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A Most Violent Year: le bruit de l’ambition

Photo: Remstar

Le compositeur Alex Ebert nous parle de son travail pour l’immense film A Most Violent Year.

Dès les premières notes d’A Most Violent Year, l’intérêt est piqué. La musique lourde et tendue évoque une menace qui ne se dissipera jamais. Une épée de Damoclès plane sur Abel Morales (Oscar Isaac, figure emblématique d’Inside Llewyn Davis), un immigré qui tente de se tailler une place dans l’industrie du pétrole dans le New York enneigé de 1981.

«Je voulais de la musique qui vous suce le sang, comme le ferait Dracula, explique de sa voix douce Alex Ebert, qui est surtout connu pour être le chanteur des groupes Edward Sharpe and the Magnetic Zeros et Ima Robot. De la musique qui évoque la transe vers le capitalisme d’Abel.»

Travaillant pour la seconde fois avec le cinéaste J.C. Chandor, après All Is Lost – qui lui a d’ailleurs valu un Golden Globe –, Alex Ebert offre ici un enrobage sombre et extrêmement mélodique, qui emprunte à la fois à Philip Glass, à Carter Burwell (le fidèle collaborateur des frères Coen) et à Scarface, mélangeant des flûtes et des cordes à des synthétiseurs.

«Sans musique [dans un film], on regarde quelqu’un. C’est une étude de personnages. Mais avec de la musique, c’est une invitation à se perdre dans ce personnage.» – Alex Ebert, qui signe la trame sonore du film A Most Violent Year

«Le réalisateur m’a envoyé du Miami Vice pour m’inspirer, je lui ai renvoyé du free jazz», se rappelle celui qui cite Ennio Morricone et Vangelis comme ses compositeurs de musique de film préférés.

Le tout culmine avec America for Me, une pièce implacable qui semble réagir à la conclusion du film, laquelle est extrêmement dramatique.

Un moment cathartique parmi tant d’autres, qui est décuplé par un travail omniprésent sur le son.

«Je pense que sans musique [dans un film], on regarde quelqu’un, analyse le créateur. C’est une étude de personnages. Mais avec de la musique, c’est une invitation à se perdre dans ce personnage, à être happé par son ambition. La musique vient nous heurter, on est complètement absorbés par son atmosphère.»

Alex Ebert en 5 chansons

  1. Amen, de la trame sonore de All Is Lost (2013): Une pièce tristounette, belle et puissante sur le fait d’avoir eu une vie qui valait le coup.
  2. This Life, du disque éponyme Edward Sharpe and the Magnetic Zeros (2013): Une autre mélo-die douce-amère où le spleen est ponctué d’espoir, avec des chœurs qui font toute la différence.
  3. Home, qui est tirée de Up from Below (2009), le premier album d’Edward Sharpe and the Magnetic Zeros: Un hymne entraînant à la Arcade Fire, qu’on peut écouter des milliers de fois sans se tanner et qui a permis au groupe de faire le plein d’admirateurs.
  4. Truth, du projet solo Alexander (2011): Une voix capable de porter toutes les émotions du monde qui sonnera une immense cloche aux fans de la télésérie Breaking Bad.
  5. Lovers in Captivity, de l’album Monuments to the Masses (2006), de la belle époque du groupe Ima Robot: Une composition énergisante qui fait sourire avec ses emprunts à David Bowie et qui annonce tout le potentiel d’Alex Ebert.

A Most Violent Year
En salle dès vendredi

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