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Korine Côté, l’ange de la dérision

Photo: Rise and Shine

Le titre ne ment pas. Mon show, de Korine Côté, c’est sans hésitation son show, à elle. Ce qui est vraiment une excellente chose.

Dans le monde de Korine Côté, on porte parfois, avec juste ce qu’il faut de gêne, des «bobettes de dodo», on s’émeut en voyant des familles vivant dans des maisons «à la fondation faite en mulots» et, quand on prend l’avion, il nous arrive d’avoir une vue imprenable sur «un panorama de fourches».

Sur scène, l’humoriste trentenaire n’a pas de personnage. C’est juste la fille cool avec qui on irait boire une bière (idéalement pas celle – qu’elle critique – de la marque dont les montagnes changent de couleur pour nous avertir de sa fraîcheur). Elle s’adresse à son public comme à une bande d’amis, vérifiant par exemple si tout le monde comprend sa référence au manoir Coors Light, justement, avant de se lancer dans une description très personnelle de ce lieu soi-disant magique (magique pour qui?!). Elle n’hésite pas non plus à remarquer que tiens, telle blague «a mieux pogné la veille».

Avec son sens du rythme, KC qui adore CK (lire: Louis), propose des images incomparables et sa livraison naturelle est marquée par de délicieux moments de flottement accompagnés de gestes de la main. («Parce que tout le monde sait que le carton, ce grand isolant…!»)

Côté «visuel», alors que son comparse de Cliptoman, Mike Ward, a choisi d’arborer le gilet de chien-loup dans son dernier spectacle, Korine, elle, a opté pour un chandail de lion à lunettes. Si ce détail nous permet d’observer que le t-shirt animalier est décidément en vogue, il sert surtout à marquer le caractère sans fioritures de l’humoriste, qui dédie même un numéro à ses jeans serrés.

C’est donc dans ce costume tout ce qu’il y a de plus relaxe que Korine raconte des histoires dans la tradition du stand-up. Comme celle sur Les anges de la rénovation, émission animée par un Ty Pennington «un peu trop poudré à son goût», qui retape des maisons avec ses grandes ambitions («J’aurais peut-être pas dû (reniflement) mettre une (reniflement) porte en plasma (reniflement)!» «Non Ty, tu n’aurais pas dû.») Notons que ce numéro nous a semblé encore plus exalté que lorsque nous l’avions vu, cet été, au gala du Ward mentionné ci-haut.

Parlant de collègues humoristes, durant son spectacle, la jeune femme fait aussi un clin d’œil à Guillaume Wagner – qui a partagé avec elle l’écran de la téléréalité Les 5 prochains – et à sa blague devenue culte sur les douchebags (rappelez-vous: checke mes pipes). Ainsi, sourire en coin, elle parle de ces «mononcles en camisole suintante» qui racontent des histoires lubriques dont on ne comprend que les mots crus (affectionnés par Wagner dans ledit gag): totons, dans l’cul…

«L’humour est une musique», nous disait Korine en entrevue. Et c’est vrai que pendant son spectacle, elle rythme ses observations, en faisant du bruitage, en imitant un insecte gossant, en riant de manière démoniaque, en comptant – 1 Mississippi, 2 Mississippi, 3 Mississippi, 4 Mississippi… Et quand, à la fin, elle remercie tout le monde tellement sincèrement (son équipe, les gens dans la salle, ses parents et son chum, «qui a l’air bête mais qui est la personne la plus merveilleuse de l’univers»), on se dit que sur scène, pis visiblement en général, Korine est vraiment une chouette personne. Et qu’il ne faut surtout pas passer à côté. Mouehe. Pardon.

Korine Côté
Au Théâtre Corona
Jeudi soir à 20h
Supplémentaire le 9 mai

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