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Prima Donna de Rufus Wainwright: opération séduction

Photo: Mario Beauregard/Métro

Rufus Wainwright s’est transformé en docteur Jekyll et M. Hyde en offrant à la fois son opéra Prima Donna et une sélection symphonique de ses plus grands succès, samedi et dimanche au Festival international de jazz de Montréal.

C’est dans une salle Wilfrid-Pelletier bondée que l’artiste montréalais a présenté Prima Donna samedi lors de la première dans sa ville natale. Il s’agissait en fait de 60 minutes d’extraits de son opéra de 2009 chanté en français et traitant des doutes d’une cantatrice face à son art et à la vieillesse.

Le résultat, aussi sincère soit-il, a surtout plu à une clientèle qui n’est pas nécessairement adepte d’opéra. Le texte banal qui faisait sourire se prenait trop au sérieux, contrastant avec un orchestre qui entonnait des airs légers, quelque part entre du sous-Puccini et des mélodies d’un long métrage avec Judy Garland, laissant au dépourvu les talentueux solistes. Et il ne fallait pas compter sur le visuel, qui comportait de jolies peintures, un montage sommaire de photos en mouvement et des extraits de films en noir et blanc aux ralentis douteux, pour sauver la mise.

«Si vous n’aimez pas l’opéra, restez quand même. Mais si tu n’aimes pas mes chansons pop, tu peux partir.» –Rufus Wainwright, en lançant les festivités

Cette déception allait cependant être rapidement oubliée après l’entracte lorsque l’élégant Rufus Wainwright est monté sur scène telle une vedette rock. Seul au piano ou en compagnie d’un orchestre qui élevait généralement son répertoire, il a rendu le reste de la soirée assez étincelant. Son chant haut perché atteignait des sommets sur Little Sister et Cigarettes and Chocolate Milk, alors que ses interventions cocasses séduisaient entre deux pièces imparables. Il a même parlé de Donald Trump, de la fête du Canada et du mouvement séparatiste au Québec. «Nous étions 50-50 dans notre famille», a-t-il lancé en riant.

Mais surtout, l’émotion était au rendez-vous. Le temps était suspendu pendant les magnifiques A Woman’s Face, Les feux d’artifice t’appellent et Going to a Town. Il a dédié Tiergarten à son amoureux, convié sur scène sa sœur Martha pour la bouleversante The Last Rose of Summer, qu’ils ont adressée à leur mère, Kate, décédée, et c’est une bonne partie de la famille qui a entonné Hallelujah pendant un des généreux rappels. Une conclusion en apothéose après un début chancelant.

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