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La théorie du drap contour: mosaïque amoureuse

Photo: Chantal Levesque/Métro

Après s’être plongée dans les eaux rosées pétillantes de la chicklit (qu’elle adore) pour clamer Tu peux toujours courir, Valérie Chevalier élabore La théorie du drap contour. Un second roman, plus posé et poétique, qui débute avec la question: «Comment guérit-on de ne pas être la femme de la vie de l’homme de sa vie?» L’auteure y répond au fil de réflexions teintées de tristesse et d’humour en suivant sa protagoniste dans ses amours et dans ses ruptures qui sont «comme des petits morceaux de cœur qui partent chaque fois».

Dans Tu peux toujours courir, son premier livre paru l’an dernier, on parcourait la ville et ses environs à une vitesse folle, au rythme des restos, des bars, des boutiques. C’était «l’aventure, l’action, les péripéties».

Pour La théorie du drap contour, Valérie Chevalier s’est «laissé porter par la création». Elle a commencé par écrire des nouvelles sur l’inépuisable et infini sujet de l’amour, qu’elle a ensuite «repatentées pour en faire un roman».

L’auteure québécoise de 27 ans y explore «l’avant, le pendant et l’après» d’une relation, équation qu’elle répète à quelques reprises sur le cours d’une vie. Celle de son héroïne.

Valérie qualifie ce nouveau récit d’«un peu fragmentaire», chaque chapitre ayant sa petite résolution. «J’aimais que ce ne soit pas “début, milieu, fin”. Qu’il y ait des histoires qui durent longtemps, d’autres moins.»

Ainsi, la narratrice, Florence, dresse sa Théorie au «tu». Un «tu» au bout duquel se trouve un garçon différent qui fait battre son cœur. Un garçon qui change au fil des pages, des années et des saisons. Son premier amoureux qui la laisse chavirée et peinée. Puis ce gars qui «gagne des points parce qu’il fait jouer du Cat Stevens dans son auto et qu’il lui apporte un café». Et cet autre secoué par une «crise de fin vingtaine», dont la séparation fera encore plus mal que la toute première. Oh, et ce voisin, si gentil et mignon qui lui prépare du pain pis des croissants. Et cet inconnu croisé au hasard d’une fête. Certains restent longtemps – avec elle comme avec le lecteur. D’autres non.

«Ça peut être déstabilisant parce qu’ils sont tous simplement appelés “toi”. Et que, chaque fois que ce “toi” change, on a l’impression de recommencer à zéro, remarque Valérie Chevalier. Mais être en couple, c’est un peu ça aussi : dans le moment présent, la personne qui est là, avec nous, c’est celle qui sera là pour toujours… Jusqu’à ce que ce ne soit plus le cas!»

Autre jeu avec la forme auquel la jeune femme s’adonne dans ce roman : construire, morceau par morceau, cette fille qui, elle, se reconstruit après une première peine. Au début, sa Florence nous semble nébuleuse. Puis elle se précise, de plus en plus, jusqu’à son affirmation finale. «Je voulais qu’on vive ses désillusions, ses joies, ses émotions, explique sa créatrice. Qu’on apprenne à la connaître à travers les hommes de sa vie.»

«Bien sûr, l’amour, c’est beau. Et quand on est avec la bonne personne, c’est super! Mais je trouve que, de nos jours, on magasine trop nos relations, on essaye de les écrire, de les préparer, de les prévoir. On ne peut pas juste accueillir la vie, et ce qui se passe?» -Valérie Chevalier

Romantique réaliste, Valérie, qu’on voit au petit écran à Salut, Bonjour! et à La Voix, a voulu faire de sa narratrice «une nomade, armée de son baluchon, qui repart souvent ailleurs».

Elle lui a aussi transmis son amour des images et un «langage coloré». Ainsi, Florence remarquera «s’être fait écraser le cœur comme de la lime et de la menthe au fond d’un verre de mojito». «J’ai voulu aller… pas dans l’introspection, mais dans l’observation, dans la constatation de choses, dans un dialogue intérieur.»

De fait, les garçons que son héroïne croise sur son chemin sont décrits sans grands détails, en gardant un certain mystère. «De ne pas faire un portrait trop précis et de les découvrir un peu plus tranquillement, ça me permettait de laisser planer un doute quant à ce qui allait arriver. Est-ce que ce gars serait juste de passage ou s’il allait revenir? Je trouve qu’il y a une beauté dans l’inconnu.»

Mais si ses flammes restent volontairement floues, les amis de Florence, «ses phares», sont, eux, mieux définis et réapparaissent souvent dans le roman. «Je trouvais ça important qu’elle se rende compte que ses piliers sont à l’extérieur de ses amours», dit Valérie. Comme sa mère qui s’inquiète toujours pour elle. «Ça, on peut dire que c’est autobiographique! rigole l’auteure. Des mamans, c’est de même! Ça s’inquiète toujours un petit peu!»

Mais tout n’est pas sombre dans La théorie du drap contour (soyez rassurée, maman). Chaque chapitre se termine par une chute qui fait sourire, telle: «Ça ne goûte pas bon les ruptures. La tequila straight non plus.» «J’adore l’humour grinçant, le sarcasme, les clins d’œil, note la romancière. Il faut rire! Surtout que, quand on vit une séparation, c’est un GRAND drame pour nous… mais c’est un très petit drame à l’échelle de l’humanité!»

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Éditions Hurtubise

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