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Dérapages : sur les chapeaux de roues

Photo: 98,5/Collaboration Spéciale

Après s’être attaqué à la DPJ dans Les voleurs d’enfance et au système pharmaceutique dans Québec sous ordonnance, l’animateur de radio et documentariste Paul Arcand se penche maintenant sur les causes et les conséquences des nombreux accidents de la route dans lesquels sont impliqués les jeunes dans Dérapages.

Vous vous souvenez peut-être de ces quatre jeunes de Drummondville, décédés quand leur voiture a percuté un arbre de plein fouet. Ou encore de cette petite fille de trois ans, happée mortellement par une voiture qui a abouti sur son terrain à la suite d’une course à toute vitesse dans un quartier résidentiel. Des histoires comme on en entend encore trop souvent, et qui viennent s’ajouter aux tristes statistiques indiquant qu’au cours des 5 dernières années, 725 jeunes âgés entre 16 et 24 ans ont perdu la vie dans des accidents de la route au Québec, alors que 2 623 autres ont été gra­vement blessés, souvent de façon permanente.

«Je suis évidemment beaucoup l’actualité, et vers juin 2010, je me rendais compte qu’il y avait souvent des accidents impliquant des jeunes. Je me suis demandé si c’était bien différent de l’époque de mes 20 ans… À partir de cette interrogation, je suis allé me renseigner et j’ai réalisé qu’il y avait quelque chose à faire avec ça.»

Qu’on se le dise, néanmoins : le «morning man» n’avait aucune intention de faire du «ado bashing», comme il le dit, dans son documentaire sur la question, Dérapages. «Je voulais faire un film un peu différent des autres, dit-il. Dans Les voleurs d’enfance et Québec sur ordonnance, j’attaquais le système pharmaceutique. Mais dans ce cas-ci, je n’avais pas envie d’attaquer quelque chose ou un système, mais plutôt de montrer une certaine réalité et de laisser parler les jeunes.»

Selon les témoignages recueillis dans le film, les ados ne se reconnaissent pas dans les publicités, aussi choquantes soient-elles, de la SAAQ. «La plupart d’entre eux ne font pas le lien entre les partys montrés à l’écran et ceux auxquels ils vont, lance l’animateur. C’est pour ça que je n’ai pas voulu être le mononcle de 52 ans qui dit quoi faire. Je voulais plutôt montrer des exemples, permettre aux jeunes de se reconnaître dans les histoires des autres jeunes. C’est pour ça qu’il y en a plusieurs dans le film.»

Et en effet, des exemples, il y en a. Arcand et son équipe ont notamment accompagné des policiers en patrouille sur les deux rives dans la région de Montréal et à Québec. «On s’installait à la sortie du pont, et c’était comme pêcher dans une pisciculture! dit-il. Il y avait vraiment fréquemment des jeunes qui faisaient des excès de vitesse ou qui n’étaient pas en état de conduire, c’était assez étonnant. Après, il s’agissait de les convaincre de se laisser filmer.»

Mais plusieurs d’entre eux se sont prêtés à l’exercice. «Ils trouvent souvent qu’on les ostracise, qu’on les cible, qu’on les met tous dans le même panier, et je pense que, là-dessus, ils ont raison un peu», admet Arcand.

Le documentariste souligne qu’il a été étonné de constater à quel point plusieurs jeunes sont sévères envers ceux qui ont des comportements dangereux. «Ils savent qu’ils payent le prix de ça, explique-t-il. Donc, ils trouvent qu’il faudrait pénaliser ceux qui sont cons. Enlever le permis pour un an, pas pour quelques mois… Si j’avais fait dire ça à un expert plutôt que de laisser les jeunes le dire, ça n’aurait pas aussi bien passé.»

Paul Arcand demeure optimiste et constate, suivant les réactions observées au cours du visionnement de son film, que certaines personnes – en particulier les filles, dit-il – auront possiblement plus tendance à demander à leurs amis d’adopter un comportement plus prudent lorsqu’elles sont avec eux en voiture.

Mais d’un autre côté, bien des interviewés affirment qu’ils continueront à faire de la vitesse, même s’ils savent que c’est dangereux, même s’ils savent que c’est un comportement stupide. Du reste, même ceux dont les proches ont été touchés par des accidents finissent par reprendre leurs mauvaises habitudes après un certain temps. Est-ce que cela n’est pas un peu décourageant? «Sincèrement, non, affirme l’animateur. Un film n’a pas la prétention d’être une baguette magique qui règle tout. Moi, ce que je fais, c’est attirer l’attention sur un phénomène, en montrer les conséquences et espérer que ça fasse en sorte que les jeunes et leurs parents en discutent. Et je mets aussi en lumière certaines carences législatives.»

Une piste de réflexion, entre autres : que les parents donnent l’utilisation de la voiture graduellement à un jeune qui vient d’avoir son permis. «L’erreur, c’est de penser qu’on peut juste, par exemple, donner les clés du char si notre enfant a un bon bulletin, déclare celui qui est lui-même père de deux garçons. Tu peux avoir un excellent bulletin et être un irresponsable. C’est sûr qu’il n’y a pas une méthode, pas une loi meilleure que les autres; mais la communication entre parents et enfants, c’est un bon point de départ.»

Dérapages
En salle dès le 27 avril

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