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100 ans du génocide arménien: «Regarder l’humanité en face»

Photo: Yves Provencher/Métro

Depuis plus de 15 ans, l’artiste multidisciplinaire d’origine arménienne Lousnak organise un rendez-vous artistique qui commémore les différents génocides de l’histoire. Alors que l’année 2015 marque le centenaire du génocide arménien, le concert qu’elle organise mercredi soir sera chargé en émotions.

«On souligne 100 ans de déni; un génocide qui n’est toujours pas reconnu par celui qui l’a perpétré, le gouvernement turc, rappelle Lousnak. On commence à être impatients.» Jeudi marquera le 100e anniversaire, jour pour jour, de l’arrestation de près de 300 intellectuels arméniens en Turquie. Le 24 avril 1915 est la date reconnue du commencement du génocide arménien, qui s’est poursuivi jusqu’en juillet 1916. «C’est une date très symbolique pour tous les Arméniens», explique Lousnak.

Il y a une dizaine de jours, le premier ministre turc s’était dit outré que le pape François ait utilisé le mot «génocide» pour parler de la situation des Arméniens en 1915. Cela est inacceptable pour Lousnak. «Imaginez si l’Allemagne ne reconnaissait pas l’Holocauste, tout le monde serait debout en train de hurler, dit-elle. C’est ça qu’il faut faire, hurler, et moi, ma façon de hurler, c’est le cri de la grue avec tous mes amis artistes.»

«Je suis une justicière, j’enrage avec toutes les injustices du monde.» – Lousnak

Une dizaine de musiciens se relaieront sur la scène de la Sala Rossa pour assurer la partie musicale du spectacle, dont la chanteuse Karen Young. Deux artistes feront aussi de la peinture en direct lors de la soirée. Lousnak interprétera quelques-unes de ses chansons, dans lesquelles on peut entendre ses origines arméniennes. Des influences qu’elle a recueillies dans son enfance, lorsqu’elle habitait dans un village peuplé par des déportés arméniens, au Liban. «Vu que ce village a grandi tel quel, comme s’il était en Anatolie [NDLR : extrême ouest de l’Asie], j’ai absorbé toute la culture, comme une éponge», relate-t-elle.

L’artiste travaille à sensibiliser le public à tous les génocides, notamment grâce à l’organisme qu’elle a fondé en 2005, Parlons Génocides. «C’est important de souligner tous les génocides, et la diversité qui fait la richesse du Québec», croit Lousnak. C’est pourquoi une pièce du compositeur amérindien Pascal Kuokuochi sera présentée par le guitariste de l’ensemble Forestare Alexandre Ethier. «Pour moi, les autochtones, la façon dont le gouvernement les traite, c’est une sorte de génocide, qui s’efface de plus en plus.»

Elle pense qu’il faut continuer à sensibiliser le public aux génocides, car ils sont souvent ignorés. «Si on ne rappelle pas que ce sont des génocides avec un grand “G”, ça va toujours continuer, juge-t-elle. La génération de ma fille devra s’occuper de l’écologie de la planète. Elle ne devrait plus s’en faire, parce que les hommes s’entretuent ou planifient d’exterminer d’autres hommes.»

Pour Lousnak, le simple fait d’assister au spectacle permettra au public de se remémorer cet enjeu primordial. «Ça prend du courage d’être là, car c’est un miroir, observe-t-elle. Les gens s’enfuient, ils n’aiment pas le mot “génocide”, mais être là, c’est regarder l’humanité en face.»

Lousnak et le cri de la grue
Mercredi 22 avril 20 h
La Sala Rossa
4848, boul. Saint-Laurent
25 $

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