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Le choix du peuple

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michelvenne100 - Directeur général de l'Institut du Nouveau Monde

La volonté du peuple s’est exprimée et il reste à en prendre acte en toute sérénité. Chaque rendez-vous électoral n’est pas un rendez-vous avec l’histoire. Le retour au pouvoir des libéraux s’inscrit dans une sorte d’alternance coutumière et s’explique par quelques clés facilement déchiffrables.

Rappelons d’abord que le Parti québécois avait remporté le scrutin de 2012 par une faible marge. Il aurait suffi à Jean Charest de gagner deux sièges de plus et il serait demeuré au pouvoir.

Or, les électeurs libéraux qui avaient abandonné leur parti en 2012 sont revenus largement au bercail. Certains qui n’avaient pas voté il y a deux ans ont exercé leur droit de vote cette fois-ci, et on peut présumer qu’une partie de ceux qui avaient fui vers la CAQ sont revenus. La CAQ a perdu quelque 200 000 votes entre 2012 et 2014. Les libéraux ont retrouvé 400 000 électeurs.

Pourquoi sont-ils revenus? Certes, pour éviter de replonger dans un débat sur la souveraineté du Québec. Le poing en l’air de Pierre Karl Péladeau a contribué à cristalliser ce message.

Je suis convaincu toutefois que la menace immédiate que constituait la charte des valeurs du PQ a eu autant d’effet mobilisateur chez les libéraux que la menace plus lointaine d’un référendum. Des communautés culturelles entières se sont mobilisées uniquement pour la bloquer. Mais un grand nombre de Québécois d’ascendance canadienne-française n’en voulaient pas non plus. Les libéraux leur offraient la certitude qu’il n’y aurait pas de telle charte sous leur gouverne.

Enfin, quoi qu’on dise du financement politique et des allégations de corruption, le PLQ se présentait avec un nouveau chef et les ministres les plus visibles du gouvernement Charest avaient quitté la vie politique. En outre, les lois ont déjà changé. Les libéraux ont voté en faveur de ces changements. Bref, la chance a été donnée au coureur. Il est sous surveillance.

La victoire libérale est peut-être avant tout la résultante de la défaite péquiste. Le PQ a perdu plus de 300 000 votes de 2012 à 2014. Il y avait parmi eux de nombreux orphelins, déçus de voir triompher au sein de leur parti un courant nationaliste fermé et hostile aux étrangers ou interloqués devant un virage à 180 degrés dans les dimensions sociales de son programme: le PQ portait le carré rouge en 2012, il mettait en avant en 2014 un baron d’industrie et magnat de la presse réputé antisyndical. Beaucoup d’entre eux ont probablement boudé les urnes ou appuyé Québec solidaire, qui a gagné 60 000 électeurs entre les deux élections.

Il reste encore des leçons à tirer de ce scrutin. Pour ma part, je quitte les pages de Métro après une année de chroniques, mais je continue au sein de l’INM à participer à l’animation de la vie démocratique du Québec, dont l’élection n’est qu’un des moments. À bientôt.

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