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La vie aquatique de Claude Bégin

Photo: Monsiieur/collaboration spéciale

Claude Bégin, c’est le sorcier-réalisateur qui a collaboré aux albums de ses nombreux amis, dont Boogat, Marième ou encore son fidèle complice Karim Ouellet. Par le passé, il a aussi fait partie du duo rap Accrophone, et possède toujours sa carte de membre du groupe post-rigodon Alaclair ensemble. Après avoir été «tous ces Claude», le musicien de Québec présente maintenant SON projet, Les magiciens, un album solo pop-rock-électro. «Il y a longtemps que j’espérais ça! J’étais rendu là. J’ai 31 ans pis… ça fait du bien de travailler pour soi!» sourit-il. Entretien.

Sur Les magiciens, on trouve plein de références aux poissons. Dans les textes, à l’intérieur de la pochette…
C’est parce que j’adore les poissons! Quand j’étais petit, dès que je voyais une flaque d’eau, je voulais voir s’il y avait des poissons dedans. Avec mon grand-père, qui s’appelait Claude aussi et qui est mort il y a quatre ans, on allait tout le temps à la pêche. Cette espèce de vibe aquatique, ce thème récurrent, c’est à mon image.

Sur la chanson Des coeurs par la tête, vous mentionnez d’ailleurs qu’il y a «un immense mégalodon qui nous guette».
Tu sais c’est quoi, un mégalodon?

Oui, c’est un poisson préhistorique [merci Wiki].
Oui, c’est ça! (Rires) C’est la terreur! Je trouvais que ce mot illustrait bien un état d’esprit négatif. De chicane.

Sur Avant de disparaître, vous chantez aussi «être heureux comme un poisson volant». C’est comme être très, très heureux, ça?
Ouais, ça, j’avoue que ç’a un peu pas rapport! (Rires) Mais pour vrai, je trouve ça super créatif, un poisson volant, venant de dame Nature. C’est un poisson. Qui peut voler. J’ai même un tatou de ça ici [il montre son bras]. Mais tout ça, ce sont des images. À un moment donné, il faut écrire des chansons, et c’est ce qui passe par l’esprit qui est chanté.

Vous avez évoqué votre grand-père, vos souvenirs d’enfance. On sent d’ailleurs une certaine nostalgie sur ce disque. Comme sur la pièce Au 1036, où vous parlez de votre appart-studio de Québec, rempli de bons moments avec vos amis.
Ah! Le 1036, c’est comme une espèce d’auberge espagnole! On a tous la clé de l’autre appart, mes voisins, c’est comme mes colocs. Mais tu sais, j’ai parlé de ma vie. De moi qui habite au 1036 depuis 17 ans et qui me suis dit qu’un jour ce ne sera peut-être plus le cas, de mon grand-père qui est mort, tout ça…

À la moitié de l’album, vous insérez une pièce instrumentale de 52 secondes: La première fois que je t’ai vue. Un interlude éclaté!
Ça, c’est pour impressionner les gens qui font de la musique! (Rires) Je dis «pour impressionner», mais en réalité, c’est le petit frère d’un de mes amis qui m’a demandé un jour: «Je peux te regarder travailler?» J’ai dit: «Oui, oui!» Je n’avais aucune idée de ce que je faisais, mais c’est devenu un beat complètement fou, carrément intense. J’ai appelé ça La première fois que je t’ai vue. Comme le coup de foudre, tsé. Au début, ça s’appelait Maman Dragon. Ça n’avait aucun rapport, mais c’était pour faire rire le petit frère! Finalement, j’ai mis ça au milieu. Parce que j’aime qu’il y ait beaucoup de contraste entre les chansons.

«Je sais que les gens ne reconnaissent pas nécessairement ma voix, parce que j’ai fait plein de choses: du R’n’B, du rap, j’ai même crié en rap! Je savais que ça allait jouer contre moi si, sur mon album, on voyait trop ça: les différents Claude, d’une toune à l’autre. Le défi, c’était de trouver une unité, pas juste dans la musique, mais aussi dans mon interprétation, ma voix, ma personnalité.»

Vous venez d’une famille de musiciens: votre père est metteur en scène d’opéra, votre mère et votre grand-mère sont pianistes. Est-ce qu’il y a eu un moment dans votre vie où vous vous êtes révolté et avez voulu faire autre chose?
Non, non, c’était toujours super cool! Ils n’insistaient pas pour que je fasse de la musique; c’est moi qui ai décidé d’en faire. Je suis d’ailleurs le seul qui ne sait pas lire les notes et qui n’a jamais joué de piano. Je trouvais la guitare plus cool. Je voulais faire du rock. Finalement, j’ai fait du rap. Mais maintenant, je veux me réapproprier le rock. Ça va marcher: je me suis fait pousser les cheveux! (Rires)

Sur Le vrai visage, vous lancez le mot «formidable!» qui évoque le succès de Stromae. Un hommage?
C’est vrai qu’à un moment donné, j’ai fait ouh, ça fait Stromae! À cause de: [il chante] «Formidable!» Heille, je n’ai rien vu aller. C’est sorti de même. C’est comme la chanson Le pays des manettes, après coup, je me suis dit que ça faisait tellement Daniel Bélanger!

Dans les crédits du disque, on retrouve un trompettiste, une violoncelliste, une choriste et… un amour.
Oui, il y a ma sœur qui a fait les voix de fille, seule chose que je ne peux pas faire avec les trompettes et les violons. Et l’amour, c’est vraiment parce que j’ai composé l’album quand j’avais une blonde. La même tout le long. Ç’a quand même été l’inspiration numéro un. On était très intenses; on faisait que ça, être ensemble. Donc je me suis dit: oh, elle a joué de l’amour!

La trompette est très présente sur ce disque. Ce que cet instrument évoque pour vous?
En fait, je fais des trompettes de bouche depuis que je suis tout petit. Et on rit beaucoup avec ça! J’aimerais en jouer de la vraie, c’est super cool, mais ça prend au moins 10 heures de leçons juste pour apprendre à faire fonctionner ça comme du monde! Le violoncelle aussi, c’est long à apprendre! C’est pour ça que j’ai eng… [bruit de café] une violoncelliste.

Pardon, j’ai mal entendu: vous avez engagé une violoncelliste ou engueulé une violoncelliste?
Engagé! (Rires) J’ai toujours voulu avoir mon orchestre! Depuis que je fais du rap! C’était la première fois que je dirigeais. C’était un beau trip. Je me suis fait un cadeau.

Vous terminez l’album en mode acoustique. C’était un choix…
… un choix romantique.

Oooooh.
Non, mais avoue! (Rires) À un moment donné, il faut que tu places les tounes, et c’est la toune relaxe qu’on met à la fin!

Est-ce que vous vous êtes surpris avec cet album?
Je dirais que je me suis… trouvé.

Claude Bégin
Au Métropolis samedi à 20 h
Dans le cadre de la Nuit blanche
Les magiciens, en vente

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