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Le BD numérique en vogue au festival d’Angoulême

Photo: Getty Images

Balayer un écran plutôt que de feuilleter des planches? La bande dessinée numérique commence à émerger sur le marché francophone, grâce à un large catalogue et des prix bon marché, mais le bel album a encore de beaux jours devant lui.

Dopée par la diffusion des tablettes, idéales pour zoomer les cases, la vente d’œuvres numérisées, quasi-inexistante il y a quatre ans, a nettement décollé en 2014 même si elle reste encore une fraction négligeable et que les résultats globaux des ventes ne sont pas connus.

Sur Izneo, l’une des premières plateformes de BD en ligne francophone, elles ont atteint 1,5 million d’euros en 2014 pour 400.000 albums vendus, sur un marché français où le livre numérique est globalement peu développé, souligne Nicolas Lebedel, directeur des ventes d’Izneo.

Izneo a été créé par une douzaine de grands éditeurs français, pour résister aux géants américains, a expliqué à l’AFP Claude de Saint Vincent, président de Dargaud. Lancée en 2010, elle propose plus de 10.000 albums dont ceux de Dargaud, Dupuis, Le Lombard, Casterman, Fluide Glacial, Bamboo ou Gallimard – mais pas Tintin.

En face, il lui faut compter avec le leader mondial du marché, l’américain comiXology, racheté par Amazon en 2014. Il référence 75 éditeurs américains et 70.000 titres, et revendique depuis sa création en 2007 plus de 200 millions de téléchargements, surtout des comics américains.

Mais le groupe a désormais de grandes ambitions sur le marché franco-belge. Depuis 2013, il a déjà signé avec une quinzaine de grands éditeurs français. Présent pour la 3e fois à Angoulême, comiXology parie sur un outil de lecture innovant qui permet de manipuler à son gré les cases et les bulles.

Un éditeur comme Glénat signe sans hésiter avec tous les e-commerçants. «Je veux que mon offre soit disponible sur un maximum de plateformes», souligne son responsable numérique, Sébastien Celimon. «Nos ventes numériques ont triplé en 2014, la moitié sont des mangas. Je vends surtout sur l’application iBooks d’Apple, sur Izneo, comiXology et BDbuzz. Il y a une vraie progression, même si à l’échelle de Glénat le chiffre d’affaires reste encore anecdotique».

Achat immédiat

Le marché profite aussi du goût des fans de BD pour des achats immédiats, voire compulsifs, et de prix 30 à 50% inférieur à un imprimé. Sur Izneo, les acheteurs peuvent s’abonner à 10 euros par mois pour une lecture illimitée, choisir entre lecture en ligne et téléchargement ou encore voir les 5 premières pages d’une œuvre, une formidable vitrine pour les albums papier. «C’est complémentaire», estime le président de Dargaud, «et puis de toutes façons nous n’avons pas le choix».

Grâce à ces plateformes payantes, les éditeurs espèrent aussi lutter contre l’offre illégale.

«Nous n’espérons pas convaincre le monde de se convertir à la BD numérique, mais avec notre haute définition c’est aussi beau et beaucoup plus pratique», a plaidé le PDG de comiXology, David Steinberger, de passage à Angoulême.

Mais pour beaucoup d’amoureux de BD, «le beau livre ne disparaîtra pas».

«Il y a le plaisir de toucher les pages. Si ce n’est que de la reproduction des œuvres, je n’y crois pas. Ce qui est intéressant, c’est ce qui se crée spécifiquement pour le numérique», estime Thomas-Louis Côté, directeur du festival de la BD de Québec.

«Cela fait plus de dix ans que l’on parle du numérique sans réelle explosion», renchérit Philippe Duvanel, directeur artistique des rencontres de la BD à Delémont (Suisse), estimant qu’«il faudra peut-être une génération supplémentaire pour que le numérique se fasse une place».

Mais surtout pour lui, «la BD sur le marché francophone extrêmement luxueuse, à la différence des comics ou mangas», a de beaux jours devant-elle car «le lecteur de BD est aussi un collectionneur».

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