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GAMIQ 2015: Dans l’esprit de Lucien

Photo: Chantal Levesque/Métro

Habituellement célébré au Théâtre Plaza, le Gala alternatif de la musique indépendante du Québec, mieux connu sous le nom de GAMIQ, a plongé dimanche dans la piscine du Bain-Mathieu pour marquer ses 10 ans. Dix ans de musique indépendante et «dans la marge».

La festive cérémonie a notamment été l’occasion d’introniser «le poète sanctifié» Lucien Francœur au hall du rock et de rebaptiser les convoités trophées en forme de cornes d’orignal remis aux gagnants de son simple prénom. La soirée a donc résonné de «Et le Lucien est remis à…» Sublime.

Symbole de liberté absolue, l’artiste a été salué avec émotion par l’assemblée. C’est Felix B. Desfossés, journaliste, musicien, qu’on a connu pour sa participation aux Prostiputes, qui lui a rendu un vibrant hommage parce que son band, Aut’chose, quand même, «c’était aut’chose». Retraçant sa carrière marquée d’obstacles, et de succès underground du tonnerre, il a encensé ce «Ziggy Stardust des mangeurs de hot dogs».

Montant sur scène pour dire tout son bonheur d’être là, le clou de la soirée s’est quant à lui insurgé contre «les mangeux de…» pas tout à fait hot dog de l’industrie, rappelant avoir été «haï en t*barnak par l’intelligentsia», au point de «câlisser son camp en 1980» en France, où il est «devenu chum avec Higelin». Soulignant s’être lancé dans la musique car il voulait «faire entendre sa voix comme Jim Morrison, comme Eric Burdon», Francœur a encouragé les artistes de la scène locale à faire leur album seuls, comme ils veulent, sans contraintes, sans écouter personne sauf eux-mêmes (chose rendue, selon lui, d’autant plus simple en ces temps où on peut enregistrer des tounes sur des «iiiiPhone» dans sa cuisine). Puis, avec le lyrisme qui a fait sa renommée, il a eu cette songée pensée: «Si tu prends assez de drogue, tu vas vivre vieux. Et si tu vis vieux, l’histoire va te prouver que t’avais raison.»

«En tant que journaliste, je partage avec vous plein de choses. Comme la pauvreté. Et l’indépendance.» – Philipe Papineau, journaliste musique au quotidien Le Devoir, qui présentait hier soir un prix.

Sinon, comme le veut la tradition, la fête s’est déroulée en mode pas stressé, pas coincé. Aux commandes de cette «soirée familiale et pédagogique» (ses qualificatifs, pas les nôtres), Robert Nelson, a réchauffé sa «gang de Bas-Canadiens!» et de «minces!» d’interventions bien trouvées et échevelées.

Le rappeur d’Alaclair ensemble a notamment éduqué son public en lui spécifiant «que folk est un mot anglais qui veut dire peuple», moment enrichissant servant d’introduction à la remise du EP «folk» et donc du peuple, de l’année. «Mais François Pérusse n’est pas nommé», a-t-il précisé. C’est plutôt Saratoga, duo composé de la guitariste Chantal Archambault et du contrebassiste Michel-Olivier Gasse qui a eu cet honneur.

Comme le veut la tradition prise 2, plusieurs performances ont rythmé l’événement, dont celle, dans le tapis, du duo punk Oromocto Diamond qui avait «trois minutes pour jouer une toune qui en durait deux».

Du côté des gagnants, notons que celui de l’album électro, à savoir Pierre Kwenders s’est montré fort ému en prenant son «Lucien». «Ç’a été une année incroyable, Je suis vraiment gêné en ce moment, je ne sais pas quoi dire!» a lancé l’auteur-compositeur-interprète dont le premier disque, Le dernier empereur bantou, récolte des étoiles partout sur son passage. La bande de Le Couleur est quant à elle montée cueillir son trophée du Meilleur EP (électro toujours) pour Dolce Désir. Une occasion pour le groupe de remercier un trio incontournable. À savoir Dieu. Leurs parents. Et les Beatles.

Au moment d’écrire ces lignes, le GAMIQ avait une fois de plus brillé par son désir de récompenser les grands de la musique trop souvent oubliés par les cérémonies traditionnelles (et frileuses?) en remettant son Prix Hommage à Vincent Peake. «Je ne m’en attendais pas pantoute, a lancé le vétéran de Grimskunk au micro, après une énergique prestation. Mais en même temps… je le mérite en ostie!»

Quelques gagnants qui sont repartis avec un Lucien hier:

Album Pop de l’année. Little Mourning, de Milk & Bone
Auteur-Compositeur de l’année.
Félix Dyotte
Artiste de l’année.
Loud Larry Ajust
Album folk de l’année.
Panorama, de Tire le Coyote
Album rock de l’année.
Tss Tss, de Chocolat
Album ou EP ROOTS de l’année.
TUMMEL, de ORKESTAR KRIMINAL
Album musique électronique de l’année.
Le dernier empereur bantou, de Pierre Kwenders
Album jazz/contemporain de l’année.
T’as tu toute?, de Benoit Paradis Trio
Illustration d’album de l’année. 
La réalité nous suffit, de Ponctuation, par Louis-Alexandre Beauregard
Album expérimental de l’année.
La sinistre histoire du théâtre Tintamarre épisode 2, de Jardin Mécanique
Album heavy de l’année.
Scream Queen, de Sandveiss
Booker de l’année.
Heavy Trip
Salle de spectacle de l’année. Le Divan Orange

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