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Gabriel Nadeau-Dubois à Dis-moi tout: un jeu dangereux?

Gabriel Nadeau-Dubois Photo: Télé-Québec

Je n’en ai jamais parlé encore sur ce blogue – et c’est mon erreur – mais j’écoute souvent l’émission Dis-moi tout à Télé-Québec avec un plaisir affiché. Le concept, d’une simplicité désarmante pour tous ceux qui n’y ont pas pensé avant, est tellement efficace qu’on ne peut pas se décoller de notre écran sans perdre un sourire en coin. Du bonheur simple et fichtrement bien pensé.

Les enfants, à l’avant-plan aux côtés de France Beaudoin, sont une puissante locomotive pour faire de la bonne télévision.

Il y a par contre des risques à conduire un véhicule sur des sentiers prévus pour un public plus jeune. La politique et les causes sociales peuvent, à mon avis, personnifier une partie de ces risques.

Prenons l’exemple de Gabriel Nadeau-Dubois qui était de passage lors de l’épisode de cette semaine. L’ancien représentant étudiant lors des grèves de 2012 a répondu avec candeur et humour aux questions des enfants, là n’est pas le problème. C’est plutôt sa présence qui me chicote.

Concrètement, je n’ai rien contre le fait que Nadeau-Dubois monnaye sa notoriété pour offrir une vie aux valeurs qu’il représente. C’est un peu bizarre de voir un «leader contestataire» dans le bottin de l’UdA, mais ce n’est pas inhabituel. Falardeau aussi, à l’époque, faisait la ronde des talk-shows. Là n’est pas mon malaise.

J’étais plutôt inconfortable en écoutant l’émission en raison du choix d’un invité associé à la politique. J’ai déjà par le passé reproché aux émissions de télé de s’inviter dans la course politique en envoyant des invitations aux politiciens actifs, avant, pendant et après les campagnes. Inviter, c’est voter. C’est vrai pour les émissions sérieuses, les entrevues, Tout le monde en parle et, visiblement, c’est aussi vrai dans un concept plus ludique comme Dis-moi tout.

Inviter Gabriel Nadeau-Dubois n’est pas un acte banal. En épluchant la liste des invités passés, il n’y a jamais eu de politiciens, de représentants syndicaux ou d’émetteurs d’idées d’un côté ou de l’autre du spectre politique (la gauche et la droite). Denis Coderre est déjà venu à l’émission, mais Coderre est toujours à la télé. Il est désormais un personnage télévisuel avant d’être un politicien – ou presque. Même si on veut s’en débarrasser, il récidive toujours. (AJOUT – Mario Dumont a aussi fait l’émission, plusieurs années après sa retraite)

Pour en revenir à Nadeau-Dubois, soyons clairs, il n’a rien dit de mal. Ce n’était ni de la propagande, ni de l’incitation à quoi que ce soit pour les jeunes. Au contraire, c’était beau de voir des jeunes du primaire être allumés et impliqués à leur échelle. On sème pour demain et ça, c’est honorable. Non, le hic ici c’est le précédent que l’on crée en invitant Nadeau-Dubois à interagir avec les enfants de Dis-moi tout.

Si c’est bon pour lui, c’est bon pour les autres – non? Bon pour Éric Duhaime peut-être, ou un Jean Charest à la retraite, ou Justin Trudeau. On ouvre une porte qui débouche sur un terrain glissant à mon avis. Les politiciens et la politique ne sont pas à prendre à la légère.

Pour l’instant, c’est encore inoffensif. Après tout, Gabriel Nadeau-Dubois est lucide, sympathique et posé maintenant que la crise étudiante est derrière lui. Mais il se passe quoi si quelqu’un d’autre met le pied dans la porte? Quelqu’un avec un agenda plus pernicieux que Nadeau-Dubois?

Je laisse la question ici et j’ouvre la réflexion. Pour ou contre que l’on mêle la politique aux émissions de nos enfants?

>> C’est par ici pour visionner l’émission 

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