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Droits de scolarité: Québec va décréter l'indexation

MONTRÉAL – Le gouvernement Marois a tranché contre l’avis des étudiants et va indexer les droits de scolarité de 3 pour cent à compter de l’automne, soit environ 70 dollars par année.

La position gouvernementale, présentée en début de soirée lundi au Sommet sur l’enseignement supérieur, se veut la solution mitoyenne parmi les trois scénarios d’indexation qui étaient à l’étude.

L’indicateur retenu par le gouvernement est celui de la croissance du revenu disponible des familles.

«C’est une forme de compromis», a dit le ministre de l’Enseignement supérieur, Pierre Duchesne, rappelant que la gratuité dans le contexte budgétaire actuel «ne peut pas être envisagée».

Avec la simple indexation de la facture, le gouvernement de Pauline Marois retourne à la case départ, ramenant le Québec à la situation qui prévalait avant la révolte étudiante de 2012 contre la hausse annuelle de 254 $ décrétée par l’ancien gouvernement.

Même si elles s’y attendaient, les associations étudiantes ont accueilli la nouvelle en maugréant.

«Si le gouvernement n’est pas prêt à réinvestir dans les universités avant 2014-2015, comment peut-il demander aux étudiants d’augmenter leur contribution dès l’année prochaine? (…) La question est simple, est-ce que le gouvernement fait un choix pour l’avenir des universités ou s’il fait un choix purement électoraliste?», a lancé le vice-président de la Fédération étudiante universitaire (FEUQ) Tierry Morel-Laforce.

La FEUQ, qui souhaitait un gel des droits de scolarité, est «extrêmement déçue», a ajouté la présidente Martine Desjardins.

«On se serait attendu à ce que le gouvernement fasse ses devoirs avant de proposer des solutions toutes faites basées sur des sondages où la population dit être en faveur de la proposition gouvernementale», a déploré Mme Desjardins.

Sur le ton de l’ironie, le président du Conseil du patronat (CPQ) Yves-Thomas Dorval a fait remarquer que l’indexation ne représente que 1,35 $ de plus par semaine, rien pour susciter une nouvelle crise sociale.

La bonification de l’aide financière apportée par les libéraux en 2012 ne sera pas reconduite à la prochaine rentrée mais de nouvelles mesures de soutien seront introduites au coût de 714 millions $ d’ici 2019.

En outre, le seuil au-delà duquel une contribution financière des parents est exigée sera porté de 28 000 $ à 36 000 $ cette année et atteindra 45 000 $ en 2015-2016. A cela s’ajoute la mise en place «d’un chantier de travail» avec les associations étudiantes pour améliorer l’aide aux études.

Le gouvernement s’engage par ailleurs à «maintenir» la protection des étudiants contre des hausses «importantes» des frais afférents imposés par les universités. Ces frais marginaux varient grandement d’un établissement à l’autre, oscillant entre 476 $ et 1352 $.

A cet égard, Québec propose de limiter à 3 pour cent la croissance des frais afférents, soit le même taux que l’indexation annuelle des droits de scolarité.

A l’ouverture du sommet en matinée, le gouvernement est parvenu à dégager un consensus en faveur de la création du Conseil national des universités.

La proposition gouvernementale, dans son essence tout au moins, a rallié les recteurs, les étudiants, le patronat et les syndicats réunis jusqu’à mardi midi autour d’une même table.

«Vous avez vu un très large consensus s’installer rapidement sur la création du Conseil national des universités au point où on peut annoncer que le gouvernement va aller vers la création de ce conseil», a déclaré le ministre de l’Enseignement supérieur, Pierre Duchesne.

Le conseil jouera un rôle consultatif auprès du ministre et assurera entre autres une veille de l’enseignement et de la recherche. Sa composition et ses mandats précis seront définis par un groupe de travail.

La nouvelle structure suivra l’adoption d’un projet de loi-cadre sur les universités qui sera déposé à l’automne, a souligné le ministre Duchesne.

Un autre groupe de travail, composé des représentants des établissements et du ministère, sera quant à lui chargé de revoir les pratiques de reddition de comptes des universités.

En matière de financement, le gouvernement Marois promet de verser un peu plus de 1,7 milliard $ aux universités d’ici 2019 mais refuse d’annuler les coupes de 250 millions imposées au préalable aux établissements.

La formule de financement des universités sera revue par un groupe de travail et des objectifs nationaux, notamment en matière de diplomation des étudiants de première génération, seront adoptés.

Le comité de travail sera aussi chargé de suggérer «une juste contribution» des étudiants non-résidents du Québec et surtout, étudiera la possibilité de moduler les droits de scolarité selon les domaines d’étude. L’idée d’introduire une modulation des droits est défendue par le patronat et la Coalition avenir Québec (CAQ).

Mais il en aurait fallu davantage pour satisfaire le chef caquiste François Legault dont l’appel pour l’annulation des compressions dans les universités est resté sans réponse.

En point de presse, le leader caquiste a décrié l’attitude des participants qui, selon lui, n’osent pas dénoncer le sous-financement des universités.

«À part la Polytechnique, moi et un peu le patronat, personne n’a osé dire la vérité autour de la table, c’est-à-dire que nos meilleures universités ne sont plus capables d’être compétitives avec ce qui se fait le mieux dans le monde. C’est ça la vérité mais c’est une vérité cachée. On a peur de l’excellence au Québec», a pesté M. Legault, sans pour autant claquer la porte du sommet.

Dans son allocution en matinée, la première ministre Pauline Marois a invité les quelque 350 participants au sommet «à faire leur bout de chemin» pour assurer le succès de cet exercice périlleux.

«Nous avons donc une responsabilité collective envers tous les Québécois. Cette exigence transcende chacun d’entre nous, chacun dans nos intérêts. Nous avons tous ensemble une obligation de réussite, qui sera mesurée selon notre capacité d’aller de l’avant», a-t-elle fait valoir.

Mme Marois a cependant convenu qu’il ne sera pas possible d’aplanir tous les différends pendant la journée et demie de travaux du sommet.

«Cet exercice ne vise pas à tout régler en quelques heures. Nous continuerons de travailler ensemble mercredi matin», a-t-elle dit.

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