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Roméo et Juliette: un amour d’été au TNM

Photo: Yves Renaud

Après Roy Dupuis et Geneviève Rioux en 1989, puis Danny Gilmore et Isabelle Blais en 1996, c’est au tour de Philippe Thibault-Denis et Marianne Fortier de faire revivre sur la scène du TNM les amants les plus célèbres du théâtre: Roméo et Juliette.

Qui n’a jamais vu une version ou une autre, au cinéma ou au théâtre, de l’histoire tragique des amants de Vérone imaginés par William Shakespeare? Mais même en s’étant pâmé sur l’amour déchirant entre ces deux jeunes gens de familles ennemies quand ils étaient joués au cinéma par Leonardo DiCaprio et Claire Danes dans les années 1990, on ne se lasse pas de revoir le couple mythique renaître sous différentes formes. La dernière en date: le Roméo et Juliette mis en scène par Serge Denoncourt et présenté dans le cadre de Juste pour rire. Métro a assisté à la première et vous expose ses coups de cœur et ses réserves face à la production.

On aime: la distribution
Rendons à César ce qui lui appartient: sans chimie entre les deux acteurs principaux, tout est ruiné. Mais Serge Denoncourt a trouvé en les jeunes et beaux Philippe Thibault-Denis (son D’Artagnan des Trois mousquetaires) et Marianne Fortier (souvent vue aux grand et petit écrans, pas encore sur les planches) deux interprètes solides, qui forment un couple crédible et attachant et injectent aux amants de Vérone toute la fraîcheur et la naïveté voulue, alors qu’ils se vouent un amour éternel avec la ferveur des adolescents. Au sein de la distribution, on notera aussi le toujours juste Mikhaïl Ahooja (qu’on regrette ne pas avoir vu dans davantage de scènes) dans le rôle du ténébreux Tybalt, et Benoît McGinnis, qui compose un Mercutio amer et survolté à l’homosexualité assumée.

On aime moins: l’abus de comédie
Roméo et Juliette est une tragédie. Les premières minutes de narration annoncent d’emblée (si quelqu’un n’était pas encore au courant) que les deux jeunes gens mourront à la fin. Évidemment, cela ne signifie pas qu’il faille que tout soit lourd. Mais alors qu’une pièce comme La divine illusion de Michel Marc Bouchard, aussi mise en scène par Denoncourt, proposait un équilibre absolument réussi entre les moments tragiques et ceux qui faisaient rire, dans Roméo et Juliette, les trop nombreux traits d’humour provoquent une rupture de ton qui, au final, empêche de pleinement ressentir le drame qui suit. On pense à certaines scènes bouffonnes et cabotines avec la nourrice défendue par Debbie Lynch-White, néanmoins talentueuse dans le registre comique mais dont on préfère le personnage en mode plus posé.

On aime: la mise en scène ingénieuse
Par un jeu de murs qui pivotent pour évoquer un jardin ou une salle de bal, un bloc qui s’élève du plancher pour évoquer un lit ou s’y enfonce pour devenir tombeau, la mise en scène de Roméo et Juliette est sobre mais dynamique, et réglée comme une montre suisse. Excellente idée que d’évoquer le célèbre balcon de Juliette par un mur incliné au sommet duquel la belle se trouve, contre lequel Roméo monte et descend dans une sorte de version «en personne» de la ritournelle téléphonique des nouveaux amoureux: «Non, toi, raccroche; non, toi d’abord!»

Verdict
Ne serait-ce que pour voir sur scène le Roméo et la Juliette de cette génération livrer les répliques de Shakespeare, qui, 400 ans après la mort du dramaturge, dépeignent toujours adroitement l’intensité sincère des sentiments adolescents, un détour au TNM cet été pour assister à cette production de qualité à plus d’un égard vaut certainement la peine.

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