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Subban écope pour la saison du Canadien

Marc Bergevin,. Graham Hughes / La Presse Canadienne Photo: Graham Hughes

MONTRÉAL – Le lundi 11 avril, deux jours après la fin d’une désastreuse saison pour le Canadien de Montréal, le directeur général Marc Bergevin a fait sourciller bien des gens en confirmant, avec autorité, que Michel Therrien demeurait en poste derrière le banc de l’équipe.

Un sondage d’opinion avait démontré que 90 pour cent des répondants étaient favorables au licenciement de Therrien, qui n’avait trouvé aucune solution pour mettre fin à la glissade qui a commencé après une blessure au genou du gardien étoile Carey Price. Une équipe qui affichait un dossier de 19-4-3 le 2 décembre a conclu la campagne avec une fiche de 38-38-6 et a raté les séries éliminatoires pour seulement la deuxième fois en neuf ans.

«Considérant ce que nous avons vécu au cours des six derniers mois, je ne suis pas prêt à paniquer et à tout changer, avait déclaré Bergevin, à l’époque. Je vais examiner tous les aspects de l’organisation pour voir où nous pouvons nous améliorer. Mais de tout chambarder? Non.»

Donc, aucun bouc émissaire. Du moins jusqu’à mercredi lorsque le très populaire défenseur P.K. Subban a été cédé aux Predators de Nashville pour un autre défenseur, le très respecté Shea Weber.

Et les cris de colère et de désespoir de nombreux partisans qui ont suivi l’annonce de l’échange laissent croire qu’ils ont l’impression que Bergevin a, en effet, tout chambardé.

Une fois la transaction complétée, Bergevin a assuré qu’il n’avait pas essayé de se départir de l’un des joueurs les plus populaires, talentueux et divertissants. Mais il n’a pu résister à la tentation lorsque le vétéran directeur général David Poile lui a offert Weber, l’un des meilleurs défenseurs dans la LNH au cours des sept ou huit dernières saisons.

Il y avait certainement d’autres éléments motivant sa décision, mais Bergevin n’a pas voulu en dire davantage.

«Je n’entrerai pas dans les détails pour expliquer pourquoi nous pensons former une meilleure équipe, mais nous croyons former une meilleure équipe. Je prends des décisions et je vis avec les conséquences.»

Il existe sans doute un lien avec la chimie et le leadership parce que les statistiques, excluant celles liées à l’avantage numérique, favorisent principalement le nouveau défenseur des Predators.

À l’âge de 27 ans, Subban est presque quatre ans plus jeune que Weber et son contrat est moins grand risque à long terme que celui du défenseur de la Colombie-Britannique. Subban possède un avantage particulièrement marqué en matière de temps de possession de la rondelle, un élément dont Therrien avait fait une priorité l’an dernier.

Avant le troc, Bergevin avait posé trois autres gestes significatifs : l’embauche de Kirk Muller à titre d’entraîneur associé, l’échange du centre Lars Eller aux Capitals de Washington en retour de deux choix au repêchage et l’acquisition du combatif ailier droit Andrew Shaw des Blackhawks de Chicago, en retour de ses deux choix de deuxième ronde au repêchage tenu le week-end dernier à Buffalo.

L’arrivée de Weber apportera du leadership — ce qui a semblé manqué à une formation dérangée par des incidents hors glace — de l’expérience et un peu de hargne.

À six pieds trois pouces, Weber apportera plus de robustesse en zone défensive, et son boulet de canon procure plus de buts en avantage numérique que Subban. Il assurera aussi plus de protection devant le filet de Price, le joueur-clé du Canadien. Et sa personnalité plus introvertie correspondait probablement davantage à la philosophie du Canadien, surtout que Subban n’a rien d’un être introverti.

Subban est un moulin à paroles et un tourbillon, sur la glace comme à l’extérieur. Il adore les projecteurs, que ce soit lors d’une promesse de don de dix millions $ pour l’Hôpital de Montréal pour enfants ou à titre de météorologue invité à la télévision. Il est une super-étoile unique qui épate sur la glace, accomplit de l’excellent travail à l’extérieur de la patinoire, attire de nouveaux partisans vers le sport et fait souvent à sa tête.

Therrien a eu quelques accrochages publics avec Subban, incluant une critique à peine voilée dans ses commentaires d’après-match, après qu’une bourde de Subban eut mené au but victorieux en février. L’entraîneur-chef aime que les joueurs respectent le plan de match, et Subban peut être porté vers l’improvisation.

Ses coéquipiers n’ont jamais dit en public qu’ils étaient irrités par la personnalité de Subban. Il pouvait leur arriver de lever les yeux au ciel lorsqu’il attirait toute l’attention des médias après une séance d’entraînement, mais ils reconnaissaient son talent et son importance au sein de l’équipe.

Toutefois, lorsqu’est venu le temps d’élire un nouveau capitaine l’été dernier, ils ont choisi Max Pacioretty. Et lorsque les joueurs ont dû voter pour le représentant de l’équipe pour le trophée King-Clancy, ils ont négligé sa contribution à la Fondation de l’Hôpital de Montréal pour enfants et de nouveau opté pour Pacioretty.

Et lorsque Bergevin a cherché un remède à une saison terrible, il a cru qu’il était préférable d’échanger Subban, tout en sachant très bien la tempête qu’un tel geste allait générer auprès du public.

Reste à voir si cet échange fera du Canadien une meilleure équipe, l’an prochain et lors des saisons suivantes. Les dernières séries éliminatoires, qui ont couronné les rapides patineurs des Penguins de Pittsburgh, la force de Subban, laissent croire qu’il s’agit de la nouvelle formule gagnante.

Les résultats de cet échange pourraient bien déterminer l’héritage que laissera Bergevin. Le retour de Price devrait leur permettre de gagner plus de matchs. Mais si Subban connaît une saison comme celle qui lui a permis de gagner le Norris en 2013, et que le Canadien en arrache, ça pourrait barder.

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