Soutenez

Québec veut faire la lumière sur les événements du printemps 2012

Le ministre de la Sécurité publique, Stéphane Bergeron, a annoncé mercredi la création d’une commission spéciale qui se penchera sur les événements du printemps 2012.

Ce sera l’ancien ministre de la Sécurité publique, Serge Ménard, qui présidera le comité. Bernard Grenier et l’ex-présidente de la CSN, Claudette Carbonneau, l’assisteront dans sa tâche. Le rapport, qui devrait être déposé le 20 décembre 2013, identifiera les facteurs qui ont mené à la détérioration du climat social lors des manifestations du printemps érable.

«Une crise sociale d’une telle envergure ne doit jamais se reproduire au Québec, a indiqué le ministre Bergeron. Nous voulons savoir ce qui a occasionné la crise, l’a alimentée et ce qui a fait en sorte qu’elle a dégénéré.»

Le comité analysera notamment le travail des forces policières, des agitateurs et des conséquences de l’utilisation des médias sociaux. La portion sur le travail policier demeurera en surface, pour ne pas interférer avec la déontologie policière.

Le ministre a aussi expliqué que le comité comparera la situation québécoise avec celle d’autres pays occidentaux. «Si manifester est un droit fondamental, le tout doit se dérouler dans le respect de l’ordre», a-t-il ajouté.

Le ministre a dit espérer que les recommandations permettront de détecter, à l’avenir, les signes avant-coureurs et les meilleures façons d’intervenir pour éviter qu’une autre crise s’envenime.

Un site internet sera en ligne le 1er juin. Les Québécois pourront y transmettre des informations pour aider le comité à rédiger ses conclusions.

Le porte-parole de l’Opposition officielle, Robert Poëti, doute de la neutralité de la commission parce qu’elle est formée d’un ex-péquiste (Ménard) et d’une ex-chef syndicale qui a appuyé logistiquement les étudiants lors des manifestations.

Le porte-parole de la CAQ en matière de Sécurité publique, Jacques Duchesneau, s’est dit déçu de l’angle de cette «demie enquête». Il déplore notamment que les témoins soient entendus à huis clos et que la commission n’ait pas de pouvoir de contrainte pour faire témoigner certaines personnes.

«Comme disait lui-même le ministre Bergeron à propos d’une autre commission: C’est «une patente à gosse» cette affaire-là», a pour sa part écrit Ami Khadir sur son compte Twitter.

Pour la Fédération étudiante collégiale du Québec (FECQ) et de la Fédération étudiante universitaire du Québec (FEUQ), les réactions sont mitigées. «Il est plus que temps qu’un groupe indépendant se penche sur la question et fasse la lumière sur ces pratiques plus que douteuses dont l’ensemble de la population québécoise a pu être témoin. Cependant, nous nous inquiétons de la large taille du mandat octroyé à la commission, qui risque de noyer le poisson», ont déclaré Mme Éliane Laberge, présidente de la FECQ et M. Antoine Genest-Grégoire, président de la FEUQ dans un communiqué.

Les deux fédérations sont aussi inquiètes du caractère privé des travaux de la commission. «Le travail à huis clos de la Commission ne permettra pas à tous de suivre, au jour le jour, les développements ainsi que d’avoir des réponses nécessaires aux questions légitimes posées par la société civile québécoise», affirme Mme Laberge.

L’Association pour une solidarité syndicale étudiante (ASSÉ) quant à elle accueille l’annonce avec déception et s’interroge sur les objectifs réels de cette commission. « Nous sommes loin de l’enquête publique et indépendante sur les agissements des forces policières, réclamée par 91 groupes issus de la société civile québécoise. Ce que nous demandons à M. Bergeron, ce n’est pas de partager ses réflexions sur les mouvements sociaux. La Commission spéciale devrait plutôt se pencher sur les actes de ceux et celles qui sont censés nous protéger», déplore Blandine Parchemal, co-porte-parole de l’ASSÉ, dans un communiqué. L’association a affirmé qu’elle continuera de réclamer une véritable enquête publique et indépendante sur les événements du printemps érable.

Articles récents du même sujet

Mon
Métro

Découvrez nos infolettres !

Le meilleur moyen de rester brancher sur les nouvelles de Montréal et votre quartier.