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Michel Pepin, poète

Photo: Daphné Caron/Urbania

Atteint d’une maladie dégénérative, Michel perd un peu de son autonomie chaque année. Mais il a toujours toute sa tête. C’est ce qu’il veut que vous remarquiez en premier.

Comment êtes-vous devenu poète?
Quand je suis tombé malade, j’ai tout perdu. J’ai commencé à écrire, ç’a été un exutoire. Mes poèmes étaient très sombres au début, mais ils me faisaient du bien. Pendant sept ou huit ans, je les ai distribués sur la rue Fleury. J’en donnais à ceux qui me donnaient de l’argent. J’avais l’air d’un quêteux, mais je voulais que les gens me donnent sans rien attendre en retour. Quand je leur remettais un poème, ça les surprenait. Au début, ils se disaient que ça devait être poche, parce que c’était écrit par le gars dans’ rue, mais après ils se retournaient pour me dire que c’était bon! Maintenant, je veux que mes poèmes voyagent, qu’ils sortent de la rue. C’est pour ça que je veux faire une exposition avec Mikaël Theimer.

En quoi consiste cette exposition?
Ça s’appelle Vous l’avez sans doute remarqué… je suis poète. La première chose que les gens remarquent, c’est que j’ai des handicaps. Mais quand j’écris des poèmes, je ne suis pas handicapé. Cette exposition mettra en valeur mes poèmes, et ils seront accompagnés des photos de Mikaël, que j’ai laissé entrer dans mon intimité pour qu’il documente ma réalité. Les photos seront placées en haut des gens, pour qu’ils me voient en contreplongée, un peu comme je les vois de mon fauteuil. Les gens vont me voir dans mon intimité, et je pense que ça créera un malaise.

Pourquoi avez-vous voulu vous montrer vulnérable?
Moi, ça fait deux ans et demi que je dépends de préposés pour aller aux toilettes, et ça fait seulement quelques semaines que les mêmes personnes reviennent tout le temps. Avant ça, j’ai laissé entrer plus de 100 personnes dans mon intimité, m’essuyer les fesses. C’est super gênant. Je veux renverser les rôles.

Comment vous êtes-vous rencontré, Mikaël et vous?
Mikaël faisait une série de photos pour le projet À la porte, qui vise à sensibiliser les gens à l’accessibilité. Ils ont pris le métro comme symbole, mais la problématique est plus large. L’autre jour, j’ai dû appeler 17 optométristes différents avant d’en trouver un qui est accessible en fauteuil roulant pour passer un examen de la vue. Finalement, j’ai dû me rendre à Anjou. C’est gossant.

Pourquoi dites-vous que vous n’êtes pas handicapé, alors?
Je ne suis pas handicapé. Je suis en situation de handicap. Toi, tu portes des lunettes parce que tu as un handicap visuel, mais on ne va pas dire que t’es handicapée. Moi, c’est la même chose. À partir de quand on est considéré handicapé? Dans une foule, je suis ben moins handicapé qu’un agoraphobe!

Une campagne de sociofinancement a été lancée pour que l’exposition Vous l’avez sans doute remarqué se concrétise. Les fonds amassés serviront à l’achat de cadres et à l’impression de photos.

Pour y contribuer, visitez : igg.me/at/jesuispoete

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