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Juste pour rire: Les cousins s’affrontent

Photo: Josie Desmarais/Métro

Le Québécois Rachid Badouri et le Français Éric Antoine ont donné lundi le coup d’envoi aux galas Juste pour rire – qui se tiennent cette année sur le thème des rivalités des Québécois – avec une soirée opposant le Québec et la France.

Ce n’est pas d’hier : les gens de la Belle Province et ceux de l’Hexagone aiment bien se taquiner, que ce soit au sujet de leurs accents, de leurs expressions ou de leurs manières.

Aux commandes – avec Rachid Badouri – du gala qui réunissait des humoristes des deux côtés de l’Atlantique, le sympathique magicien Éric Antoine (appuyé sur une béquille après s’être fracturé le pied au gala de Gilbert Rozon la veille) a été une belle découverte pour le public montréalais : «Parce qu’ici, je suis pas du tout connu, mais en France, oh la la… Encore moins», s’est présenté le gaillard avant de «faire apparaître son ami Rachid». Le duo y est ensuite allé de vannes sur leur pays respectif (pas toutes convaincantes : on pense à une blague de «tim-bites» plutôt usée) avant de laisser la place aux invités.

C’est le Québécois d’origine franco-marocaine Neev qui a cassé la glace en observant les différences entre les jeux télévisés du Québec («Le banquier… On est d’accord qu’un labrador bien entraîné peut faire la job, non?») et ceux, plus intellos, de la France, dont il a imité le ton à la perfection.

Le youtubeur français Pierre Croce et le Montréalais originaire de Dijon Jérémy Demay se sont ensuite disputé le titre de «premier humoriste français à percer au Québec» avec une série de gags qui ne volaient pas toujours très haut («Tu n’as qu’à vendre tes billets 20 $ et à appeler ton spectacle “Pierre Croce pour 20 $”… Tout le monde va venir!»).

Changement de ton avec le numéro solo d’Éric Antoine, qui a invité une fillette de l’auditoire à l’aider à tester l’existence de la fée des dents sur scène; le public a craqué pour l’adorable assistante et pour l’humour pas très politically correct du magicien («T’as connu les années 1980, toi? Passe-Partout, le Rubik cube, la cocaïne?» a-t-il entre autres lancé à la blondinette de sept ans.)

Le sujet des attentats en France n’a pas été évité : Eddy King a servi un numéro qui a plus ému que fait rire, saluant la force inébranlable des Français et faisant remarquer qu’il avait lui-même grandi dans des conditions similaires à celles des gens ayant commis des attentats. «Est-ce que j’aurais pu me laisser endoctriner? Non. J’aime trop le porc. Le bacon m’a gardé sur le droit chemin», a-t-il conclu.

Seule fille du groupe, la grinçante Blanche Gardin – qui a offert un numéro, plutôt osé pour un gala, sur la nécessité de garder l’égalité des sexes en dehors du lit – a aussi abordé la question, en mode humour noir. «Ces temps-ci, on a un statut de victime qui nous donne l’impression qu’on peut tout dire, tout faire… J’ai l’impression d’être juive, en fait», a envoyé celle qui, plus tôt, s’était dite heureuse d’être hors de Paris «parce que bon, c’est pas qu’on en a marre d’enjamber des cadavres, mais… »

Le Québécois Olivier Martineau a reçu une ovation pour son numéro de «funné guy» survolté qui parle de la France comme d’un «pays avec un nom d’madame» et qui aimerait bien que la tour Eiffel soit bientôt terminée : «Fait
100 ans qu’c’est su’l’frame!»

Mathieu Madénian (les «voix off» de la version française d’Un gars, une fille) a moins convaincu avec ses déboires de prêts bancaires qui n’ont suscité que quelques rires clairsemés. Le roi des galas Laurent Paquin a par la suite gagné la faveur du public en s’attaquant au sujet incontournable des Français qui croient qu’ils peuvent «faire l’accent québécois»: «Pis arrêtez de dire “tabernacle”! Ça se peut pas que tu aies déjà entendu un seul Québécois dire “tabernacle”!» Pas nouveau comme sujet mais efficacement livré, pour bien terminer un gala en dents de scie.

Quelques citations dans le thème de la soirée :

  • «Le Québec est le seul endroit au monde où mon nom de famille est la meilleure blague du spectacle!» –Pierre Croce
  • «J’ai appris qu’ici, les femmes paient des verres aux mecs; je n’avais pas prévu de budget “égalité des sexes”…» –Blanche Gardin
  • «Le prochain invité est un Québécois né en France, d’origine congolaise, bref il est drôle, il est chiant et il a faim.» –Éric Antoine, présentant Eddy King
  • «En France, Johnny Hallyday, c’est un dieu, mais au Québec, c’est un imitateur d’Elvis qui a raté sa carrière.» –Laurent Paquin
  • «Ici, on est québécois en premier et canadien en hockey!» –Jérémy Demay
  • «Essayez de commander du beurre en France… Si vous réussissez du premier coup, je rembourse votre billet d’avion!» –Laurent Paquin, soutenant que notre accent n’est pas compris à Paris
  • «Il y a plus d’humoristes au Québec que d’obèses aux États-Unis.» –Rachid Badouri, expliquant à Éric Antoine que ce n’est pas ici qu’il trouvera un milieu de l’humour moins engorgé qu’en France


Gala Québec vs France

À la salle Wilfrid-Pelletier
Mardi à 18 h 30 et à 21 h 30

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