Soutenez

Netflix/CRTC: un duel potentiellement musclé

Photo: Elise Amendola / The Associated Press

OTTAWA – Selon certains spécialistes, la volonté avouée de Netflix de défier les régulateurs canadiens de la radiodiffusion remet en question la capacité de ces derniers d’instaurer des règles pour encadrer les fournisseurs de vidéos en ligne.

La compagnie a indiqué au Conseil de la radiodiffusion et des télécommunications canadiennes (CRTC) qu’elle ne dévoilerait pas certaines données, et ce, même si elle avait reçu un ordre en ce sens de la part du président du CRTC, Jean-Pierre Blais, lors d’une audience tenue vendredi.

Pour expliquer sa position dévoilée lundi, elle a soutenu qu’elle n’a reçu aucune garantie que les renseignements relatifs à ses clients et à sa programmation demeureraient secrets.

Selon l’expert des médias et professeur à l’Université d’Ottawa, Michael Geist, ce différend n’est en fait que la pointe de l’iceberg.

«Ce n’est plus qu’une simple lutte à propos de la confidentialité des informations. C’est devenu une bataille nettement plus large à propos de la capacité légale du CRTC d’imposer des règles à l’industrie des fournisseurs de vidéos en ligne», a-t-il précisé.

Par ailleurs, l’entreprise a fait valoir qu’elle ne reconnaissait pas l’autorité du CRTC qui est pourtant définie dans la Loi sur la radiodiffusion.

À ce stade-ci, bien des experts hésitent, toutefois, à prédire qu’il y aura nécessairement une bataille juridique entre les deux parties.

Cependant, ils s’accordent généralement pour dire que Netflix a choisi de tenir tête aux régulateurs après une sortie du premier ministre qui a spécifié que son gouvernement n’autorisera pas qu’une nouvelle forme de taxation soit imposée aux services de vidéos en ligne pour les obliger à soutenir la production de contenu canadien.

«Les interventions de [Stephen] Harper et celles de [la ministre du Patrimoine canadien et des Langues officielles, Shelly] Glover étaient totalement inappropriées [et] complètement inacceptables», a jugé Dwayne Winseck, un professeur de communication de l’Université Carleton.

Le député néo-démocrate Pierre Nantel, qui est le porte-parole de l’opposition officielle en matière de patrimoine, s’est lui aussi laissé emporter.

«C’est tout simplement scandaleux», a-t-il martelé en parlant du comportement de Stephen Harper.

«Le CRTC gère actuellement un dossier super délicat et le Bureau du premier ministre a dit [aux régulateurs du] CRTC, dès le début des consultations: «vous savez quoi, peu importe ce que vous déciderez, ça n’aura pas réellement d’importance» au bout du compte.

Netflix connaît une popularité croissante au pays. L’an dernier, environ 25 pour cent des anglophones du Canada disposaient déjà d’un abonnement, ce qui représentait quasiment le double du résultat enregistré par cette compagnie en 2012.

Articles récents du même sujet

Mon
Métro

Découvrez nos infolettres !

Le meilleur moyen de rester brancher sur les nouvelles de Montréal et votre quartier.