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Paul Simon : toujours en voix

Photo: Chantal Levesque

À 74 ans bien comptés, Paul Simon continue non seulement de produire de la bonne musique et de se renouveler, mais de prouver que ses anciennes chansons n’ont pas pris une ride, comme il l’a fait mercredi soir à la salle Wilfrid-Pelletier au cours d’une rare visite à Montréal.

Le décor était feutré; un rideau éclairé par des lumières aux couleurs changeantes ornait le fond de la scène et quelques lanternes suspendues achevaient de créer une ambiance intimiste… même si pas moins de huit musiciens entouraient le chanteur. Ce sont d’ailleurs ceux-ci, énergiques, qui ont ouvert le bal avec, en introduction, une formidable version instrumentale de Proof of Love. C’est sur celle-ci que Simon est entré sur scène, provoquant illico une ovation debout, et a entonné The Boy in the Bubble, un des tubes de son album de 1986 Graceland, connu pour avoir marqué il y a 30 ans les débuts de la musique world.

S’il est en tournée dans le cadre de la récente sortie de Stranger To Stranger, son 13e album solo (et le premier depuis So Beautiful or So What en 2011), ce dernier n’a pas été la vedette de la soirée. Ce sont d’abord les 50 Ways To Leave Your Lover (Still Crazy After All These Years, 1975), Dazzling Blue (So Beautiful Or So What, 2011), That Was Your Mother (Graceland, 1986) – sur laquelle le fringant septuagénaire a exécuté quelques pas de danse et déhanchements –, The Obvious Child (The Rythms of The Saints, 1990), pour ne nommer que celles-là, qui ont été servies. La voix de l’artiste, toujours solide, modulée et reconnaissable entre mille est même allée à plusieurs reprises s’élever vers les hautes notes.

Il a fallu attendre la moitié du spectacle environ avant que le musicien entonne la pièce-titre de son excellent nouvel opus (une des quatre à s’être frayé un chemin dans le spectacle, avec l’intro musicale ainsi que The Werewolf et Wristband, qui montrent que Simon n’a rien perdu de l’humour qui teinte souvent ses textes). «C’était une nouvelle chanson, en voici une vieille», a poursuivi l’ancienne moitié de Simon & Garfunkel, avant d’offrir Homeward Bound puis la partie instrumentale de El Condor Pasa (If I Could), puisées dans le répertoire de son ancien duo.

S’adressant à la foule avec parcimonie (c’est après quatre chansons que la voix douce a prononcé en français un «bonsoir mesdames et messieurs»), le chanteur a tout de même longuement raconté l’anecdote ayant mené à l’écriture de Spirit Voices (tirée de The Rythm of The Saints) – il était question d’un guérisseur dans la forêt amazonienne et d’une concoction d’Ayahuasca… – alors que le musicien camerounais Vincent Nguini, qui joue avec Simon depuis 25 ans, a raconté (en français) une initiation subie par l’artiste dans des «endroits reculés» d’Afrique.

Pendant un peu plus de deux heures, le chanteur et ses musiciens ont choyé le public sans qu’il n’y ait de baisse de régime. Long solo de piano déchaîné à la fin de Cool Cool River, un autre de batterie pour conclure Diamonds On the Soles of Her Shoes – la bande réinventait, enrichissait ou épurait les pièces, réjouissant les fans à chaque fois, si bien qu’aux premières notes du succès You Can Call Me Al, qui venait clore le spectacle, tout le monde dans la salle était debout et dansait.

S’en est suivi un généreux rappel incluant la fameuse I Know What I Know ainsi Still Crazy After All These Years. Et les années Simon & Garfunkel ont une fois de plus été honorées avec Boxer, où les spectateurs ont pris la place de l’ancien comparse pour fredonner en chœur les «Lie-la-lie» du refrain, et, surprise, s’accompagnant à la guitare, Paul Simon a interprété une version toute dépouillée de la classique The Sound of Silence, si belle même en l’absence des harmonies d’Art Garfunkel. Une finale parfaite pour une soirée sans fausse note.

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