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Get Back To Me: quand le web danse

Photo: Yves Provencher/Métro

Avec la websérie Get Back To Me, Alejandro De Leon propose une plateforme virtuelle susceptible d’intéresser de nouveaux publics à la danse contemporaine.

Selon le Montréalais Alejandro De Leon, le milieu de la danse contemporaine avance à pas de tortue. Mais le temps presse et les choses doivent évoluer. «On voit d’autres disciplines tellement à l’aise avec le web; elles savent comment utiliser cet espace», affirme le jeune interprète, chorégraphe et vidéaste, qui vient tout juste de rentrer d’une tournée au Mexique. «Les musiciens, les photographes et les cinéastes ont tellement d’outils pour partager leur travail et aller chercher de nouveaux publics. Nous, chorégraphes d’une nouvelle génération, constatons qu’il y a de moins en moins de place pour nous sur scène. C’est devenu encore plus difficile de diffuser nos créations.»

De Leon, également fondateur de la compagnie Lost & Found, qui se spécialise dans la production «d’œuvres de danse de nature collaborative», estime que le milieu de la danse doit rapidement se doter d’outils facilitant la diffusion de ses œuvres sur le web et d’une démarche plus élaborée que de poser un trépied devant des danseurs et de filmer leurs chorégraphies.

C’est après avoir présenté Get Back To Me, sa performance in situ pour quatre danseurs au Mexique, que De Leon a ressenti l’urgence de créer quelque chose qu’il n’avait pas vu en danse. «Je me suis rendu compte qu’il y avait tout un potentiel cinématographique dans cette création, mis à part le spectacle en direct, se souvient celui qui a également une formation en cinéma. J’étais inspiré par les séries à suspense comme True Detective et le travail d’Alejandro González Iñárritu. Ça faisait longtemps que je voulais rendre le format du court-métrage en danse plus concret avec des personnages, de faire de la caméra un autre acteur et d’explorer des trames narratives de façon fragmentée.»

Sa websérie Get Back To Me, qui se décline sous forme de capsules diffusées sur le portail La Fabrique culturelle, s’inspire d’annonces Craigslist de rencontres manquées – les Missed Connections, qui sont un peu l’équivalent de nos Métro Flirt – pour donner vie à des parcours chorégraphiés questionnant notre rapport à l’intimité et à la solitude virtuelle. Prenant comme matière première des dizaines de bribes d’annonces web, De Leon a fait appel aux chorégraphes-collaborateurs Hélène Blackburn, Estelle Clareton, Jacques Poulin‐Denis et George‐Nicolas Tremblay pour imaginer des histoires à mi-chemin entre le cinéma, la danse et le storytelling virtuel. Il y a celle à propos d’une femme en lendemain de veille, titubant dans un bar montréalais, en quête d’un nouveau cercle d’amis, ou un autre qui relate les souvenirs d’un amour de jeunesse passionnel, datant de l’Expo 67.

Très tôt dans le processus, De Leon a voulu s’affranchir du cadre classique de la vidéo-danse, qui se limite habituellement à une proposition de nature esthétique. «Je voulais développer une plateforme collaborative, mettant en scène des personnages qui habitent Montréal. Cela dit, on évoque des réalités sociales auxquelles personne n’échappe. Ce qui se passe ici se passe ailleurs, aussi.»

Quant à la nature participative du projet, De Leon se réjouit que ses quatre chorégraphes «aient été game d’essayer de nouvelles choses et de concevoir des chorégraphies différemment». Ni De Leon, ni ses pairs ont souhaité entrer en contact avec les auteurs des messages Craigslist, afin de laisser planer le mystère sur le dénouement de ces historiettes. «On ignore si les gens censés lire ces messages les ont vus. En quelque sorte, les annonces, tout comme nos capsules, sont des bouteilles lancées à la mer. Des témoignages de notre époque.»

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