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Nicolas, Pierre, Marie… et le Démon

Photo: Yves Provencher/Métro

Avec la comédie romantique Pierre et Marie… et le Démon, signée Michel Marc Bouchard, Nicolas Gendron met en scène une «nuit avec beaucoup de points d’interrogation». Quelques réponses.

Marie et Pierre forment un couple. Qui, avec le temps, a de plus en plus de coussins dans son appart, de moins en moins de moments collés ensemble. Dans ces coussins ou ailleurs. Mais ce soir-là, c’est la fête. Après 15 ans dans la fonction publique, Marie est devenue attachée politique du ministre du Commerce extérieur. Party! Au réveil, un dimanche («mais c’est sacré le dimanche!»), elle s’apprête à partir travailler quand, iiih, un mystérieux jeune homme portant le bas de pyjama de son époux sort, semble-t-il de nulle part, et la salue, séducteur. Puis il se tourne vers Pierre, et le salue à son tour, tout aussi séducteur. Euh… attends, qu’est-ce qui s’est passé la nuit dernière???? (Tel que stipulé plus haut, il y a «beaucoup de points d’interrogation».)

C’est le jeune acteur et critique de cinéma montréalais Nicolas Gendron qui a été mandaté pour mettre en scène, au Théâtre des Grands Chênes de Kingsey Falls, cette pièce drôle et pétillante. Coïncidence : en 2011, il devait auditionner pour tenir le rôle du démon dans une production qui a eu lieu à Chertsey. «Finalement, j’ai eu une autre offre et j’ai joué tout un été dans un cimetière! Quatre ans plus tard, je suis de l’autre côté du miroir.»
De ce côté du miroir, donc, Nicolas dirige une solide distribution qui compte, entre autres, Debbie Lynch-White, vue au petit écran dans Unité 9 et sur les planches dans J’accuse d’Annick Lefebvre, ainsi que Jean-Philippe Baril Guérard, acteur, metteur en scène et auteur (de la pièce Tranche-cul, récemment, et du roman Sports et divertissements).

Créée en 1997, la comédie qu’ils portent et rythment de répliques savoureuses a été réactualisée pour l’occasion par son renommé auteur, Michel Marc Bouchard. «On a eu un réel dialogue, Michel Marc et moi, raconte Nicolas Gendron. On a revu des enjeux, modifié des détails… Des fois, c’était juste une question de phrasé, de langage. Et de références, bien sûr! Il fallait rester en phase avec notre époque. Roch Voisine, avec tout le respect que je lui dois, n’est plus le chanteur de l’heure.» Non? C’est qui alors? Quelqu’un de La Voix? Sourire mystérieux : «Indirectement… Indirectement…»

Indirectement aussi, ajoute le metteur en scène, se cache en filigrane de cette production «une réflexion sur le travail, le pouvoir et l’argent». Mais si Nicolas insiste sur une chose, c’est que les Pierre et Marie du titre s’aiment. Vraiment. Même si on pourrait, au premier abord, croire que c’est un couple conservateur qui s’ennuie et s’ignore, ce n’est pas ça. Ils S-’-AI-ME-NT!-!-! «Depuis 10 ans! Mais ils sont victimes de leur train de vie, de leurs responsabilités…»

S’il tient tant à cet aspect, c’est qu’il avoue être «un grand romantique et une bibitte à émotions». Et ce, malgré le «côté cérébral et intello qu’on lui prêtait à l’école de théâtre». «Une des premières choses que j’ai dite aux comédiens, confie-t-il, c’est que cette pièce parle de désir! Le désir qui s’est évanoui, qui s’est endormi, qu’on veut raviver, qu’on veut retrouver.»

Il fallait installer cette idée très vite dans l’esprit du spectateur, insiste le jeune homme, d’autant plus qu’en un éclair tout déboule, et les personnages entourant Pierre et Marie se multiplient. «Rapidement, on est dans l’imbroglio, le quiproquo, le qu’est-ce qui s’est passé la nuit dernière? Si on n’installe pas d’emblée l’amour, ça devient juste une suite d’événements loufoques. Ce n’est pas ce que je voulais.»

«D’emblée, quand on m’a proposé de monter cette pièce, j’ai dit “ben oui!” Je savais qu’on allait être en terrain de finesse, d’intelligence, de vive répartie, de subtilité.» – Nicolas Gendron, metteur en scène, au sujet de la pièce de Michel Marc Bouchard

Ce qu’on ne voulait pas, nous, c’est poser cette question qui revient perpétuellement, on le sait, à savoir celle du stigmate, imaginé ou non, entourant le théâtre d’été. Nicolas sent-il que ce stigmate existe, encore et toujours? «C’est effectivement une question qui revient souvent… mais moi-même, je me la suis souvent posée! répond-il en riant. Je reprendrais une formule que [le coproducteur de la pièce] Jean-Bernard Hébert a popularisée : c’est du théâtre EN été. Et c’est drôle parce que les acteurs font souvent : “Bleh, le théâtre d’été”, mais ils veulent tous en faire! Il y a des gangs qui se créent, toute la région nous accueille…»

Et l’accueil du public également est souvent chaleureux, enthousiaste. Détail qui fait sourire : à l’époque de sa création, certains ont accueilli Pierre et Marie… et le Démon en qualifiant la chose de frivole et d’osée. Nicolas, lui, va dans un autre sens. «Peut-être que les gens seront… je cherche le bon mot!… émoustillés à un endroit ou deux, mais ce que j’avais envie de mettre à l’avant-plan, c’est plutôt la séduction. Le charme. Et le désir.»

Pierre et Marie…et le Démon
Théâtre des Grands Chênes
À Kingsey Falls
Jusqu’au 22 août

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