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West Millette à fond de train

Photo: Chantal Levesque/Métro

Erik West Millette est un formidable créateur, passionné de recherches musicales et de personnages romanesques. Ça tombe bien, parce que c’est lui qui pilote le grand train fou qui clôturera l’actuelle édition du Festival International de Jazz.

Pénétrer dans l’atelier d’Erik West Millette, situé juste devant la voie ferrée dans le Mile End, c’est un peu comme s’installer dans le wagon d’un train en raison non seulement de la disposition du local, mais aussi de la passion contagieuse et de la grande culture musicale de l’artiste, ce qui nous assure de bien voyager.

C’est d’ailleurs en mettant à profit ses nombreuses pérégrinations dans le monde que West Millette a fait paraître, l’an dernier, l’audacieux projet collectif West Trainz. Un livre-disque double, qui nous transporte musicalement aussi bien dans un train japonais que dans la vie cubaine, ou ailleurs sur la planète. Dans le même esprit, il publiait en juin dernier Train Songs qui, comme son titre l’indique, est consacré à de célèbres chansons ayant pour thème ce que les «Indiens» appelaient «le cheval de fer».

Encore une fois, la réalisation signée West Millette est enthousiasmante, tant les orchestrations sont à la fois riches, organiques et fouillées. Ce qui assure des versions savoureuses du florilège ferroviaire, dont la reprise de The City Of New Orleans par Zachary Richard, le tube Locomotion par Chic Gamine, la version de Hear My Train a Comin’ par Nanette et Steve Hill (à la guitare) ou encore Hobo’s Lullabye par Thomas Hellman. Ce qui amène West Millette à s’exprimer sur la culture de ces «bums» du train, qui ont contribué à façonner le mythe d’une certaine américanité proche de Kerouac et de la Beat Generation.

Si tous les artistes présents n’ont pu se libérer pour l’événement de clôture du festival, l’équipage sera néanmoins de haute volée avec la présence, entre autres, du super trompettiste et multi-instrumentiste Charles Papasoff, de Jordan Officer, Emilie-Claire Barlow, Bïa, Annick Brémault de Chic Gamine, et Willie West. Cousin d’Erik West Millette, ce Louisianais de 74 ans était ami avec Hendrix et il transpire tellement le funk qu’on comprend pourquoi il était le rival de… James Brown! «Il va faire des allers-retours, car il est assez présent sur l’album. Pour le spectacle, il y aura trois grands écrans et nous partirons en train faire un tour du monde qui correspond un peu aux voyages que j’ai effectués partout sur la planète. Louis Bélanger, le réalisateur de Gaz Bar Blues, assure la mise en scène, qui intégrera des sculptures. Musicalement, le spectacle sera constitué du voyage du livre-disque de l’an dernier, tandis que la dernière demi-heure sera transposée en Amérique du Nord et comprendra des pièces chantées du dernier album», précise West Millette, ajoutant que cela fait 20 ans qu’il travaille à ce projet, que ce soit pour enregistrer des sons, filmer, photographier ou s’imprégner de la culture du train. Bienvenue à tous, même aux resquilleurs.

La petite histoire
«Dans les années 1910, mon arrière-grand-père Harry West, un grand musicien de la Louisiane, est venu avec son groupe au Québec pour jouer au Princess, au Château Frontenac, et dans un club de Montréal qui s’appelait le New Orleans. Il était Black et il est tombé amoureux fou d’une Québécoise blanche! C’est ainsi que la famille West est demeurée au Québec. Mon grand-père, Léo West, travaillait pour le Canadian National et il m’amenait faire des tours de train. Lorsque ma grand-mère est décédée, j’avais quatre ans et il est venu habiter chez nous, où nous partagions la même chambre. Le soir, il me racontait toutes sortes d’histoires de trains…» se souvient Erik West Millette, qui a su tirer profit de cet univers ferroviaire.

West Trainz
Sur la scène TD samedi à 21 h 30
Tous les soirs à 17 h jusqu’à samedi sur la place des Festivals

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