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Quand Hollywood revit son passé

Photo: collaboration spéciale
Daniel Casillas - Metro News World

Métro s’intéresse à la mode des remakes-suites-mises à jour de films à succès à Hollywood… et se demande si cette tendance est vraiment une bonne nouvelle pour les cinéastes et le public.

Mad Max, Jurassic Park, Terminator, Star Wars, Point Break… Ce ne sont que quelques-unes des franchises cinématographiques qui font l’objet d’une nouvelle version ou d’une suite cette année. Hollywood est en mode remake ces temps-ci, et plusieurs experts voient ces nouvelles moutures, qu’elles leur plaisent ou non, comme une façon de ramener les spectateurs nostalgiques dans les salles de cinéma.

Certains analystes de l’industrie du cinéma ont déjà sacré 2015 «Année du remake», avec plus de 30 grosses sorties qui seront des remakes ou des suites de blockbusters à succès. Selon des chiffres de Movie Insider, on verra cette année, au total, 5 remakes et 30 suites. Quand on prend en considération toutes les sorties de janvier à juin 2015, des 10 productions ayant rapporté le plus d’argent au box-office, [avec en tête Avengers: Age of Ultron et ses plus de 444M$], pas une seule n’est un film original.

Mais l’affection pour les remakes et les franchises n’est pas vraiment nouvelle à Hollywood. En fait, le plus vieux remake connu est Orphans of the Storm, un film de 1921 basé sur The Two Orphans (1915). Des rapports du box-office révèlent que l’originalité à Hollywood connaît un déclin depuis le milieu des années 1970 – en 1977, 9 films originaux ont réussi à se tailler une place dans le top 10 annuel américain des films ayant le plus rapporté, alors qu’en 2014 Interstellar, de Christopher Nolan, était le seul film original à s’être hissé dans le top 10 du box-office mondial.

Des analystes des revenus cinématographiques qui travaillent pour Box Office Mojo soulignent que les remakes sont une avenue très lucrative pour Hollywood, les profits engrangés grâce aux ventes de billets de cinéma pour ces films atteignant le triple de l’argent investi dans leur production. Entre 2003 et 2012, quelque 122 remakes ont pris l’affiche, amassant un étonnant montant de 12G$ en revenus bruts au box-office – alors que le budget total pour les remakes au cours de cette décennie était de 4,7G$.

«Les studios ont abandonné l’idée de produire des films sérieux, afin de garder les cinémas pleins, et nivellent par le bas pour attirer le plus vaste auditoire possible. Résultat: le drame sérieux est mort aux yeux des studios, à moins qu’il soit basé sur un best-seller.» – Marshall Fine, critique de cinéma pour HollywoodandFine.com

D’un point de vue économique, donc, les remakes constituent un choix tout à fait logique, puisqu’ils offrent aux studios une source de revenus sûre et inépuisable qui nourrit en outre la production d’autres remakes. «Les remakes sont une bonne affaire. Faire de l’argent, c’est bon pour l’industrie: ça crée de l’emploi et ça procure d’immenses moyens financiers aux cinéastes, aux acteurs et à l’équipe technique», dit Kathryn Arnold, experte de l’industrie américaine du film et du divertissement.

Même si les remakes, les suites et les franchises sont synonymes de bonnes affaires pour Hollywood (au top 10 des films les plus lucratifs de tous les temps, 7 font partie d’une franchise), les experts soulignent qu’ils découragent aussi les tentatives de produire des œuvres originales. «Les remakes sont destinés à satisfaire les attentes du public. Quand je vais voir un film, toutefois, je ne veux pas que mes attentes soient simplement satisfaites, je veux qu’elles soient surpassées. Je ne veux pas voir ce qui a déjà été testé, je ne veux pas d’une formule gagnante, je veux quelque chose de dangereux, qui soit à la fois perturbant et dérangeant et nouveau», dit Richard Walter, professeur d’écriture scénaristique à UCLA.

Pourtant, selon certains analystes, ce n’est pas uniquement la faute des gros studios hollywoodiens si les films basés sur des succès passés sont omniprésents. Le public qui remplit les salles de cinéma a aussi sa part de responsabilité dans le phénomène. «Le public est composé de gens qui veulent simplement être divertis et qui sont faciles à manipuler et à convaincre d’aller voir le plus récent remake, le dernier film de superhéros, ou la plus récente suite», explique le critique de cinéma à HollywoodandFine.com Marshall Fine.

Et donc, qu’est-ce qui peut être fait pour promouvoir la créativité dans l’industrie? La réponse se situe dans la prise de risques: «La clé pour un studio, c’est d’être créatif et original dans ses remakes et ses suites, et de maintenir l’intérêt du public ainsi», dit Kathryn Arnold. Walter ajoute: «Les producteurs devraient reconnaître que les risques sont au centre de l’art et plutôt que de les éviter, ils devraient accepter d’en prendre et valoriser cette pratique.»

Les ratés
Métro évoque pour vous cinq remakes controversés et décevants:

  • Psycho (1998). Ce remake plan à plan du classique de 1960 d’Alfred Hitchcock, mettant en vedette Vince Vaughn et Anne Heche, est considéré de façon généralisée comme l’une des pires mises à jour de l’histoire du cinéma. Échec critique et financier, ce film de Gus Van Sant est vu comme étant considérablement inutile.
  • Godzilla (1998). L’adaptation du classique japonais de 1954 a été considérée comme un plagiat de la franchise Jurassic Park. Le long métrage comprend des scènes avec des monstres ressemblant curieusement à des Velociraptors et l’ensemble ressemble vraiment trop au blockbuster dinosauresque.
  • The Wicker Man (2006). La nouvelle version du terrifiant film d’horreur britannique de 1973 a involontairement causé l’hilarité… La réponse a été tellement mauvaise que le réalisateur de l’original, Robin Hardy, s’est dissocié du remake presque instantanément.
  • Fame (2009). Le remake du film musical culte de 1980 a été critiqué pour son montage peu fluide, ses personnages superficiels et son désir à peine masqué de plaire à la génération High School Musical. Cette adaptation à la sauce moderne a été un échec autant auprès de l’opinion du public que
    des coffres du studio.
  • Teenage Mutant Ninja Turtles (2014). Conçue pour surfer sur la vague de la nostalgie des années 1990, cette tentative de remettre au goût du jour la franchise TMNT s’est fait reprocher son absurdité par la critique et n’a pas réussi à s’attirer l’intérêt du public. Et franchement, ces tortues en images de synthèse ont l’air complètement ridicule.

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