Soutenez

Limoilou, la vie, la nuit

Photo: collaboration spéciale

Le quartier de Limoilou à Québec, à l’instar de plusieurs quartiers montréalais, vit dans l’effervescence. Places publiques, commerces spécialisés (oui, un magasin de bacon, notamment), cafés et bistros branchés… Mais c’est plutôt la nuit, l’hiver et l’absurde qui ont guidé le réalisateur Edgar Fritz, qui nous offre, dans un film indépendant, un portrait du quartier où il vit tous les jours.

Edgar Fritz est barman au Bal du Lézard, à Limoilou, depuis 13 ans. Il connaît «tout le monde» dans le quartier. Parallèlement, il fait du cinéma. Dans Limoilou, un film à la facture éclatée, il dresse un portrait en noir et blanc – parce que «tout n’est pas rose, tout ne va pas très bien», croit-il – de ce secteur où «la nuit, c’est la folie». Il y dépeint une tranche de l’existence de jeunes trentenaires un peu perdus.

Ainsi, Fritz aborde dans son premier long métrage le quotidien d’un groupe de musique local qui perd son chanteur, parti chez un groupe concurrent, les Hypsters. Oli (Jean-Sébastien Grondin), le guitariste du groupe, aussi proprio d’une pizzeria, perd sa blonde en même temps. Grondin (Alexandre Marchand), le batteur qui est aussi animateur à la radio locale, s’amourache d’une fille qui a déjà un chum. C’est l’hiver. Il fait froid. Les deux gars doivent trouver un nouveau chanteur pour le groupe, en affrontant leur existence un peu lourde.

Et dans ce quartier branché, les jeunes citent Weber dans leurs conversations de café. Les protagonistes jasent parfois d’une voix aiguë après voir aspiré l’hélium d’un ballon au bar. Et tout au long du film, de curieux personnages apparaissent ici et là, comme Murder (Guillaume Couture), le livreur de pizza sans auto. Comme le super héros portant le masque d’Anonymous, qui court dans la rue. Comme le vieux qui colle à la vitrine de la pizzéria et qui parle en paraboles. «C’était voulu que les dialogues soient absurdes, pour montrer une certaine légèreté des échanges que je perçois dans l’air d’aujourd’hui», précise Edgar Fritz.

«[À la fin du film], la vie a passé, les personnages s’en sont quand même sortis. Ils vont “y arriver”, mais on ne sait pas où. C’est un peu nihiliste, évidemment. Mais c’est ça.» – Edgar Fritz, réalisateur

Les personnages «sont tous inspirés, de loin, de gens réels qui vivent à Limoilou, assure le réalisateur au bout du fil. Ce que je voulais faire, c’était de m’inspirer de personnages réels et de faire une espèce de film communautaire, d’aller chercher les gens pour qu’ils participent au tournage, à la production.» Une démarche motivée, entre autres, «par le fait qu’on n’avait pas une cenne». Parmi ces personnages réels, on croise quelques bands locaux, des artistes du coin et même un clochard qui fait partie du paysage.

«Tout ça est un prétexte pour montrer une communauté, pour faire sentir comment je vois le Québec d’aujourd’hui, dans un quartier de Québec, en 2014», confie Edgar Fritz.

Limoilou – le film
À la salle JA de Sève, dans le cadre du Festival Fantasia
Mercredi à 19h

Articles récents du même sujet

Mon
Métro

Découvrez nos infolettres !

Le meilleur moyen de rester brancher sur les nouvelles de Montréal et votre quartier.