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Raymond Viger: intervenir par le hip-hop

Photo: Daphné Caron

Dans le milieu hip-hop, Raymond Viger est aussi connu que Dan Bigras dans 30 vies. Il reçoit les jeunes d’Hochelaga-Maisonneuve au Café Graffiti depuis 1997.

C’est quoi le Café Graffiti?
C’est un milieu de vie ouvert du lundi au vendredi de 9 à 5. Le reste du temps, c’est comme un club privé: les jeunes ont la clef et viennent pratiquer leurs activités, comme le breakdance ou le graffiti, dans le paintshop qu’on a en arrière.

Vous n’avez pas peur de vous faire voler?
Des vols, il y en a, mais beaucoup moins que dans un organisme où tout est barré. Les jeunes savent qu’ils se pénalisent eux-mêmes s’ils font ça. Ils s’autogèrent. Une fois, j’ai dit à des vendeurs de drogue qu’il n’y avait pas de drogue ici. Quand, après, un jeune a voulu vendre, les autres sont intervenus auprès de lui en lui expliquant que si eux se privaient de vendre, lui non plus ne pourrait pas. J’ai rien eu à faire!

Qu’est-ce qui fait que les jeunes ne vous trouvent pas… mononcle?
Souvent, ils ont entendu parler de moi par leurs amis avant de me rencontrer. Mais surtout, je pense qu’ils apprécient le fait que je les respecte. Les artistes, je les appelle «maître», ça les impressionne de se faire prendre au sérieux comme ça. Et souvent, nous sommes le premier média à leur donner de la visibilité.

Oui, avec la publication Reflet de société?
Oui, c’est un autre volet de notre organisme, un magazine dans lequel on aborde différents enjeux de société, des gangs de rue à la prostitution. C’est de cette publication que nous tirons tous nos revenus. Quand on a appris que Bistrot in Vivo, en face, allait être remplacé par une épicerie, on a pris la relève. On cherchait d’autres revenus et on ne voulait pas que cet espace de diffusion soit perdu.

Comment tout ça vous permet d’intervenir auprès des jeunes?
Au lieu de faire de l’intervention face à face comme au CLSC, on intervient côte à côte. Le jeune vient ici par attrait, parfois avec ses problèmes, et on va identifier ensemble ce qui ne va pas. Par exemple, un jeune est venu avec le projet d’organiser un concert. Je lui ai donné des contacts, il avait une opportunité, mais il l’a manquée parce qu’il avait trop trippé la veille. Ça nous a permis d’identifier que sa consommation était peut-être dans les jambes de ses projets. Il y a des jeunes qui me disent que je ne suis jamais intervenu auprès d’eux, mais moi, je sais que je suis intervenu de A à Z! Ils ne s’en rendent pas compte parce que c’est différent des intervenants auxquels ils sont habitués.

Et ça fonctionne?
Je dis toujours que j’ai un taux de succès de 100%. Même si le jeune se ramasse en prison ou dans les Hells, je sais que j’ai semé quelque chose qui aura un impact à long terme.

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