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L’âme torturée de Banks

Photo: Getty
Richard Peckett - Metro World News

C’est la colère qui a incité Banks à écrire des chansons. La mystérieuse artiste R&B, qui sera de passage ce jeudi soir à Montréal, a parlé de sa catharsis musicale à Métro.

«Si je ne m’étais pas sentie si seule et si perdue, je ne sais pas si j’aurais pu découvrir la musique», lance Jillian Banks, mieux connue sous ce seul patronyme. Elle évoque le divorce de ses parents. Alors que la colère des adolescents est généralement dirigée vers leur acné, la détresse psychologique de la chanteuse a été causée par les disputes fréquentes au domicile familial.

Mais plutôt que de choisir une rébellion destructrice, la jeune femme de 26 ans, dont le premier album, Goddess, est paru il y a quelques semaines, a utilisé sa colère comme catalyseur pour sa créativité musicale. «Cette colère fut une bénédiction, explique-t-elle. Écrire des chansons n’a même pas été un choix conscient. Sans toute cette noirceur, je n’aurais pas été dans un état d’esprit assez étrange pour me mettre à pianoter sur un faux clavier qui émet un son dès qu’on l’effleure.»

Cette catharsis musicale a été le point de départ des sombres rythmes qui allaient devenir la marque de commerce de l’auteure-compositrice basée à Los Angeles. Banks n’avait pas eu de vraie formation musicale à ce moment. En fait, elle écrit toujours ses chansons à l’oreille. Elle écrit comme on se confesse, elle qui est en fait bachelière en psychologie. «Ma musique parle d’elle-même de ce que je traverse au moment où je l’écris – des choses difficiles à raconter dans la vraie vie. Quand je fais de la musique, je me sens complètement libérée, libre de m’exprimer.»

«Je me sentais comme une personne qui veut crier mais n’a pas de voix. Je me sentais muette et sans défense parce que je ne savais pas quoi dire ni comment le dire, jusqu’à ce que ces étranges poèmes me viennent naturellement.» – Banks

 

Cette honnêteté dans ses textes a valu à son premier extrait Before I Ever Met You d’être qualifié de chanson de rupture. Histoire vécue? «Toute ma musique, c’est moi, moi, moi. C’est presque voyeur de l’écouter, j’espère que les gens vont se sentir concernés!» rigole-t-elle.

Mais Banks n’a pas à s’inquiéter, elle qui compte Katy Perry parmi ses fans et dont les chansons ont été utilisées dans le film Divergent et dans une publicité de Victoria’s Secret. Mais la chanteuse n’a rien d’une prétentieuse – elle est timide et presque trop fragile. Comme tous les artistes, elle a besoin du soutien de ses fans, mais dans son cas, ça ressemble plus à un désir d’être soutenue émotivement, et elle répète souvent qu’elle souhaite «connecter avec le public». Une formule qui pourrait sembler creuse dans la bouche de quelqu’un d’autre, mais pour Banks, la musique est un médium pour émotions honnêtes. «Quand vous entendez une voix chanter quelque chose qui sonne comme si ça avait été nécessaire de chanter exactement ces mots pour être capable de se lever le matin, c’est du vrai art», croit la chanteuse.

L’intangibilité de Banks lui a valu une réputation de grande prêtresse de la pop sombre. Elle a le côté gothique d’une Lorde, le fatalisme de Lana Del Rey et la complexité émotionnelle de l’actrice Veronica Lake. En spectacle, vêtue de noir, drapée d’une cape monastique, dans un nuage de fumée, elle livre ses chansons comme des sermons à ses disciples. «Vous êtes toutes des déesses», lance-t-elle d’une voix rauque à ses spectatrices. «J’éprouve quelque chose de très spécial en voyant la réaction du public durant mes spectacles», dit-elle. C’est vrai, c’est une validation pour l’enchanteresse en elle, mais pas pour la femme derrière: «L’écriture, c’est ce qui me permet de survivre mentalement. C’est aussi essentiel que l’eau pour moi.»

Banks
Au Théâtre Corona
Jeudi soir à 20h30

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