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Police Académie: la police à échelle humaine

Photo: Les Productions Flow

«“Droppe” ton gun!» «On a besoin de back-up!» «Madame, calmez-vous!» On se croirait dans la série 19-2, mais non: on est dans la vraie vie, celle de Police Académie.

Ils s’appellent Pascal, Claudie et Lou. Le premier a l’air d’un «gros bras pas d’tête», comme il le dit lui-même, la deuxième, d’une gentille fille de bonne famille, et le troisième avait un look un peu hippie avant de couper ses dreads, des fois qu’il se serait fait dire: «Hum, t’es sûr que tu vends pas de la drogue, toi?»

Police Académie, de Mélissa Beaudet, suit le parcours scolaire de ces trois jeunes, de leur dernière année de techniques policières («TP» pour les initiés) au Collège de Maisonneuve à leur entrée en service, en passant par l’étape finale de leur formation: l’École nationale de police du Québec, à Nicolet.

«Qui sont ces jeunes qui veulent se faire montrer du doigt toute leur vie?» C’est ce que s’est demandé la cinéaste en constatant à quel point les policiers sont jugés pour leur travail. «Moi, je ne ferais pas ça! Ça ne me tente pas de me faire critiquer toute ma vie», admet-elle d’emblée.

Malgré cette perception, la police fascine et ne laisse personne indifférent. «On l’aime, on ne l’aime pas, ou on aime la haïr», souligne la réalisatrice.

Elle l’a constaté la semaine dernière à la première de Police Académie. Des gens qui n’aiment pas la police s’y sont présentés pour «basher» le docu. Mais ils en ont été incapables. «Voir le film leur a apporté des nuances, et ils ne se sentaient pas bien avec ça. Ils étaient troublés, mal à l’aise. Ils se demandaient quoi faire avec cette nouvelle information. C’est drôle!» raconte-t-elle, amusée.

Car Mélissa Beaudet n’est pas là pour juger. Son film est aux antipodes d’un pamphlet. «Tsé, Pascal a des gros bras. Je pouvais avoir des jugements au début, me dire que ce gars allait dans la police pour avoir du pouvoir et péter des gueules, mais ce n’est pas ça. Finalement, on se rend compte qu’il a des gros bras parce qu’il manque de confiance en lui. Ça l’humanise bien plus!»

Humaine: voilà qui qualifie l’approche de la réalisatrice de 33 ans. Tout comme dans son précédent docu, Les poings serrés, qui montrait deux jeunes de Saint-Michel qui s’en sortent en fréquentant un club de boxe, Mélissa Beaudet met de l’avant des personnes. Parce qu’«à la base, on est des individus avec une histoire.» Eh oui, même les policiers.

«Le sentiment de fraternité est très fort chez les policiers parce que ce qu’ils vivent est très particulier. Je n’ai jamais eu à décrocher un pendu. Ça ne m’arrivera jamais… du moins, je l’espère!» – Mélissa Beaudet, réalisatrice

 

Quand on aborde le cas de la controversée Stéphanie Trudeau, alias Matricule 728, dont le procès est présentement en cours, la cinéaste refuse à nouveau de juger. «Je me demande ce qui était arrivé à cette policière pour qu’elle abuse de sa force», dit-elle plutôt. Cela pourrait-il justifier ses gestes? «Non, non, non, non, non! insiste-t-elle. Ce n’est pas parce que tu fais une job dure que tu peux abuser de ton pouvoir.»

Police Académie montre un milieu complexe et souvent incompris, où les acteurs doivent la plupart du temps intervenir dans des cas de détresse sociale et non «courir après des méchants». En ce sens, Mélissa Beaudet compare le travail des policiers à celui des urgentologues. «Ils répondent à des appels et doivent prendre rapidement des décisions qui ont des impacts majeurs dans la vie des gens», illustre-t-elle.

En plus d’offrir un accès inédit à la formation des policiers, Police Académie pourrait bien changer votre perception de ce métier.

Police Académie
En salle dès vendredi

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