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Nuits d’Afrique: les papys font de la résistance

Photo: collaboration spéciale

Formation phare des années 1990, Zebda effectuera un retour très attendu dans nos contrées à l’occasion du Festival Nuits d’Afrique.

Motivé, Tomber la chemise, Le bruit et l’odeur ou L’erreur est humaine ne sont que quelques-uns des titres hyper fédérateurs du répertoire festif d’une certaine génération X qui aimait s’éclater sur des rythmes funk, rock, latinos et reggae sans pour autant danser gaga.

Après une séparation en 2003 et une décennie ponctuée de quelques retours, dont la parution d’un album en 2012 (Second Tour), le groupe qui a popularisé les titres susmentionnés s’est réuni de façon plus sérieuse et a publié en 2014 l’album Comme des Cherokees. «Lorsqu’on est môme, on joue aux cow-boys et aux Indiens. Et souvent, on veut être le cow-boy, car l’Indien, c’est le méchant. Mais finalement, avec l’âge, on se rend compte qu’on veut être l’Indien, car il appartient à une minorité discriminée. Moi-même, je suis fils d’Algérien en France et je me sens frère des minorités du monde entier», affirme Magyd Cherfi.

En plus des titres originaux qui ont contribué à sa légende (la quasi-totalité des textes sont écrits par Magyd), la formation Zebda, qui veut dire beurre en arabe (beur = arabe en verlan), a aussi repris à sa manière quelques-unes des plus grandes chansons du répertoire français dont les auteurs étaient connus pour leurs prises de position gauchistes: Jaurès (Brel), Vingt ans (Ferré), La teigne et Hexagone (Renaud), Supplique pour être enterré à la plage de Sète (Brassens) ou Les habitants du feu rouge (Mano Solo).

«C’est une bataille de tous les jours. Il faut avoir une armature intellectuelle solide. Nous, on a été des militants avant. Zebda, c’est un peu comme si un parti politique devenait un groupe de musiciens. C’est ce qui fait notre spécificité dans la chanson française.» – Magyd Cherfi, répondant à la question «Comment fait-on pour ne pas trop s’embourgeoiser malgré le succès et les années qui passent?»

Après avoir su si bien marier sur le plan musical leurs origines algériennes à la chanson franco-française, grâce notamment à l’influence de Rachid Taha et de sa formation Carte de séjour, ces militants progressistes ont-ils le cul entre deux chaises: d’un côté, la défense des minorités qui peut passer par un certain communautarisme ou par une affirmation identitaire et, de l’autre, les valeurs républicaines dont celle de la laïcité? Depuis les tragiques événements de Charlie Hebdo, auquel de ces deux grands courants de gauche appartenez-vous? «Après Charlie, on a eu envie d’appartenir à la France la plus large possible. On a été Charlie. Mais on aurait pu ne pas l’être, car on considère qu’il y a un traitement global péjoratif de l’islam. On ressent une empathie à l’égard des musulmans, eux qui pratiquent la religion de nos parents. On aimerait qu’ils soient un peu ménagés, mais en même temps, on appartient à la république laïque et on connaît ces valeurs-là», affirme Magyd, qui est tout à fait conscient d’appartenir à une minorité de privilégiés qui ont su se tailler une place de choix dans la société hexagonale.

Ce rayonnement conduira bientôt les trois chanteurs et quatre musiciens de la formation chez nous. Un souvenir du Québec? «Ce qui m’a ému au Québec, c’est cette espèce d’amour, d’affection, que les Québécois ont pour les Français, genre de truc qui n’existe plus en France. Par exemple, quand un Marseillais croise un Lillois, il demeure indifférent.»

Parions que les retrouvailles seront, une fois encore, des plus jubilatoires.

Zebda
Au Métropolis
Mardi soir à 20h30

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