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GATINEAU, Qc – Les Canadiens sont prêts à payer pour avoir accès à la programmation de CBC/Radio-Canada, même s’ils sont nombreux à considérer cela comme un droit acquis, selon la société d’État.

Les dirigeants du radiodiffuseur public ont plaidé vendredi devant le Conseil de la radiodiffusion et des télécommunications canadiennes (CRTC) que «95 pour cent des Canadiens ont fini par prendre conscience» que la télévision n’est pas un service gratuit.

«Les Canadiens sont rendus là», a résumé le vice-président des technologies et des affaires réglementaires de la société d’État, Steven Guiton.

«Il y a toujours un groupe (au sein de la population) qui croit que la gratuité devrait demeurer, et je ne les critique pas. Mais ce n’est pas gratuit. Ça coûte de l’argent», a-t-il poursuivi.

Les cadres de CBC/Radio-Canada ont martelé que le modèle d’affaires de la télévision traditionnelle n’était plus viable et qu’il devait être réformé en profondeur.

Car ce modèle est de moins en moins rentable pour les télévisions généralistes au pays, qui ne perçoivent aucun montant des factures de câblodistribution payées par les consommateurs, ont argué les dirigeants lors des audiences du CRTC.

«Il y a quelque chose qui ne fonctionne plus. Nous, on dit qu’on veut simplement que les généralistes canadiennes se fassent payer pour le contenu qu’elles créent et qu’elles vous livrent à la maison», a exposé le président et chef de la direction de CBC/Radio-Canada, Hubert Lacroix.

La société d’État est également d’avis que les nouveaux joueurs de l’industrie, comme le fournisseur de services de vidéo en ligne Netflix, devraient contribuer financièrement au système canadien au même titre que tous les autres acteurs de l’industrie.

Le gouvernement conservateur a déjà indiqué lundi, par la bouche de la ministre du Patrimoine Shelly Glover, qu’il n’avait aucunement l’intention de réglementer ou de taxer ces fournisseurs Internet — une intervention gouvernementale aussitôt qualifiée d’«indécente» par le Nouveau Parti démocratique (NPD).

«On a vu la déclaration de la ministre, et vous avez vu, on a reçu quand même des questions du président (du CRTC) sur la proposition qu’on faisait», s’est contenté de déclarer M. Lacroix.

CBC/Radio-Canada a également mis de l’avant vendredi l’idée de créer un fonds pour soutenir la production de nouvelles locales, un service auquel les Canadiens sont attachés, d’après la société d’État.

Malgré l’insistance des commissaires de l’organisme, puis des journalistes, les dirigeants de CBC/Radio-Canada n’ont pas voulu préciser combien les consommateurs pourraient avoir à débourser pour un abonnement.

«J’ignore ce que ça va être. Deux sous, un dollar? Je ne le sais pas, et je pense que personne ici ne le sait», a laissé tomber Steven Guiton, insistant sur le fait que l’heure de cette discussion précise n’avait pas encore sonné.

Mais chose certaine, il est essentiel pour le système canadien de radiodiffusion de pouvoir compter sur un financement afin d’assurer sa pérennité, faute de quoi la qualité de la programmation continuera à décliner, a prévenu Hubert Lacroix à l’issue de l’audience.

«Ça va être la suite de ce à quoi nous assistons en ce moment, c’est-à-dire une érosion de la qualité, du contenu, de la programmation canadienne, et pas seulement pour nous», a-t-il expliqué.

Pendant l’audience, le président du CRTC, Jean-Pierre Blais, a suggéré que le principal problème de la société d’État n’était possiblement pas le cadre réglementaire auquel il doit se soumettre, mais bien son modèle de financement.

CBC/Radio-Canada a dû procéder à d’importantes compressions budgétaires au cours des dernières années. Les dernières en lice atteignent 130 millions $ et mèneront, au terme de l’exercice, à la suppression de l’équivalent de 657 postes à temps plein.

Hubert Lacroix a préféré esquiver la question, faisant valoir que la discussion lancée par le CRTC portait sur l’environnement dans lequel évoluaient les entreprises de radiodiffusion et de télécommunication au Canada.

«Les allocations budgétaires du gouvernement n’ont rien à voir avec la conversation que nous avons aujourd’hui et les suggestions que nous mettons de l’avant. On parle du système», a répliqué le pdg.

Les audiences du CRTC, appelées «Parlons télé», se poursuivent jusqu’au 19 septembre à Gatineau.

Elles visent à développer de nouvelles règles pour encadrer les changements dans l’industrie de la télévision amenés par les services technologiques.

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