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Tous unis par la passion du cinéma québécois

Photo: Mario Beauregard/Métro

C’était une année où tout était délicat. Où l’on sentait que les choses étaient faites avec attention et avec un désir de sobriété. Sans artifice, Le Gala du cinéma québécois, lors duquel a brillé La passion d’Augustine, s’est ainsi déroulé sans anicroches, dans le respect du septième art et de ses créateurs. Comme en a notamment témoigné l’hommage au compositeur François Dompierre.

En deux heures, top chrono, l’événement qui s’est tenu au Monument-National a décerné ses trophées transformés. Le film à succès La passion d’Augustine, de la récompensée Léa Pool, a remporté la plupart des honneurs. «C’est la première fois que le prix est remis à un film réalisé par une femme!» a lancé avec fierté la productrice Lyse Lafontaine en allant cueillir le prix ultime, soit celui de Meilleur long métrage.

En vedette dans cette œuvre attachante, Céline «Mère Augustine» Bonnier a remporté le titre de Meilleure actrice et a partagé «cette chose» avec sa jeune collègue à l’écran, Lysandre Ménard, «un petit bout de femme inspirée et inspirante!» Diane «Sœur Lise» Lavallée a quant à elle été sacrée Meilleure actrice de soutien. En descendant chercher son prix, elle a fait un câlin à sa fille, Laurence Leboeuf. «J’aimerais saluer toute ma gang! On a eu tellement de fun sur ce projet! C’est inoubliable pour moi! Une expérience unique!» a-t-elle lancé les yeux pleins d’eau.

Sinon, notons que Mariloup Wolfe et Pascale Bussières ont présenté le prix du Meilleur acteur de soutien au charmant Irdens Exantus, star de Guibord s’en va-t-en guerre. Le souriant acteur a levé les yeux vers le ciel en murmurant «Thank you God!» Puis, il a lu ses remerciements d’une voix hyper-hyper-rapide, mentionnant entre autres sa sœur qui lui donne si souvent la réplique («Je sais que je suis parfois agaçant!») et, surtout, son metteur en scène. «Merci à TOI, Philippe Falardeau, homme charismatique et beau!» Un salut auquel a fait écho le compositeur Martin Léon, qui a raflé le prix de la Meilleure musique pour la même œuvre. «Philippe Falardeau! Câline! Merci!»

La superbe histoire d’amour du Mile-End Félix et Meira a quant à elle été récompensée pour son scénario, signé par Alexandre Laferrière et Maxime Giroux, également réal dudit film. Et puis, le grand favori dans la catégorie de l’Interprète masculin, à savoir Gilbert Sicotte, qui a ému aux larmes dans Paul à Québec, l’a emporté tel que prévu.

«Je suis très fière de notre cinéma et de la façon dont il se bat.» -Céline Bonnier, Meilleure actrice

Pour ce qui est des remerciements les plus marquants de la soirée, on retiendra ceux du documentariste montréalais d’origine chilienne Patricio Henríquez, qui a brillé en allant chercher le trophée du Meilleur long doc pour son excellent et choquant Ouïghours, prisonniers de l’absurde. Visiblement et sincèrement très étonné de la reconnaissance, l’engagé réalisateur a profité de sa tribune pour dénoncer le séjour de Marine Le Pen en sol québécois, ce qui lui a valu une longue ovation debout. «Elle représente la vieille France qui se promène à droite; elle critique le Canada pour avoir ouvert ses portes aux réfugiés syriens. Je ne pouvais pas ne pas parler de ça aujourd’hui.»

Tandis que les applaudissements nourris continuaient, le cinéaste a ensuite lancé un message à la ministre du Patrimoine, Mélanie Joly, présente dans la salle, la priant d’en faire plus pour la culture. «Il ne suffit pas de faire mieux que les conservateurs; ça, n’importe qui peut le faire!»

Aussi marquant, le grand hommage rendu au compositeur François Dompierre. Plusieurs de ses proches et amis l’ont salué en musique, et avec émotion, notamment son complice Denys Arcand et sa nièce Catherine Major. L’artiste honoré et ému a quant à lui remercié les réalisateurs, «ses clients», dont Jacques Godbout et Michel Brault.

Pour ce qui est du scandale qui a secoué le Québec, et qui a mené au changement de nom du gala, il a été abordé avant même que l’événement ne commence, dans une vidéo présentant les deux animateurs, Stéphane Bellavance et Pénélope McQuade, qui faisaient équipe pour une seconde année consécutive. Ensemble, ils ont tenu à s’adresser à toutes les victimes d’abus, disant espérer qu’elles «reçoivent tout l’amour et le soutien nécessaires pour retrouver la paix».

Dans un tout autre ordre d’idées, notons que les prix techniques (direction photo, montage, maquillages…) ont été remis hors d’ondes. Ce que plusieurs déploreront. Après tout, quand prend-on le temps de réellement célébrer ces artistes?

En aparté, s’il fallait trouver des moments moins forts, on s’arrêterait peut-être à ce segment où les animateurs ont évoqué les succès les plus vus de l’année avec des jouets. Comme Paul à Québec avec Julie Le Breton personnifiée par une boîte de biscuits, oui, Breton, recouverte d’une perruque blonde. Ou Le Mirage avec le personnage de Louis Morissette interprété par une poupée de P.K. Subban.

Enfin, parlant de hockey, dans un chouette segment, Irdens Exantus a repris le rôle de Souverain Pascal, qui lui a valu un trophée plus tôt dans la soirée, pour se moquer gentiment du traitement que les Québécois réservent au cinéma d’ici. «J’ai dû voir Félix et Meira en Scandinavie, Les êtres chers en Corse», a-t-il énuméré. Puis, il a voulu savoir pourquoi nous ne sommes pas plus fiers de notre septième art. Stéphane et Pénélope ont assuré que si, si, on est fiers, quand nos films vont à Cannes, aux Oscars… «Ah! C’est comme avec vos Canadiens de Montréal. Vous les aimez juste quand ils gagnent.»

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