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Une médaille et un podium pour Stéphane Fallu

Photo: Yves Provencher/Métro

Dans son bien nommé nouveau spectacle, Stéphane Fallu montre que ne pas toujours être premier, ce n’est pas si grave. Après tout, dans «Bon deuxième», y’a quand même le mot bon.

Dix ans ont passé depuis que Stéphane Fallu a présenté son premier un-homme-spectacle (lire : one-man-show). Une décennie durant laquelle l’humoriste au nœud papillon est devenu papa deux fois, a «vécu l’expérience familiale à fond» et s’est consacré aux galas, à la télé. Le voilà désormais prêt à remonter sur scène avec son nouveau bébé, juste à lui. «On dirait que pendant tout ce temps, j’allais en visite chez les autres et que là, je reçois le monde chez nous!» lance-t-il. Et comme «lorsqu’on reçoit, on n’amène pas juste une bouteille de vin», l’hôte de la soirée dit avoir mis la totale pour «sortir du stand-up, aller ailleurs dans la variété», histoire d’offrir «un show qui bouge. Qui est vivant…»

… Comme vous.
Oui! «Qui bouge et qui est vivant.» Comme moi! (Rires) Ce n’est pas juste un show de stand-up avec un micro à l’américaine.

On sait que vous aimez chanter. Avez-vous des passages en musique dans votre show?
Oui! J’adore chanter! J’aime beaucoup l’émotion que ça peut amener. On peut aller ailleurs, dire les choses différemment… Je vais faire un peu de rock, un peu de ballades…

Vous êtes un rockeur dans l’âme?
Je pense que oui… Surtout dans mes fins de soirée! (Rires) J’aime cet univers. Chanter, ça change l’ambiance un peu. Et puis, je ne fais pas des performances de 22 minutes non plus, sinon le monde partirait.

Ça serait Fallu, la comédie musicale.
Oui, mais pour vrai, je rêve d’en faire une un jour! Je trouverais ça très drôle! Et puis, j’aime ça surprendre. Dans mon show, il y a beaucoup de choses qui se veulent surprenantes! J’analyse les comportements de la vie quotidienne, de la vie en couple, de la paternité…

Qu’est-ce qui vous surprend, vous, en humour?
Quand on ne va pas dans le classique, quand on n’a pas les mêmes victimes que d’habitude. Par exemple, moi, je n’aime pas rire du monde cheap, mais je vais rire des gens qui font des listes, qui sont très organisés et qui se fâchent si tu ne l’es pas. Si t’es trop organisé, ça se peut que tu te tapes un burnout. Les gens désorganisés, eux, ne s’en tapent pas! Moi, je n’ai pas beaucoup de listes dans ma vie.

Même pas une bucket list?
Non. Il n’y a pas de «choses qu’il faut que je fasse avant de mourir»! Je vis les choses quand elles arrivent. Et souvent, je le regrette après! (Rires) Honnêtement, ma vie est une loooongue anecdote.

Mais vous semblez assumer complètement tous vos choix. Comme vous assumez aussi le fait de ne pas être le premier et d’être «Bon deuxième».
Oui, j’assume! Je ne veux pas jouer la carte du gars qui fait pitié. Je ne fais pas pitié! Mais j’assume davantage ce que je suis. Je suis un gars dans la quarantaine! (Mais je n’ai pas de numéro là-dessus, ceci dit.)

Être deuxième, c’est une superbe position dans laquelle se trouver, non?
C’est une MÉCHANTE BELLE position! Je ne dis pas qu’il faut être dernier, mais dans la vie, ça prend des deuxièmes. Même dans les grosses compagnies! Par exemple, il y a des bons chums. Ceux qui sont là tout le temps. Et il y a ceux avec qui c’est le fun de prendre une bière. Moi, si tu m’appelles pour tes problèmes, ça se peut que je ne sois pas super efficace. Soit je vais avoir trop d’empathie, soit je vais t’écouter plus ou moins. (Rires) Je trouve que c’est un bon potentiel de personnage! Au début, y’a du monde de mon équipe qui me disait: «Hmmm, non Steph, ce n’est pas super positif…» Mais le monde me connaît! Le public, ce n’est pas ma mère qui va me dire: «Oh t’es beau», même si t’es tout croche. Ou «c’est elle qui n’a pas été correcte, OK?» quand c’est toi qui as été trou de cul.

C’est une idée de sujet qui vous est venue il y a longtemps? Parce que c’est une chose qu’on entend – et qui nous irrite foncièrement – pendant les Jeux olympiques. «Oh, il est seulement arrivé deuxième». Comment «oh»?!
Ou troisième. Ou heille, cinquième! Les gens disent: «Ohn, il est juste cinquième»! Arrh. Mais en fait, ce qui m’a inspiré l’idée, c’est que j’avais beaucoup de numéros sur la performance.

«J’suis rendu un vieux golden retriever. Je vais encore dans le pick-up, mais j’aime ça rester assis dans la boîte du camion, où il y a moins de vent.» – Stéphane Fallu, sur sa «belle folie qu’il a gardée, mais appris à maîtriser»

En vue de votre spectacle, vous avez fait paraître sur le web des vidéos humoristiques dans lesquelles vous confiez, par exemple, qu’en tant que «bon deuxième», il ne vous arrive jamais de signer des poitrines de fans, contrairement à votre ami Laurent Paquin.
Oui! J’ai préparé des vidéos comme ça. Certaines sont plus familiales, d’autres plus osées. Parce que mon show est un peu grivois. Ce n’est pas juste de l’humour avec des papillons.

Et des nœuds papillons.
Et voilà! (Rires) Mais ça m’est déjà arrivé pour de vrai: j’étais avec un humoriste plus connu et une fille est arrivée en lui demandant de signer son sein. Après, on dirait qu’elle s’est sentie mal et elle m’a demandé: ça te tente-tu de signer l’autre? J’ai fait bof, non, je vais laisser faire. Mais ça m’est arrivé de signer des chests de gars (ils sont un peu niaiseux des fois). Et des bobettes. Et un manteau. Après, les parents m’ont écrit pour m’engueuler et me dire que je leur devais un nettoyage. J’ai fait: plus jamais!

C’est les aléas de la vie d’humoriste, non?
C’est vrai que, au Québec, les humoristes font partie de la vie des gens. Qu’ils t’aiment ou qu’ils ne t’aiment pas! Tsé tantôt, je prenais des photos et il y a une fille qui a crié: «Y’é pas beau! Hé hé hé!» Elle était toute contente! Le monde n’a pas de gêne! Surtout avec moi. Des fois, il faut que je mette des limites. Que je dise: «Non. Ça, ce n’est pas poli! Ça, c’est NON!» Pour d’autres humoristes, c’est pas du tout ça. C’est: «Bonjour Monsieur Paquin». Moi c’est : «Heille!!!! Yo!!! Fallu!!!»

Préféreriez-vous qu’on vous dise: «Bonjour Monsieur Fallu»?
Non, je ne pense pas! (Rires) Je ne suis pas rendu là encore. Je n’ai pas besoin de cette approbation pour être heureux! Une fois, une fille m’a dit: «J’aimerais vous dire, M. Fallu, qu’Alexandre Barrette est vraiment sexe.» Lui était sexe. Moi j’étais Monsieur.

Bon deuxième
Au Théâtre St-Denis
Mercredi et jeudi à 20h

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