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Dans la république du bonheur: images saturées

Photo: Nicola-Frank-Vachon\collaboration spéciale

Dans la république du bonheur, signée Martin Crimp et mise en scène par Christian Lapointe, offre une vision dérangeante de la société contemporaine et est plutôt confuse dans ses excès.

Le rideau s’ouvre sur un décor de plage kitsch – bienvenue, les vacances en Floride! – pendant une fête de Noël familiale en apparence normale. On saisit toutefois tout de suite l’aspect dysfonctionnel de la famille. Sans suspense, la surface éclate rapidement, alors que l’oncle Bob (David Giguère) débarque, inattendu, pour déverser par ses paroles hyperactives la haine que voue sa compagne Madeleine (Ève Landry) à ces gens, comme un règlement de comptes avant que le couple ne quitte à jamais pour un monde meilleur.

Le thème n’impressionne pas par sa nouveauté. On a déjà assisté plusieurs fois au spectacle d’êtres malheureux par leur condition contemporaine, des êtres vides qui ont de la difficulté à communiquer entre eux et qui éclatent. Ici, chacun veut être maître de son destin – «écrire son propre script» –, mais personne ne veut être «trop deep». Tout n’est pas politique, oh non, répéteront les personnages.
Papa, maman, grand-mère, grand-père, les deux jeunes Debbie et Hazel – et, bien sûr, Bob et Madeleine – disparaîtront (ou presque) dans le
deuxième acte, alors que les voix des acteurs se mêlent et que le texte devient un fil presque continu de bribes à propos de leurs conditions, récité en se lançant la balle, et même, en écho. Le débit est parfois très rapide, étourdissant. La pièce se termine par un retour sur Bob, échoué, et Madeleine, dure et manipulatrice, quelque part dans les limbes.

La mise en scène créative de Christian Lapointe est loin d’être smooth et verse plutôt dans les excès et la saturation. Il y a ces images filmées en direct, dans lesquelles ont voit des figurines et des objets divers, projetés sur grand écran. Il y a les chansons, une sorte de clin d’œil trash aux comédies musicales. Il y a les micros sur pied, utilisés tour à tour par les personnages d’une façon qui semble aléatoire. Et le rythme, soutenu.

L’univers présenté est difficile d’accès. Le texte, par ses mots et ses tournures, ne colle pas toujours à ce qu’on a sous les yeux – une famille «ordinaire» en crise. On s’y sent facilement confus et parfois même irrité. Dans la république du bonheur sort, sans aucun doute, les spectateurs de leur zone de confort; et considérant le propos de la pièce, la mission est donc accomplie.

Dans la république du bonheur
À la Cinquième salle de la PdA
Jusqu’à samedi

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