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Waiting for August, un Docville marquant

Photo: Clin d’œil

Le dernier jeudi de chaque mois, Docville présente un documentaire ayant marqué le circuit festivalier. Ce jeudi soir, vous pourrez voir Waiting for August.

Waiting for August n’est pas un documentaire classique. Il n’y a pas de témoignages, pas d’images d’archives, pas de narrateur. N’empêche. La réalisatrice, Teodora Ana Mihai, y retrace, avec des accents d’une grande vérité, le quotidien de sept enfants vivant à Bacău, en Roumanie. Sept enfants dont la mère est partie travailler en Italie, pour gagner des sous et pouvoir les faire vivre. Et c’est à la plus grande fille du groupe, Georgiana, 14 ans, bientôt 15, qu’a échu la garde de la maisonnée.

C’est surtout sur elle que la réalisatrice, elle-même d’origine roumaine, concentre l’œuvre, la suivant alors qu’elle astique les pièces du petit appart peint en rose où les enfants s’entassent, qu’elle se montre sévère lorsque son p’tit frère dit des choses vilaines et qu’elle tente de passer ses cours avec succès, de trouver le temps d’étudier, même si elle a trop de responsabilités, trop de peine.

Privilégiant une luminosité naturelle et des couleurs pastel délavées, la caméra sensible de Teodora Ana Mihai capte aussi les matins, au réveil, le son que fait la cuillère dans la tasse de thé brassée bruyamment, les regards des enfants qui fixent la télé qui diffuse des télénovelas hispanophones, sous-titrées en roumain.

Discrète, elle filme aussi la fête d’anniversaire de Georgiana et l’accompagne dans un rare moment où elle se permet de décrocher de toutes ses responsabilités, pour aller s’amuser dans une fête foraine, entrecoupant le tout de plans extérieurs faits de silence, de lumières de Noël qui clignotent dans la nuit, donnant à l’ensemble une touche onirique.

En voyant l’œuvre, on pense au film, de fiction celui-là, Nobody Knows, du réalisateur japonais Hirokazu Koreeda. Mais ici, la mère est présente, par Skype principalement, et par ces cadeaux qu’elle envoie. Pour la fête de l’un. Pour la fête de l’autre. Pour Pâques.

Subtilement, Teodora Ana Mihai pose la question de la responsabilité maternelle, abordant les racontars des voisins qui jugent cette femme ayant «abandonné ses enfants», et les mots de cette dernière qui se défend à sa grande fille, au bout du fil: «Si j’étais avec vous, mais que je n’avais pas de quoi vous nourrir, est-ce que ce serait mieux?» Et le spectateur est lui-même confronté à cette interrogation. L’expérience et la réflexion, crève-cœur, complexes et bouleversantes, risquent de nous hanter longtemps…

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