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L'intégrité journalistique au coeur de la campagne

ST-GEORGES DE BEAUCE, Qc – Les journalistes, qui habituellement parlent des politiciens en campagne électorale, sont actuellement ceux dont les politiciens parlent.

En plus de provoquer un véritable séisme politique, l’entrée en scène de l’actionnaire de contrôle de Québecor, Pierre Karl Péladeau, a soulevé certaines questions concernant l’objectivité de l’information.

L’enjeu est exacerbé par le fait que le candidat péquiste de la circonscription de Saint-Jérôme a déclaré qu’il avait l’intention de réintégrer éventuellement le conglomérat médiatique. Entre-temps, il aimerait placer son bloc d’actions dans une fiducie sans droit de regard, ce qui est insuffisant aux yeux des chefs de l’opposition.

François Legault a dégainé le premier. Dès dimanche matin, il a déclaré que le magnat de la presse devait se départir de son bloc d’actions. Et à chaque point de presse, depuis, il répète que la décision de Pierre Karl Péladeau place les journalistes de Québecor dans une situation «intenable».

Mardi après-midi, en point de presse, le chef de la Coalition avenir Québec (CAQ) a cependant nié qu’il remettait en question le travail des journalistes de l’empire médiatique.

«Je suis convaincu que la majorité des journalistes, même s’ils recevaient un téléphone de la direction de Québecor, résisteraient. Mais pourquoi les mettre dans une telle situation?», a-t-il répondu lorsqu’on lui a demandé s’il ne trouvait pas méprisants les propos qu’il tient au sujet des travailleurs de la boîte.

«Mais moi, je répète, je demande à Pierre Karl Péladeau de m’assurer que lui ou des membres de la direction n’ont jamais appelé des journalistes pour parler de contenu. J’aimerais ça avoir cette réponse-là», a-t-il poursuivi en marge d’une visite dans une usine de Saint-Georges de Beauce.

Son adversaire libéral, Philippe Couillard, s’est lui aussi dit préoccupé par la proximité que l’arrivée de PKP fait naître entre les sphères politique et médiatique.

«M. Péladeau dit: ‘Je ne veux pas vendre mes actions, parce que je veux redevenir le boss après la politique’. Moi, là, je m’excuse, ça ne marche plus, là», a-t-il exposé.

«Je n’ai aucun doute sur la compétence et le professionnalisme des gens qui sont dans cette salle et ailleurs, mais si le boss revient, c’est certain qu’il y a un message», a suggéré M. Couillard lors d’un point de presse s’étant tenu à Trois-Rivières en matinée.

La première ministre sortante, Pauline Marois, a reproché à ses adversaires de s’en prendre aux journalistes et à leur capacité d’effectuer leur travail dans les règles de l’art — et en respectant leur code de déontologie.

«Je trouve que c’est inadmissible qu’ils s’attaquent à l’intégrité journalistique, au professionnalisme des journalistes, qui sont tout à fait capables de respecter leur propre code (de déontologie) et de faire preuve d’objectivité», a-t-elle lancé en marge d’une annonce à Bécancour.

Dans la foulée des événements des dernières heures, le Conseil de presse du Québec (CPQ) a exhorté mardi Québecor Média à réintégrer ses rangs pour ainsi «participer au système d’autorégulation de la presse québécoise».

«De l’avis du Conseil, cette décision serait bénéfique autant pour le public québécois, que pour les journalistes œuvrant au sein des médias de Québecor ou encore pour ces médias eux-mêmes», a fait valoir l’organisation par voie de communiqué.

L’entreprise médiatique avait claqué la porte du conseil en juin 2010.

Québecor Média jugeait que certaines décisions rendues à son égard étaient incohérentes et ne souhaitait pas se faire imposer de contraintes, en plus de contester que le CPQ ait juridiction sur les blogues, a affirmé mardi le directeur des communications, Julien Acosta.

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