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Cakes Da Killa: la cerise sur le gâteau

IslBG Photo: Sam Evans-butler

Cakes Da Killa, jeune sensation rap de Brooklyn, fera la démonstration de son flow féroce et de ses formules incisives au Centre Phi.

Mettons tout de suite les choses au clair: si on vous parle de Rashard Bradshaw, mieux connu sous le pseudonyme Cakes Da Killa («Cakes» pour les intimes), c’est parce que ce jeune rappeur brooklynois originaire du New Jersey cumule sans cesse de nouveaux fans avec ses textes à l’humour tranchant, son flow follement féroce et la fascinante dualité de pétillant poète-bête de scène qui l’habite.

Toutefois, force est d’admettre que l’ascension de cet as de la formule incisive dans l’écosystème du hip-hop américain tombe pile-poil, car l’Afro-Américain de 24 ans revendique pleinement son attirance envers les garçons dans ses chansons. Des morceaux souvent explicites qui témoignent d’une sexualité épanouie, portant des titres aguichants tels que Fuck Ya Boifriend et Cuntspiracy.

Lorsqu’on joint le sympathique Cakes par téléphone à Brooklyn, on comprend d’ailleurs qu’il en a marre de se faire étiqueter «artiste queer» aux côtés des Le1f, Angel Haze, Mykki Blanco et un tas d’autres figures de la mouvance actuelle de hip-hop LGBT. «Beaucoup de gens présument que je milite pour abattre des soi-disant “murs de haine homophobe”», affirme celui qui a déjà fait paraître plusieurs mixtapes encensées par la critique. Or, il n’en est rien. Je me contrefous de l’opinion qu’ont les gens de l’homosexualité; ça ne m’affecte pas. Et l’autre chose, c’est qu’il existe de l’homophobie dans tous les genres musicaux. C’est ce que j’aime répondre lorsqu’on laisse sous-entendre que le hip-hop traîne de la patte. Que dire du country et de la pop?»

«J’ai grandi en banlieue, au New Jersey, dans un quartier de classe moyenne très multiethnique. J’avais des amis blancs et asiatiques, des potes transgenres et de diverses confessions religieuses. Donc, je ne me sens pas particulièrement unique ou spécial, même si on me traite parfois de la sorte dans le milieu du hip-hop.» –

Ce qui surprend le plus dans la petite histoire de Cakes, c’est qu’à la base, le rap ne l’intéressait pas du tout. À l’école, il faisait du théâtre, écrivait pour le journal étudiant et jouait dans la fanfare – en gros, n’importe quoi pour se retrouver sous les feux des projecteurs. Le rap, lui, a permis à Cakes, avec son impressionnante cadence ultrarapide et sa capacité à bien gérer la confrontation, de relever ce qu’il décrit comme un défi unique: celui de se moquer des gars hétéros.

«Il y avait des rap battles à mon école, mais entendons-nous bien, ce n’était pas de la trempe d’8 Mile. Il s’agissait simplement d’un passe-temps auquel s’adonnaient les gars hétéros pendant l’heure du lunch, se souvient-il. Puisqu’on ne me croyait pas à la hauteur, j’ai dû leur prouver le contraire et les faire taire.»

Le jeune rappeur, qui dit avoir bien tiré son épingle du jeu au secondaire grâce à sa confiance et à son sens de la répartie, se rappelle d’ailleurs une vidéo qui avait fait le tour de son école.

«Un garçon et moi étions dans une aire commune, en pleine battle, entourés de gens. Le gars a échoué de façon lamentable… Je l’ai complètement détruit – amicalement, bien sûr. C’était un moment fort de mon adolescence; j’étais vraiment en pleine forme cette journée-là», lance-t-il en riant.

Même après de telles victoires, dignes d’un grand dénouement de teen movie, Cakes n’avait toujours pas eu la piqûre pour le rap. Il a fallu qu’un ami lui remette une copie de Hard Core, de Lil’ Kim (1996), pour que l’avenir se dessine devant lui. «Ce fut un moment vraiment iconique pour moi, car je n’avais jamais cherché à faire de la musique. Je n’achetais pas de disques, je n’allais pas voir de concerts. Je me contentais de lire des bouquins et de regarder des documentaires sur PBS.»

Cakes 5 crédit Sam Evans-Butler
Celui qui cite aussi Foxy Brown, Remy Ma et Missy Elliott parmi ses influences se défend d’utiliser son micro pour encourager la violence. «Les rappeurs que j’ai toujours préférés sont ceux qui n’ont pas le discours classique prônant la mort d’un tel. Comme tu pourras le constater en assistant à mes spectacles, je vis le rap de façon très positive, colorée et épanouie. Je veux divertir avant tout. À l’image de Lil’ Kim, buvons un bon coup ensemble et faisons la fête! Rien de trop sérieux, quoi.»

Cakes Da Killa
Au Centre Phi
Samedi à 21h

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