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L’exilé magnifique de Daran

Photo: collaboration spéciale

Mélancolique, inspiré et enveloppant, le dernier chapitre de Daran, Le monde perdu, se retrouvera assurément sur plusieurs listes de recensions des meilleurs albums à la fin de l’année.

Trois thèmes sont abordés dans le magistral et émouvant nouvel album acoustique (guitares, voix et harmonica) de Daran: l’exil, la pauvreté et l’enfance. Des idées porteuses qui se retrouvent notamment sur Gens du voyage. Cette réflexion poétique ouvre l’album en traitant d’un sujet très chaud en Europe: les Roms. «Ceux qu’on appelle les gens du voyage se retrouvent sédentarisés, et la plupart du temps dans des endroits dont les paysages sont atroces, soit les banlieues ou près des autoroutes. Paradoxalement, ce sont eux qui nous regardent aujourd’hui partir en voyage», explique Daran dans un café du quartier du Mile-End, où il a récemment posé ses pénates, car, dit-il en substance, «il y avait trop de Français sur le Plateau et on ne quitte pas un pays pour le recréer ailleurs».

Si les trois sujets susmentionnés sont très présents, la thématique de l’amour qui s’éteint, ainsi que les habituelles préoccupations sociales de l’artiste trouvent aussi leur place sur l’album comme en témoigne aussi Le bal des poulets, une pièce de 7 minutes 23 qui porte un regard sombre sur les fermetures d’usine et leurs laissés-pour-compte.

«Ma crainte, c’est que les gens pensent que je voulais économiser, mais ce n’est pas du tout le cas. Je souhaitais faire un album acoustique depuis 15 ans.» – Daran, qui revient d’une longue tournée en formation complète (full band).

Écrit en grande partie par Pierre-Yves Lebert, un auteur et ami auquel il soumet des thèmes durant leurs conversations sur Skype, sauf la chanson titre signée Miossec et L’exil écrite par Moran, cet album dépouillé demeure sans doute le plus touchant et le plus intimiste de celui qui habite à Montréal depuis bientôt cinq ans. «Lebert arrive à m’étonner encore avec des fulgurances poétiques comme dans la chanson sur les rochers intitulée Rien ne dit», précise l’artiste. Lui qui a été adopté par les Québécois au temps où il dormait dehors avec les Chaises, pour faire allusion à un tube de son ancien groupe, et qui trouve que la seule chose qui manque à sa ville d’adoption est l’Atlantique. «Quoique nous aurions tous les touristes… Heureusement que cette ville est protégée par son hiver» avance-t-il encore, pince-sans-rire.

La fusion artistique avec ses auteurs est manifeste, et le dépouillement musical ainsi que les notes plaintives de l’harmonica magnifient la voix légèrement éraillée de Daran, qui nous happe le cœur lorsqu’il la propulse vers les notes hautes, aussi rares que bien senties. Ce qui ajoute une plus-value au côté intimiste, mais exultant, de l’œuvre réalisée par Daran lui-même dans son studio maison.

En attendant de le voir sur scène, en janvier prochain, alors qu’il sera accompagné d’une dessinatrice qui illustrera son propos sur des projections, on ne saurait trop vous recommander de trouver rapidement votre chemin vers Le monde perdu.

DaranLe monde perdu
En magasin dès mardi

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