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River: spirale infernale

Photo: Remstar

Dans le thriller River, de Jamie M. Dagg, un médecin américain travaillant au Laos a les autorités à ses trousses à la suite d’un meurtre. Un tournage qui n’a pas été de tout repos pour ce cinéaste ontarien dont c’était le premier long métrage.

River a déjà valu à son réalisateur Jamie M. Dagg le prix Écran canadien pour le meilleur premier long métrage. Est-ce que ça rend la sortie en salle un peu moins stressante, lui demande-t-on? «Oh, je ne suis pas du tout nerveux, répond-il en rigolant. Nous avons survécu au tournage de ce truc. Après ça, tout semble facile!»

L’action de River se déroule là où le film a été tourné, au Laos, alors que John, un médecin œuvrant dans le pays, se retrouve dans une situation cauchemardesque: un soir, il s’interpose quand il surprend deux Australiens en train d’agresser sexuellement une jeune femme. Le lendemain, le cadavre de l’un d’eux, qui s’avère le fils de l’ambassadeur australien, est retrouvé dans le Mékong, et John, sur qui pèsent les soupçons, doit fuir les autorités.

«Parfois, on veut faire quelque chose de bien, mais l’issue n’en est pas moins négative, parce qu’elle est le résultat de centaines de décisions qu’on prend chaque jour. Un simple petit mauvais calcul peut foutre notre vie en l’air.» – Jamie M. Dagg, racontant une des réflexions qui l’ont mené à écrire le scénario de River

Jamie M. Dagg, lui, a dû, au contraire, faire appel aux autorités. «On avait pensé à passer sous le radar et à tourner en douce… mais ça aurait été tout bonnement impossible, assure le réalisateur. Tourner un film, c’est un défi, mais tourner un film dans une dictature communiste, c’est exponentiellement plus difficile. Ça prend du temps. On a dû faire approuver le scénario – qui, heureusement, ne fait pas trop ouvertement la critique du régime – et changer la nationalité des violeurs, qui étaient Français au départ, à cause des liens très forts entre le Laos et la France. Enfin, à un mois du tournage, on a obtenu l’approbation, et tout est devenu relativement plus simple.»

Relativement, parce que les pépins n’ont pas cessé pour autant – «il faisait chaud, des membres de l’équipe sont tombés malades, on est passés près de se faire confisquer des bobines…» –, mais Dagg n’hésiterait pas à tourner de nouveau à l’étranger. «Si le scénario le demande, il faut sortir de sa zone de confort et tourner là où on doit tourner, croit-il. Et puis ça reste un privilège. On parle de souffrance et de difficultés – et c’était difficile –, mais on n’est pas dans un camp de réfugiés ni rien de ce type. On fait des films! C’est un privilège.»

Une réflexion sur la violence
L’idée de ce premier long métrage est venue à Dagg il y a plusieurs années, alors qu’il était en voyage en Asie. «Je m’interrogeais sur cette capacité à la violence que chacun porte en soi. Règle générale, nous la réprimons, parce que nous vivons dans une société assez sécuritaire et que la plupart d’entre nous ont accès à de la nourriture et à un toit. Je me suis demandé ce que ça prendrait pour ramener cette violence à la surface chez un être sain et rationnel, ce qu’il faudrait pour qu’un médecin devienne un tueur.»

«L’autre» Sutherland

Fils de Donald et jeune demi-frère de Kiefer, Rossif Sutherland n’est pas encore aussi connu que les deux acteurs célèbres de sa famille, mais Jamie M. Dagg ne tarit pas d’éloges au sujet de celui qui porte River sur ses épaules.

«Ce film n’aurait rien été sans lui, lance le cinéaste lorsqu’on lui parle du comédien canadien. Sa performance est immense, formidable.»

Dagg n’avait toutefois pas pensé à Sutherland pour jouer le personnage de John. «Nous avions pensé à d’autres acteurs, des “gros noms” si je puis dire, qui avaient manifesté leur intérêt, révèle-t-il. Mais quand il a été temps de s’engager à voyager de l’autre côté de la planète avec un réalisateur qui en était à son premier long métrage… personne n’a voulu le faire! On était à un mois du tournage, déjà sur place, mais je n’avais pas l’acteur principal.»

Le directeur de casting lui a alors suggéré Rossif Sutherland, avec qui il a discuté sur Skype et à qui il a fait passer une audition vidéo. «Le rôle lui allait comme un gant, explique Dagg. Ce n’est pas un personnage du genre Jason Bourne, c’est un monsieur Tout-le-monde qui n’a pas des réactions de héros. Il y a des limites physiques à ce qu’il peut faire. Et je crois que Rossif a rendu tout ça à l’écran de manière magistrale.»

River
En salle dès vendredi

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