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Départ de Nadeau-Dubois: quel impact sur la grève?

MONTRÉAL – La démission surprise de Gabriel Nadeau-Dubois, qui survient alors que les associations étudiantes se prononcent tour à tour sur la reconduction de la grève, n’aura aucunement raison de la détermination des opposants à la hausse des droits de scolarité, assure la CLASSE. Un avis qui n’est pas forcément partagé par la présidente de la Fédération étudiante universitaire du Québec (FEUQ).

La coporte-parole de la CLASSE, Camille Robert, a affirmé jeudi que le départ de Gabriel Nadeau-Dubois ne constituait pas forcément une mauvaise nouvelle. Cela démontre, selon elle, que le jeune homme juge le mouvement étudiant «assez fort» pour continuer sans lui.

«Ce n’est pas une mauvaise nouvelle pour le mouvement, a-t-elle plaidé. Les visages vont changer en effet (…) mais la grève va se poursuivre.»

Reste qu’en date de jeudi, trois établissements affiliés à la CLASSE avaient décidé de retourner sur les bancs d’école. Au cégep de Saint-Jérôme et au Collège de Valleyfield, les étudiants ont voté mercredi pour une trêve électorale, mais au cégep André-Laurendeau, c’est un retour en classe définitif qui a été voté jeudi.

Du côté de la FEUQ, où les votes se tiendront à la date prévue pour le retour en classe — histoire d’éviter des taux de participation anémiques comme ceux que l’on a vu au cours des derniers jours —, le suspense dure toujours.

Mais le constat de l’essoufflement des troupes de la CLASSE, lui, semblait déjà s’imposer, même si Gabriel Nadeau-Dubois n’a pas signé l’arrêt de mort de la grève étudiante en démissionnant, a affirmé la présidente de la fédération étudiante universitaire, Martine Desjardins.

«Je pense que (la désaffection du mouvement de grève à la CLASSE) était déjà en cours. Je pense que c’est juste un élément supplémentaire qui va effectivement peut-être affecter les gens qui étaient plus en faveur de Gabriel ou qui suivaient Gabriel. Probablement que ça va plus affecter un peu plus leur vote à eux», a-t-elle suggéré.

De toute façon, en période électorale, l’unique planche de salut du mouvement étudiant n’est plus forcément la grève, a fait valoir Mme Desjardins.

«La grève n’est pas une finalité, c’est un moyen, a-t-elle exposé. Dans un cadre démocratique, il faut aller voter pour faire la différence. On a tout essayé: des négos, des manifestations de 200 000 et 300 000 personnes (…) La grève, elle a été très utile à l’hiver.»

Après avoir «perdu» Léo Bureau-Blouin, qui terminait son mandat à la tête de la Fédération étudiante collégiale en juin, voilà donc que Mme Desjardins est la dernière représentante du trio de leaders qui a mené les troupes étudiantes depuis les premiers votes de grève, en février dernier, à rester en poste.

Elle s’est dite surprise par la démission de son ancien compagnon d’armes, avec qui elle avait pourtant parlé, il y a quelques jours à peine, de la prochaine manifestation prévue le 22 août à Montréal.

La voix de Gabriel Nadeau-Dubois ne retentira donc pas dans les mégaphones lors de cette manifestation, mais il prononcera un ultime discours vendredi soir, à l’Olympia, dans le cadre de l’événement de fin de tournée de la CLASSE.

En attendant, ce sont les politiciens qui ont été invités à se prononcer sur le départ de l’un des acteurs les plus en vue du conflit étudiant. Celui-ci a expliqué les raisons de sa démission dans une lettre ouverte parue jeudi matin.

Dans sa missive, Gabriel Nadeau-Dubois s’est montré particulièrement grinçant à l’endroit du chef libéral Jean Charest.

«Pour un premier ministre qui souhaite tellement que le mouvement étudiant dénonce la violence et l’intimidation, je trouve que Jean Charest a fait preuve à l’endroit des étudiants et à mon endroit d’une charge de violence inouïe», a écrit l’ancien porte-étendard de la CLASSE.

Invité à réagir à ces propos, M. Charest s’est défendu d’avoir personnalisé le débat, ce qui lui a été souvent reproché par les associations étudiantes et leurs leaders pendant le conflit étudiant.

«Je ne fais pas campagne contre M. Nadeau-Dubois. Ce n’est pas personnel à M. Nadeau-Dubois. Et je ne lui veux pas de tort, à M. Nadeau-Dubois. Mais ce que je veux, c’est le bien du Québec, et je veux que les Québécois puissent avoir l’occasion de s’exprimer sur l’avenir de notre société», a-t-il déclaré en matinée lors d’un point de presse à Québec.

Le chef de la Coalition avenir Québec (CAQ), pour sa part, a vanté le talent et le charisme du jeune homme, mais il a toutefois tenu à préciser qu’il ne partageait pas ses valeurs.

«Je lui souhaite bonne chance même si je ne suis pas du tout d’accord avec ses positions», a simplement indiqué François Legault lors d’un point de presse à Mirabel.

On peut effectivement être en accord ou en désaccord avec les positions défendues par Gabriel Nadeau-Dubois, a quant à elle reconnu la chef du Parti québécois, Pauline Marois.

«Mais il faut admettre qu’il a été capable de défendre son point de vue, de le faire avec intelligence et avec audace. Parfois en exagérant un peu, mais si on n’est pas capable d’exagérer à 20 ans, je pense qu’on risque d’être bien ennuyant à 60 ans», a lancé la chef péquiste, de passage à Chicoutimi.

Le co-chef de Québec solidaire, Amir Khadir, qui a souvent battu le pavé avec Gabriel Nadeau-Dubois, s’est dit «rempli d’admiration» pour le jeune homme «intelligent, déterminé et courageux qui a pris sur lui beaucoup de critiques, beaucoup de violence venant du gouvernement Charest, venant de M. Charest lui-même».

Celui que l’on surnommait «GND» a promis de continuer à militer au sein de mouvement, estimant que le «climat d’ébullition politique et sociale» issu du mouvement étudiant «doit impérativement se poursuivre dans les prochains mois et les prochaines années». Il a ajouté que les critiques soulevées par le mouvement étudiant étaient beaucoup trop profondes pour être réglées par une élection.

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