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Camilla Läckberg: «C’est le plus sombre de tous mes romans»

Photo: Magnus Ragnvid

Pour Camilla Läckberg, chaque nouveau tome de sa série de populaires polars s’apparente à «une réunion entre amis». Dans la dernière de ces réunions, intitulée Le dompteur de lions, on retrouve les ingrédients préférés de l’écrivaine suédoise : le café qui coule à flots, les sauts entre les époques, les crimes crapuleux et les secrets sinistres.

C’est en 2008 que paraissait, dans sa traduction française, La princesse des glaces, premier tome d’une longue série signée Camilla Läckberg. On y faisait la connaissance de Patrik Hedström, papa gâteau, amoureux attentionné et enquêteur sérieux – quoique parfois dépassé par les événements (et par ses collègues semi-compétents). On y rencontrait aussi sa tendre moitié, Erica Falck, écrivaine déterminée à la curiosité dévorante, ayant pour (mauvaise, mais souvent utile) habitude de mettre son nez dans les crimes que doit résoudre son mari. Et des crimes, dans les romans de Camilla, il y en a.

Ceux qui sont commis dans Le dompteur de lions sont particulièrement abjects. Se déroulant, comme toujours, à Fjällbacka, village de pêcheurs où l’écrivaine est née en 1974, ce neuvième tome plonge le lecteur au cœur d’un centre équestre pour jeunes filles, d’un cirque et, bien sûr, de la maisonnée joyeusement à l’envers de Patrik et Erica. Là où leurs jeunes jumeaux traversent la phase du «non» et des crises à répétition, tandis que, dehors, l’hiver nordique glace tout sur son passage.

Reste que, même si elle décrit des choses souvent dures, au quotidien, Camilla Läckberg est une passionnée, qui ne dégage rien de lugubre. Elle est aussi maman de quatre enfants. Récemment, elle a donné naissance à la jolie Polly, son premier bébé avec son petit ami, Simon Sköld, combattant de MMA âgé de 28 ans. «Voir mes enfants grandir me remplit de fierté», note-t-elle. Ça, et le fait que ses romans soient traduits en 37 langues.

Vous avez toujours exploré la maternité dans vos romans. Plusieurs personnages répètent cette fois à quel point «être maman peut être difficile». L’une confie que «ce n’est pas que du bonheur»; une autre que «ce n’était pas du tout comme elle l’avait imaginé». Erica remarque qu’elle n’aurait «jamais cru que ça userait autant sa patience». Vous avez souvent dit, vous-même, qu’être mère est «le rôle le plus difficile que vous ayez jamais eu à jouer». Trouvez-vous important de rappeler aux lecteurs ce constat?
Je suis vraiment fascinée par la maternité. Et Le dompteur de lions m’a offert la chance d’explorer ce thème à travers plusieurs personnages et plusieurs perspectives. C’est d’ailleurs le fait qu’elle soit mère qui rend Erica si attachée à cette enquête. Grâce à cela, elle peut comprendre et analyser la situation d’un autre point de vue. Mais oui, la maternité comporte beaucoup de défis. Ce n’est pas juste du soleil et des arcs-en-ciel.

Vous avez également fréquemment abordé le complexe thème des inégalités dans les couples, même dans ceux qui fonctionnent, comme celui de Patrik et d’Erica. Trouvez-vous que c’est un sujet si difficile que vous pourriez en parler pour toujours et jamais n’en venir à bout?
Ce sont plutôt les histoires autour du couple que forment Erica et Patrik qui me semblent infinies. La chose la plus géniale, avec eux, c’est que ce sont des êtres compliqués, en constante évolution. Dans chaque nouveau tome, ils ont quelque chose d’inédit à partager, et je peux les plonger dans de nouvelles situations et les mettre à l’épreuve.

Le deuil est aussi très présent. Un des enquêteurs pleure la mort de son amoureuse et d’une «vie qui ne reviendra jamais». La famille d’une jeune fille kidnappée traverse le deuil de sa disparition. Il y a aussi le deuil d’une relation d’amour autrefois si belle, qui a pris une tournure triste et grise (celle entre Dan et Anna, la sœur d’Erica). En tant qu’auteure, trouvez-vous dans le deuil une source inépuisable d’inspiration?
Le deuil est une émotion très complexe, non seulement à comprendre, mais aussi à décrire. Chaque personnage le vit différemment. Tout dépend de sa personnalité, de ses expériences, et du lien qui l’unissait à l’être disparu. Mais le deuil peut aussi être un puissant moteur qui permet des rebondissements imprévus dans une intrigue et qui peut amener un tournant dans la narration.

«Je suis toujours mon intuition. C’est d’ailleurs ça qui m’a amenée à devenir écrivaine! Mais j’aime baser mes romans sur des faits et je fais des tonnes et des tonnes de recherches avant et pendant que je rédige.» –Camilla Läckberg qui, sous certains aspects, ressemble beaucoup à son héroïne, écrivaine, amoureuse, spontanée et maman, elle aussi.

Bertil Mellberg, chef du commissariat de Fjällbacka, ne change pas. Il est toujours aussi balourd et inefficace, bien qu’attachant. Cependant, il semble avoir dans cette enquête des idées «inhabituellement pertinentes». Souhaitiez-vous le faire briller plus que d’habitude?
Je crois que chaque personne a plusieurs facettes. Et cette fois, c’est ce que je voulais faire : montrer une autre facette de Mellberg. Car, au fond, c’est une gentille personne, parfois incomprise! J’avais besoin que mes lecteurs voient cette part de lui.

Le terme «âme sœur» est souvent utilisé dans ce livre. Certains l’ont perdue, d’autres l’ont trouvée. Est-ce un concept auquel vous avez toujours cru? Ou vous avez commencé à y croire une fois que vous avez trouvé la vôtre?
Je crois sans aucun doute aux âmes sœurs, et j’ai trouvé la mienne! Je suis une romantique, malgré mon amour pour le polar et la fiction d’horreur.

Certains éléments sont incontournables dans vos romans. Diriez-vous que le café et les pâtisseries sont presque, presque aussi incontournables pour vous que les crimes?
Le café et les pâtisseries sont des éléments importants de ma culture, donc ils deviennent vraiment précieux lorsque je veux plonger les lecteurs étrangers dans un décor typiquement suédois. La fika (mot suédois qui signifie «prendre un café») est aussi un moyen, pour moi, de rassembler les personnages autour de la table de cuisine pour une séance de confidences!

Art Camila Lackberg Le dompteur de lionsLe dompteur de lions
Éditions Actes Sud – Collection Actes Noirs
En librairie dès lundi

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