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Trois raisons d’aller voir la pièce «D pour Dieu?»

Photo: collaboration spéciale

Jusqu’au 29 novembre, Simon Boudreault, dramaturge qui nous a donné As Is (Tel quel), Soupers et Sauce brune, reprend son spectacle D pour Dieu? Si le titre est affublé d’un point d’interrogation, la pièce nous laisse avec une certitude: on vient d’assister à quelque chose de brillant. Vous vous demandez pourquoi y aller? Eh bien, entre autres…

Pour l’expérience universelle
«Ça me fait du bien de raconter cette histoire-là à du monde», remarque Simon Boudreault au sujet de D pour Dieu?, pièce qu’il a écrite, mise en scène et qu’il porte pour une seconde fois depuis sa création en 2012. Accompagné sur scène par la marionnettiste Karine St-Arnaud et le musicien Éric Desranleau (qui remplace Maxime Veilleux), il y raconte l’épopée, peut-être la sienne, peut-être pas, de cet homme qui, bébé, croyait être le Tout-Puissant. Puis, qui s’est autorétrogradé au rang de «fils de». Puis, qui s’est rendu compte qu’il n’était ni démiurge ni enfant choisi, et que Dieu était sûrement ailleurs. Par exemple, à l’église. Mais l’église où il allait a été transformée, c’est dans l’air du temps, en condos. Peut-être devait-il chercher le divin dans l’amour, alors? Ou pas?

«Ce qui me fascine, c’est que même lorsque je raconte des anecdotes très personnelles, ça éveille des souvenirs chez les gens», remarque Boudreault. Comme cet extrait où il se souvient d’avoir adopté, adolescent, le look «imperméable, souliers pas pareils, lunettes fumées rondes pis chapeau melon». Une description dans laquelle bien des spectateurs reconnaîtront leurs expérimentations et errances vestimentaires passées… «C’est le fun d’écrire un spectacle qui va toucher à notre vécu individuel dans quelque chose de collectif, observe l’homme de théâtre. De voir qu’on vit tous notre affaire, mais que dans notre parcours, notre évolution, notre apprentissage et notre questionnement, il y a quelque chose qui se ressemble.»

D pour Dieu?Pour les observations sur l’existence
Au fil de la pièce, de son parcours et de sa quête, Simon Boudreault, enfin, son personnage, lance des observations sur l’univers qui ressemblent à des bilans. Observations qui se font, soit dit en passant, sensiblement plus sombres et tristes au fil des expériences formatrices, mais pas toujours agréables, que le protagoniste traverse. «Que ce monde est dangereux. Que ce monde est constellé de solitude.» Et la perception que le dramaturge, improvisateur et acteur a aujourd’hui de cette existence, quelle est-elle? Plus optimiste? Un peu? «Personnellement, je suis pas mal d’accord avec tout ce constat-là…! Mais ma vision du monde n’est pas: “Oooooh, qu’on est donc tout seuls et que la vie est dégueulasse!” Pas du tout. Je pense que la vie est aussi magnifique qu’elle est dure; qu’elle n’est ni Walt Disney, ni Tarantino, ni quelque chose de plus trash encore. La vie, c’est plus gris.»

D pour Dieu?Pour le soupçon de navet
Usant de sa plume avec une précision chirurgicale, Simon Boudreault porte dans ce spectacle «la bavette en plastique “curvée”», se couche «les yeux dans les yeux avec le plafond de la chambre» et «tombe nez à porte avec celle d’une église». Il nous délecte aussi de ce mot phonétiquement délicieux qu’est «le navet» et qui éveille chez son personnage des réactions de rejet. Le légume mal-aimé joue d’ailleurs un rôle primordial dans D pour Dieu?. «Je trouve qu’il y a quelque chose qui n’est pas inspirant dans ce mot, explique-t-il. Le “vet”, c’est proche de “laid”. Il y a quelque chose de “bleh”. On dirait que déjà le mot en lui-même est pas bon. Son nom n’inspire pas confiance!» Vous voyez le style?

Délicieux, disions-nous.

D pour Dieu?
Aux ateliers Jean-Brillant
Jusqu’au 29 novembre

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