes.

Samian
Sur la Place des festivals
Jeudi à 20h30

Samian Enfants de la terreEnfant de la terre
En magasin dès mardi

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