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Kanata, une histoire renversée : l’envers du décor

Photo: Nicola-Frank Vachon

Après Voltaire et la Bible, le Théâtre du Sous-Marin Jaune se penche sur l’histoire des Amérindiens dans Kanata, une histoire renversée (1re partie).

On les a vus passer au tordeur Candide, de Voltaire, Le discours de la méthode, de Descartes, Les Essais, de Montaigne, et même… la Bible. Cette fois-ci, ce n’est pas sur une œuvre
classique de la philosophie française ou de la religion catholique que se base la troupe du Sous-Marin Jaune, mais bien sur l’histoire des Amérindiens telle qu’écrite par Jean-Frédéric Messier. Mais encore une fois, on peut s’attendre à ce que le célèbre Loup bleu nous fasse part de ses observations cinglantes sur le sujet.

«C’est la première fois qu’on part directement de la matière historique; c’est sûr que c’est une autre approche, explique Antoine Laprise, metteur en scène et comédien. Quand c’est moi qui écris pour la marionnette, en lisant la Bible, mettons, j’ai une idée de mise en scène en même temps qu’une idée dramaturgique. Moi, je travaille pour la marionnette, c’est un peu viscéral. Alors que là, il a fallu partir d’un texte qui n’était pas pour la marionnette, couper, enlever, changer…»

Ce défi n’a pas empêché la bande du Loup bleu de sauter sur l’occasion quand Jean-Frédéric Messier l’a approchée. «C’est un des dramaturges québécois qui est le plus en contact avec les Premières Nations dans son travail, explique Antoine Laprise. Il aimait beaucoup ce qu’on faisait, et nous, on a trouvé son projet super.» Les artistes se sont par ailleurs vite rendu compte des liens profonds existant entre la marionnette et le monde amérindien. «Les autochtones ont une pensée animiste; l’âme est un peu dans tout et prend des formes différentes, raconte le metteur en scène. Et la marionnette, c’est ça; on passe notre temps à fabriquer des cossins, à manipuler des objets, donc on donne une âme à des choses inanimées.»

Dans cette «histoire renversée», on nous racontera donc l’histoire de l’Amérique du point de vue des Amérindiens. Et comme la matière ne manque pas, c’est à la première partie qu’on est conviés ici, sinon «ça aurait donné un spectacle beaucoup trop long ou beaucoup trop condensé». L’histoire y est principalement racontée par… des animaux. «Les bouleversements qui sont survenus avec l’arrivée des Européens mettent en jeu les créatures vivantes comme le castor, pour sa peau», explique Antoine Laprise. C’est donc l’histoire d’un castor qui rencontre un loup bleu – lequel est également directeur artistique de la compagnie et a écrit le spectacle avec le castor… qui se trouve à être la scénographe, «qui a grugé tout le décor», précise Laprise –, et le public assiste par leurs yeux au bouleversement organique qui s’ensuit.

Et au nombre d’anecdotes passionnantes que nous raconte le metteur en scène au cours de l’entretien, on se doute que le spectacle devrait être teinté de cet esprit à la fois ludique
et éducatif dont la troupe du Sous-Marin Jaune a le secret. «Jacques Laroche [co-metteur en scène et comédien] s’intéressait à ce sujet depuis longtemps, affirme le marionnettiste. Moi, je suis plus le philosophe qui s’intéresse aux œuvres. J’avais suivi des cours d’ethnologie indienne au cégep, et quand je suis entré de nouveau en contact avec l’histoire amérindienne, ça n’a pas été dur de rallumer le feu.» Et on n’a aucune difficulté à le croire!

Kanata, une histoire renversée (1re partie)
Au Théâtre La Chapelle

Jusqu’ au 19 mai

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