Soutenez

Écrire le crime selon Kathy Reichs

Photo: Yves Provencher/Métro

Les fidèles de Kathy Reichs le savent: son héroïne, Temperance Brennan, dite «Tempe», suit souvent ses pas. À l’instar de l’auteure américaine, Tempe est anthropologue judiciaire. Certaines des énigmes qu’elle résout sont inspirées de cas réels. Et elle visite souvent des contrées où sa créatrice a voyagé. Comme dans Terrible trafic, sa 16e aventure. Rencontre à Montréal.

Une des règles d’or que vous avez toujours dit suivre, c’est ne jamais parler d’endroits que vous n’avez pas visités. Tempe est souvent à Charlotte et à Montréal, où vous travaillez. Dans votre avant-dernier livre, Perdre le Nord, elle était à Yellowknife, où vous avez séjourné. Dans Terrible trafic, elle se rend en Afghanistan. Est-ce que son expérience est similaire à celle que vous avez vécue lorsque vous y êtes allée?
Oui, mais les raisons [pour lesquelles elle se rend en Afghanistan] sont différentes des raisons pour lesquelles moi, je l’ai fait. J’y suis allée pour dire merci aux troupes; elle, elle y va plutôt pour résoudre le cas d’un soldat américain accusé d’avoir tué un civil afghan. Le soldat soutient que le civil l’a menacé en courant vers lui. Mais les témoins affirment qu’il essayait plutôt de s’échapper. C’est une question de projectile: est-ce qu’il est entré par devant et est sorti dans le dos ou l’inverse?

À chaque livre, un de vos défis consiste à présenter, une fois de plus, Temperance aux nouveaux lecteurs, sans que cela devienne ennuyeux pour les fidèles, n’est-ce pas? Cette fois, c’est en cour que Tempe décline son identité, puisqu’elle est appelée à être juré pour un procès…
C’est vrai! J’avais oublié! C’est comme ça que commence l’histoire.

Elle clarifie d’ailleurs le fait qu’en tant qu’anthropologue judiciaire, NON, elle ne fait pas d’autopsies et que, OUI, elle travaille réellement dans deux pays (à savoir les États-Unis et le Canada). Comme vous. On imagine que ces introductions vous donnent également la chance de répondre à des questions qu’on vous pose sans arrêt sur votre métier?
Oui. À chaque tome, il est nécessaire de réintroduire le personnage et l’idée centrale; il est nécessaire de chercher une manière nouvelle de le faire. Et le témoignage, c’était… original!

Terrible trafic est rythmé par plusieurs chansons. Il y a Keep Your Head Up d’Andy Grammer, Sailing de Rod Stewart en guise de petite musique d’attente au téléphone, Somewhere Over the Rainbow, qui est liée à un incident tragique. Quelle place la musique occupe-t-elle dans votre vie?
J’en écoute quand j’écris. Et probablement que, au moment où j’ai écrit ces passages, j’écoutais ces [morceaux]! J’utilise les chansons si j’ai [un lien] personnel avec elles et si elles fonctionnent bien dans l’histoire. Parfois aussi lorsque ce sont des amis qui les interprètent. Andy Grammer, par exemple. Je le connais bien et je connais bien son agent! Dans le septième tome, Monday Mourning [Meurtres à la carte], j’ai utilisé la musique de Michelle Phillips, des Mamas & The Papas, qui est également une amie.

Dans tous vos livres, vous employez un vocabulaire précis, technique, lorsque vous parlez d’anthropologie judiciaire. Ici, nous trouvons plusieurs acronymes militaires. Était-ce important pour vous de les garder, même au risque de perdre le lecteur?
Oui, j’avais fait la même chose dans Spider Bones [La trace de l’araignée]. C’est la manière dont les militaires parlent. Pour l’authenticité, c’était nécessaire de les utiliser. Mais j’explique chaque acronyme, ce qu’il veut dire.

Dans cette intrigue, deux personnages sont tatoués. En le découvrant, Tempe s’exclame même: «Suis-je la seule personne au monde qui n’ait pas encore de tatouage?!» Est-ce aussi un clin d’œil humoristique à ces romans policiers classiques dans lesquels c’était forcément «le méchant» qui était tatoué?
C’est vrai qu’avant, dans [la littérature policière], c’était comme ça. Mais plus aujourd’hui. Aujourd’hui, c’est à la mode. Je pense simplement que Tempe se sent vieille! (Rires)

En anglais, la plupart de vos livres ont le mot «bones» dans le titre, particulièrement depuis 2005, lorsque la télésérie Bones [inspirée de vos romans] a commencé à être diffusée. Est-ce que ça vous fait du bien de voir, en français, vos titres s’éloigner un peu de ces «Os»?
Oui! Mais ce n’est pas moi qui choisis les titres en français. C’est mon éditrice, ici, au Québec, Pauline Normand. Elle est très habile en jeux de mots.

Parlant de traduction, l’ex de Tempe, Pete, l’appelle sa «petite culotte en sucre» (!) On s’est creusé la tête pour savoir d’où ça venait. Quelque chose comme «sweet pants»?!
Je crois qu’en anglais, il l’appelle «sheer pants». Elle déteste ça. Ah non! C’est «sugar britches»! C’est une expression que j’ai apprise de ma sœur. Elle habite au Texas. Elle connaît beaucoup d’expressions texanes!

Art Kathy Reichs Terrible trafic_C100
Terrible trafic
Aux éditions Robert Laffont
Présentement en librairie

Articles récents du même sujet

Mon
Métro

Découvrez nos infolettres !

Le meilleur moyen de rester brancher sur les nouvelles de Montréal et votre quartier.