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La rectitude moqueuse de Bénabar

Photo: Levillain Kowalsky

C’est entouré d’une dizaine de musiciens et de choristes bariolés que Bénabar viendra nous rendre visite pour la première fois à Montréal à l’occasion des Francos.

Métro a discuté avec ce représentant de la chanson française, apprécié autant pour ses mélodies accrocheuses que pour ses fines observations de la quotidienneté.

Lorsque vous avez écrit Politiquement correct, sorte de réponse à un interlocuteur anonyme que l’on retrouve sur votre dernier album Les bénéfices du doute, à qui vous adressiez-vous : à Sarkozy, Dieudonné…?
À personne en particulier, mais à une ambiance générale de personnes qui, sous prétexte de lutter contre le politiquement correct, en viennent à ne plus condamner des idées hautement condamnables.

Vous ne pensez à personne?
C’est un peu une réponse que je donnais à quelqu’un qui, au cours d’une discussion, me disait que c’est très politiquement correct de ne pas être raciste ou homophobe. J’ai écrit ma chanson pour résister à ce discours.

La chanson Les râteaux est-elle un clin d’œil aux P’tits papiers de Gainsbourg?
Oui, tout comme au Zizi de Pierre Perret. Une chanson paillarde où on retrouve une succession d’images comme ça. Je suis allé au bout de la référence aux P’tits papiers de Gainsbourg. D’ailleurs, on a aussi fait Les râteaux avec un piano bastringue; c’est un peu dommage, mais complètement assumé.

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Il s’agit donc de votre école chansonnière : Gainsbourg, Perret et, sans doute, Renaud?
Oui, Renaud, Higelin et puis la variété, de Cabrel à Goldman, en passant par Michel Delpech et Joe Dassin.

Vous l’assumez totalement, contrairement à une certaine gauche caviar qui lève le nez sur ce courant…
Exact. Je l’assume, et même je défends ça. Il y a en effet tout un courant qui consiste à trouver cela très vulgaire et à mépriser un peu tout ce qui est divertissement. Pour moi, le divertissement est une chose noble. Divertissement ne veut pas dire sensationnalisme.

Vous avez été, dans une autre vie, photographe de plateau et clown. Cela vous sert-il dans votre carrière de chanteur?
Il y a en effet un côté cirque, dans le sens où nous sommes nombreux sur scène (10) et que nos costumes sont très voyants. Je suis très respectueux de toute l’imagerie qui se dégage des cirques. Et j’irai à Montréal avec tous les musiciens et choristes de ma tournée française.

Vous devez une fière chandelle à Henry Salvador. Pensez-vous souvent à lui?

Oui, c’est quelqu’un qui m’a énormément aidé et je lui dois beaucoup. Il m’avait notamment invité à assurer la première partie de ses spectacles.

Vous écrivez beaucoup sur la quotidienneté en utilisant un regard épieur sur vos personnages. Regard qui vient d’en dessous et non du dessus.

Même si je suis aujourd’hui un privilégié, je n’en demeure pas moins un petit gars issu la classe moyenne et je considère que j’en fais toujours partie. Alors j’assume.

Oui, mais lorsque le succès et le star-système, très féroce en France, s’en mêlent, n’est-il pas difficile de rester humble?
Ça peut l’être, mais ça dépend aussi du profil. Il y a des postiers prétentieux, comme il y a des chanteurs humbles. Tout dépend de la façon de voir les choses et de l’âge également. Lorsque j’ai commencé à avoir du succès, j’avais déjà 30 ans. À 20 ans, beaucoup ont déjà un peu pété les plombs, c’est vrai. Mais dans ce métier, on décide si on a envie ou non de mettre des lunettes de soleil en pleine nuit. C’est une question de choix.

Un fantasme musical?

Il y en a tellement. J’ai eu la chance de faire de nombreux duos avec des modèles comme Renaud ou autre. Disons que ça serait de jouer avec Tom Waits ou des gens moins connus. Mais le fantasme suprême d’un musicien, c’est de pouvoir jouer et livrer des concerts et que les gens soient là.

Vous avez écrit une très grande chanson française qui s’intitule J’étais de celles. Une pièce que vous auriez aimé écrire?
Je dirais La beauté d’Ava Gardner, d’Alain Souchon.

Bénabar
Au Métropolis

Vendredi à 21 h
1ère partie : Sophie Beaudet

Les bénéfices du doute
Présentement en magasin

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